Vent de panique dans les supermarchés de l’Hexagone.
Depuis quelques jours, en lieu et place du traditionnel choix de beurre dans les frigos, des écriteaux annoncent que « le marché du beurre fait face à une pénurie de matière première sans précédent qui engendre des ruptures en magasin ».
Si cette crise était prévue depuis plusieurs mois déjà, voilà que la réalité prend forme, et l’on se demande s’il y aura de la bûche à Noël.
Alors forcément, si on en est là, c’est sûrement qu’à un moment donné, le beurre et ses producteurs ont compté pour du beurre…
Au Moyen Âge, le beurre était considéré comme un aliment réservé aux paysans, car facile à produire tout au long de l’année. Pour devenir un produit de luxe utilisé en cuisine par les gens de la haute société, il devra attendre le XVIIe siècle.
Le même sort lui sera réservé dans les expressions courantes, puisque « compter pour du beurre » renvoie à l’idée que l’on n’a aucune importance, tandis que « faire son beurre » est synonyme d’enrichissement. Quant à « mettre du beurre dans les épinards », c’est améliorer le quotidien.
De retour en grâce depuis quelque temps, le beurre supplante la margarine et finit par conquérir le monde entier pour ses qualités gustatives. Son prix, lui, a quasiment doublé par la magie de la loi de l’offre et la demande.
Mais à qui profite l’argent du beurre ? Sûrement pas aux consommateurs, qui vont devoir mettre, une fois de plus, la main à la poche. Encore moins à la crémière et aux petits producteurs, qui traversent depuis des années une crise où se mêlent directives européennes et bras de fer avec les coopératives. Ceci afin d’obtenir un revenu décent de leur activité, quand ils n’ont pas été obligés de mettre la clé sous la porte…
Il semble alors incongru de dire que l’on va aider les petits exploitants, lorsqu’il n’y a, visiblement, pas plus de soutien que « de beurre en broche ».
Retrouvez la rubrique "Petite parenthèse" sur le site de Marielle Fourcade https://www.lechoixdesmots.fr/mon-parcours/