Toussaint: souvenirs

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Où  sont   passés   les  cimetières  d’antan ?

Petit  village  accroché à  un rocher   avec  ses  maisons aux  volets  peints mais   fermés , ils   ouvriront   cet  été. Quelques   pans  de muraille, trop attachés  à cette petite  ruelle, les propriétaires   n’ont   pas  voulu   vendre, des  ronciers  aux couleurs d’automne ont  pris  possession des   murs  qui  s’effondrent .

Poussons   la porte  de  fer   du cimetière , on croit  entrer  dans  une exposition de  monuments  funéraires, on va  du mausolée  au modeste caveau. Où  sont les   tombes  d’autrefois  avec  leur  dôme de terre, une  croix   de bois  avec  le nom  et  deux dates : naissance  et  décès ? Il en reste encore  quelques unes.

Une mamie  en tablier   noir   et   un chapeau  recouvert de  tissu  est   en train de faire  autour de  la tombe   un petit  chemin  avec des  feuilles de  laurier. Au centre  de  la tombe, elle  a placé  un de ces pots  de  terre  qui contiennent  les confits, et y  a placé des fleurs : «  Je   les avais   au jardin,  à  côté  des poireaux et des tomates, c’était   pour  la Toussaint, fleurir  la  tombe  de  mon mari, un fort  brave  homme » et  elle   continue     à  nous  conter   quelques moments  vécus   à la  ferme des   ancêtres ….  « 4e  génération »  précise-t-elle.

Le petit  cimetière   s’anime,   cette  tradition   du retour   au  pays  pour y fleurir les aïeux  décédés est  bien  ancrée en  Gascogne. On   a  vendu  la ferme  ou la maison  pour   aller    finir  sa  vie  en  ville  ou  y  trouver un travail plus  intéressant  et plus  rentable. Ils   sont   une  dizaine   devant   un caveau  et s’égrènent  les  souvenirs, on  remonte même   jusqu’à   l’école, les tableaux   noirs, les maîtres qui   possédaient   une  règle de  bois    et l’utilisaient  pour  faire entrer par les doigts  les accords  des participes   passés.   « Et  Nicolas, tu te  souviens, il  était   toujours  puni   et le maître   le coiffait du bonnet d’âne, il  est parti dans le Nord,  et aujourd’hui,  il   doit   payer  l’impôt  sur la  fortune ! ».   

Le soleil  commence à se cacher  derrière  le donjon du château, on s’embrasse et  on  se  dit  à  l’année prochaine .

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