Du 20 au 24 février, les Rencontres Internationales de l’Agriculture du Vivant sont organisées par Ver de Terre Production avec la participation du mouvement Pour une Agriculture du Vivant. Elles s’articuleront autour d’un programme de conférences sur les fondamentaux agronomiques d’un sol vivant, les pratiques agroécologiques par filières, en France et à l’étranger, mais aussi les avancées en matière de cuisine et de transformation pour respecter jusqu’à l’assiette les valeurs des produits issus des filières agroécologiques.
Les conclusions de cette première édition des Rencontres seront présentées le 24 février 2019 dans le cadre du SIMA, salon mondial des fournisseurs de l’agriculture et de l’élevage situé au Parc des expositions de Paris Nord à Villepinte.
Lieux : Cité Internationale Universitaire de Paris (20 au 23/02) & SIMA (24/02)
Publics attendus : Scientifiques, agriculteurs, restaurateurs, distributeurs, représentants de groupes agro-alimentaires
Objectifs : Échanger sur les fondamentaux agronomiques d’une agriculture sur sol vivant (agroécologie), filière par filière, avec des retours d’expériences français et mondiaux. Faire le lien avec les métiers de la restauration, de la distribution et de la transformation pour se questionner sur la conservation des valeurs d’un produit qui a poussé sur sol vivant (nutritionnelle/gustative, environnementale/écologique, économique/sociale).
Pour en savoir plus sur cet évènement.
Dans le cadre de ces rencontres, Konrad Schreiber, François Mulet et Alain Canet (Arbre et Paysage 32) de la Cellule Nationale Agronomique Sols Vivants et Fertiles nous rappellent les avantages de l'agroforesterie :
L'agroforesterie associée à la couverture des sols : des agriculteurs en campagne... pour une agriculture porteuse d'avenir !
Le sol, c’est capital ! C’est dans les sols agricoles que le stockage du carbone va avoir un effet considérable pour lutter contre le réchauffement climatique.
Des agriculteurs qui stockent durablement du carbone au service de la fertilité des sols mais aussi du climat, de l'eau, de la biodiversité, des paysages.
En de nombreux endroits du monde, les sols agricoles tombent à l'eau ! La fertilité et les fertilisants aussi. Cette destruction de l'outil de production n°1 de nos agriculteurs met en péril tant la rentabilité de leur activité que notre sécurité alimentaire.
Rivières chargées de boue, eaux souterraines chargées de nitrates, inondations ou sècheresses. Ces symptômes sont en grande partie le résultat des stratégies de gestion appliquées aux sols agricoles, et aux territoires ruraux dans leur ensemble. Et le prix à payer est immense ! Depuis les pertes de rendement et la dépendance croissante de l'agriculture à des intrants toujours plus coûteux, jusqu'aux coûts de potabilisation de l'eau qui s'envolent, en passant par les divers impacts sur la santé.
Enrayer la spirale de dégradation... et sortir de la fuite en avant...
Pourtant, nulle fatalité ! Les sols agricoles meurent d'être trop travaillés, retournés, engraissés, pulvérisés, compactés par des machines toujours plus « agressives ». Laissés nus une partie de l'année, ils subissent aussi de plein fouet les aléas climatiques divers (intempéries, soleil, gel). Outre une perte de « vitalité » (80 % de la vie sur terre se trouve en fait sous terre !) l'imperméabilisation qui en résulte « déconnecte » le sol du cycle de l'eau. Ainsi, 20 % de l'eau de pluie s'échappent directement des parcelles en ruissellement et en érosion, infligeant une « double peine » à l'agriculteur. D’autant que l’arrachage des haies et des arbres champêtres se poursuit, donnant encore plus de force à la spirale de dégradation en place. Une dégradation physique et biologique, mais aussi chimique ; ces trois aspects trouvant leur convergence dans la perte d'humus, véritable ciment organique et garde-manger du sol.
