Le temps d’avant : La foire aux oies maigres
Durant des décennies, Riguepeu fut réputée pour sa foire d’automne dite aux oies maigres - Des volaillers gaveurs venant des landes ou de la Dordogne achetaient ces oies maigres qu’ils confiaient à des gaveurs pour les engraisser. La formule d’élevage et de commercialisation ayant évolué, cette foire a disparu il y a un quart de siècle jean Denis Charrié et ses coéquipiers de la pétanque ont voulu recréer cette foire dans ses moindres détails : ça fera plaisir aux vieux et les enfants y trouveront une page d’histoire vivante.
Selon les anciens du village,la foire aux oies remonterait à l’affaire des oies du Capitole. Riguepeu, bastide du XIIIeme siècle comptait un grand nombre de foires à date fixe, elles devaient être très fréquentées puisque on avait bâti une halle importante aujourd’hui transformée en terrain de basket
Les oies arrivaient des fermes à pattes
La veille de la foire on allait sur le foirail ombragé préparer les parcs avec du grillage qu’on fixait aux platanes avec des pointes.Les fermières se disputaient chacune voulant avoir la place où leurs oies seront bien en vue ;Le matin de la foire , mobilisation à la ferme, on irait à Riguepeu avec le troupeau mais « à pattes", les trajets étaient de 4 à 5 km . Avant de libérer les oies,on leur attachait autour du cou un ruban de couleur pour les reconnaître, car sur " padouen" de Riguepeu, les troupeaux arrivaient de tous les côtés, et se mélangeaient, il s’agissait de ne pas se faire échanger une belle bête par une autre maladive. Sur le trajet on trouvait parfois une mare, les oies se baignaient buvaient et on repartait, réglant le regroupement avec un long bambou, certains avaient un chien dressé pour le gardiennage des oies , il ramenait celles qui voulaient prendre la clé des champs . Après avoir enfermé son troupeau dans le parc, une éleveuse nous confiait : « on dit bête comme une oie , j’ai amené mes soixante dix oies sans encombre « Le foirail était sous une chape de bruits effrayants ,cacardement des oies, bruit d’ailes , sifflement des jars qui au passage tentaient de vous pincer les mollets .
Le marché ne débutait qu’à 13 heures ( solaires ) mais les acheteurs étaient déjà le matin et une mamie nous raconte : "Je me souviens d’un certain Baqué , volailler à l’Isle Jourdain, on l’appelait "le caid" car c’était lui qui avait la main sur ses collègues et de ce fait sur la foire. IIs déjeunaient ensemble chez madame Lassalle et organisaient les opérations d’achat de l’après midi supprimant toute concurrence .Parfois leur piège était déjoué par l’arrivée d’acheteurs landais qui lachaient quelques sous de plus ;Après la discussion sur le prix mais aussi sur le poids , la qualité de la bête , sa morphologie, les acheteurs affirmaient parfois « ce n’est pas une oie à avoir du foie » ;Le marché conclu, le volailler sortait son gros portefeuille et payait en images comme ils disaient et la fermière les glissait au fond de son tablier.
Si le marché avait été bon, on fréquentait les « bancs « : le marchand de tissu et e vêtements Pomian , le Corse qui grillait des cacahuètes, le boucher qui proposait de la tranche de veau ou de la poitrine où il taillait une grande poche pour mettre le farci . Cet achat était un luxe, on achetait rarement de la viande de boucherie. Le percepteur de Vic tenait une permanence, avec l’espoir de recevoir un montant d’impôt un jour où on avait de l’argent. Les hommes finissaient la chopine au café en faisant les bilans des récoltes, céréales, vignes, bétail on évoquait aussi les prises de chasse et le passage des palombes .