Depuis la loi du 11 février 2005, des milliers d’enfants en situation de handicap peuvent suivre une scolarité en inclusion dans les classes, via un projet personnalisé de scolarisation. La plupart des enfants concernés ayant besoin d’un accompagnement spécifique, des postes d’AVS (auxiliaires de vie scolaire) ont, depuis, été créés par l’Etat, gérés par le Pôle Emploi et l’Education Nationale.
Le nouveau gouvernement s’est engagé à redéfinir ces contrats (niveau de recrutement, formation, statut…). Or, en attendant que cela se fasse, le renouvellement des contrats actuels d’AVS (dont la plupart se terminent en cours d’année scolaire) n’est pas garanti.
Depuis quelques jours, les écoles constatent des situations très préoccupantes. De nouveaux cas de non-renouvellement de contrat sont découverts tous les jours, à quelques jours seulement de la fin des contrats, laissant les élèves, parents et écoles sans solution d’accompagnement à très court terme.
Pour exemple, actuellement dans le secteur Fleurance-Lectoure-Gimont, ce sont 210 élèves qui sont concernés par cet accompagnement. Certains ont déjà perdu leur AVS ce mois-ci, sans remplacement possible, et le nombre ne cesse d’augmenter chaque semaine.
En attendant les nouvelles directives ministérielles, Pôle Emploi refuse le renouvellement de ces contrats ou en propose de nouveaux mais sans garantir une continuité avec les contrats actuels.
Conséquences : plus d’école pour certains de ces élèves aux besoins particuliers, AVS sans emploi, des familles et des enseignants démunis devant cet état de fait, et le fonctionnement des classes totalement perturbé.
Aussi, des familles et des membres d'équipe pédagogique des écoles du Gers, très inquiets par ces mesures et le manque d'information, se mobilisent, soutenus par l'association AFEE De Gascogne (Association des Familles d'Enfants Extraordinaires).
Un aperçu de la situation ALARMANTE :
Mme Vigeon, directrice de l’école de Frégouville :
« Dans notre petite école de 61 élèves, il y a 6 élèves en situation de handicap, et autant de projets personnalisés de scolarisation. 4 AVS sont présentes à raison de 20h/semaine chacune, pour nous aider à accompagner au mieux ces enfants, aux besoins aussi divers que spécifiques. Elles connaissent bien les enfants, qu’elles suivent depuis 2 ans déjà pour certains. Leur aide est précieuse et indispensable, tant pour nous aider à veiller sur leur bien-être physique et moral, que pour les soulager dans leur métier d’élève.
Or nous venons d’apprendre que dès la semaine prochaine, l’une d’entre elles va devoir nous quitter, son contrat n’étant pas renouvelé, contrairement à ce qui lui avait été annoncé en début d’année. Les autres suivront, en Avril, puis en Mai. Aucune réponse rassurante ni solutionnant le problème nous est proposée…
Quid de leur remplacement ? Quid de la continuité pour la vie scolaire de ces enfants ? Quid du fonctionnement de nos classes en attendant les nouvelles mesures ministérielles ?
Comment annoncer à nos élèves que ces AVS qu’ils aiment, qui sont dans nos classes depuis des mois, n’ont plus le droit de continuer leurs missions parmi nous, pour des raisons financières ? Comment leur expliquer que les maîtresses vont devoir seules, pendant un temps indéterminé, gérer l’accompagnement des enfants aux besoins si particuliers, au détriment de leur disponibilité pour les autres ? Comment rester insensibles au sort professionnel de ces AVS qui se voient privées d’une reconnaissance professionnelle après plusieurs années au service de l’éducation spécialisée ?
Nous, enseignantes de l’école, sommes très inquiètes… »
Erika Laurent, parent d’élève :
« Je suis la maman de deux enfants autistes scolarisés à l’école de Frégouville, chacun accompagné par une auxiliaire de vie scolaire. C’est l’AVS de mon fils qui nous a prévenu de la non reconduction de son contrat qui avait pourtant été promise, dix jours avant la fin de celui-ci. Le contrat de l’AVS de ma fille ne sera pas non plus reconduit fin mai. Annoncer à des enfants autistes qui ne peuvent gérer les changements et les transitions sans préparation que la personne qui les accompagne tous les jours ne sera bientôt plus là les met en situation d’angoisse et compromet leur bien-être. J’ai dû annoncer la situation moi-même à mes enfants, essuyer leurs larmes et calmer leurs angoisses.
Nous avons le sentiment d’être abandonnés ; notre quotidien est déjà difficile, et devoir encore se battre pour le droit de nos enfants à la scolarité est tout simplement inhumain. »
Moïra, élève en CM2
« Je suis en colère et je me sens abandonnée parce que j’ai demandé à avoir la même AVS jusqu’à la fin du collège, et si elle s’en va je n’aurai plus de soutien. C’est très difficile de redémarrer une relation avec quelqu’un d’autre, et mon ancienne AVS va me manquer. » .
« La situation est très préoccupante et exceptionnelle par le nombre d’enfants concernés par l’absence d’AVS à très court terme, en cours d’année scolaire. En tant qu’association de familles d’enfants en situation de handicap, nous ne pouvons tolérer que ces enfants soient mis sur la touche. On constate une régression dans l’inclusion non seulement scolaire, mais de fait également au niveau de la société, dans une France qui a déjà des années de retard sur les autres pays. »
AFEE de Gascogne - http://www.afee-gascogne.org