Aujourd'hui, le résultat est sans appel : en bio comme en conventionnel, le taux de matières organiques des sols travaillés est en chute libre, tout comme leur capacité à produire durablement.
La nature, qui s'obstine à couvrir les sols tous les jours de l'année, nous indique la voie à suivre. Plus le sol est couvert, plus il devient fertile et profond, et réciproquement. Une règle immuable, un processus de création de richesses renouvelables, activé par la photosynthèse.
Produire plus, mieux, et avec moins : le génie végétal comme modèle économique et environnemental : des arbres et des couverts végétaux.
Maximiser la couverture végétale, empiler les strates et diversifier les espèces pour mieux capter l'énergie solaire et la stocker dans la biomasse : voilà donc ce que l'on pourrait appeler la « clé des champs » ! Une biomasse valorisable de multiples manières, en fonction des ressources produites : alimentation, énergie (bois plaquettes ou méthanisation), matériaux de construction, bois raméaux fragmentés, bois litière, fourrage et potentiellement aussi fibre textile, substances à usage médicinal et cosmétique.
La nature tend vers l'arbre ? L'agriculture du « génie végétal » aussi ! N'est-ce pas d'ailleurs dans les forêts (jeunes) que la production de biomasse atteint des sommets sans apport extérieur d'eau, d'engrais ou de produits phyto-sanitaires ?
Ils ne sont que 5 % pour l'instant, mais devant ces constats des agriculteurs pionniers ont déjà changé de cap : cultures dérobées, semis direct sous couverts, doubles cultures, le tout associé à des ligneux de toutes tailles (arbres, arbustes etc.), des pratiques agroécologiques.
Après vingt ans de balbutiements, d'échecs, de doutes, mais aussi et surtout d'échanges et de partage, ces agriculteurs sont aujourd'hui en mesure de produire plus (en quantité et en diversité), mieux (en qualité) et avec moins (d'eau, de travail, de carburant et d'intrants). Une production qui intègre pour le même prix la protection du sol, de l'eau, de la biodiversité – dans l'aérien et dans le souterrain – et du climat.
Cette agriculture, littéralement « bio-logique » qui stocke durablement du carbone est probablement une excellente voie pour ne pas finir sur la paille. D'autant que la paille, haute si possible, a bien mieux à faire dans les champs, où elle contribue à protéger et nourrir le sol, entretenant ainsi la boucle de la vie. Celle qui active et optimise les cycles du carbone de l'azote et de l'eau, le tout en circuit court et sans le moindre frais.
Un retour sur investissement plus rapide qu'on ne pourrait le croire ! La démarche de progrès Pour une Agriculture Du Vivant est née pour amplifier ce mouvement de fond.
L’économie de l’agroforesterie repose sur une approche écosystémique, assurant une retour sur investissement à cours terme : valorisation des produits de l'arbre (qui contribuent à la diversification et donc à la résilience économique des fermes), réduction et optimisation des coûts de production (relocalisation de la fertilité, stimulation des auxiliaires et des pollinisateurs...), atténuation des variations climatiques (notamment les extrêmes) et pour la société, moins de frais de « réparation ».
Des sols protégés et nourris pour nourrir l’humanité !
Finalement, l’agriculteur opère surtout de bons calculs. Il considère l’arbre et la plante comme un intrant, et non comme un intrus. Il tente d’optimiser l’espace, de faire pousser des plantes toute l’année, de les mettre en « symbiose » et non en concurrence. Il sait aussi qu’un sol nu est vite dégradé, et il voit bien que les sols appellent les plantes les plus grandes possibles, synonymes de biomasse, de biodiversité et de stabilité ! Le calcul est très simple : avec 3 ou 4 % de la SAU octroyés à l'arbre (et aux ligneux dans leur ensemble), on peut (re)construire rapidement une agriculture à la fois productive et durable, optimisée et optimiste.