Petite parenthèse

listening-3079065_960_720.jpg

La puce à l’oreille

Le gouvernement, droit dans ses bottes,  avait choisi de rester sourd aux revendications des Gilets jaunes lors des premiers actes d’une tragédie sociale qui se déroulait pourtant sous ses yeux. Avant de multiplier les menaces, puis d’intimer l’ordre de renoncer aux manifestations et de procéder à des arrestations avec évacuations par la force.

Depuis dix-huit mois, il avait également décidé d’ignorer superbement les élus locaux.

Mais voilà que RIC -référendum d’initiative citoyenne -  et grand débat national (où les maires devraient avoir une place éminente pour recevoir les « doléances »), s’invitent maintenant dans les discussions.

Le Premier ministre, et nombre de ses collaborateurs, y sont carrément favorables.  Étonnant non ? Il y aurait presque de quoi « mettre la puce à l’oreille »…

Il s’agit d’une expression signifiant éveiller l’attention, se méfier de quelqu’un. On la rencontre au XIIIe siècle dans un sens différent, celui de charmer en « mettant la puce en l’oreille », ou d’être charmé -et donc tourmenté- en « ayant la puce en l’oreille ». La connotation pouvait être érotique, puisque l’oreille désignait le sexe féminin.

Quatre siècles plus tard, ce parasite est toujours là, mais le « en » est remplacé par le « à ». Et le sens de l’expression traduit alors une inquiétude, une agitation. Il est probable que l’idée d’avoir une puce coincée dans l’oreille, provoquant des démangeaisons, soit associée à l’habitude d’évoquer des sifflements auriculaires inquiétants lorsque, dit-on, quelqu’un parle de nous.

On peut penser que le gouvernement, qui a usé et abusé du 49.3 et des ordonnances, cherche par cette opération à remodeler les institutions pour berner les foules. Car, si référendum et grand débat sont annoncés comme la volonté, toute récente, de restaurer la confiance des Français, les faits nous rappellent qu’en 2005 un grand vote citoyen avait été organisé autour du « pour ou contre le projet de constitution européenne ». La réponse avait été majoritairement « contre ».

On connaît la suite.

Illustration Pixabay.com

Publicité
Suggestion d'articles
Suggestion d'articles