Pour sa 1ère émission, style « table ronde à la télévision », Parlem TV a réussi son coup. Ce 26 janvier 2016, les invités avaient tous des choses intéressantes à dire. Mais on a particulièrement remarqué les paroles novatrices de Roméo N'Tamag, qui se dit « migrant permanent ». Il y avait aussi Christian Peyret, maire de Nogaro, Hélène Cussac, universitaire spécialiste de la littérature du XVIIIe siècle et des Lumières (1) et Jean-François Mignard, secrétaire général national de la Ligue des Droits de l'homme.
Hélène Cussac explique qu'au XVIIIe siècle, la notion de tolérance est indissociable du contexte religieux. Les idées de Locke sont discutées en France. Pierre Bayle parle de « l'intolérance » religieuse. De même Montesquieu dans les « Lettres persanes » et Voltaire dans le « Traité sur la tolérance » (et durant toute sa vie) ont combattu pour la tolérance. Dont l'idée a été débattue pendant tout le XVIIIe siècle. Car tolérance peut signifier souffrir des autres ce que l'on n'aime pas, ce qui est loin de la liberté. Or c'est la liberté de croyance et de pensée le cœur du problème.
Jean-François Mignard énumère les actions marquantes de la Ligue : permettre que les détenus puissent exercent leurs droits, lutter contre les discriminations et le racisme, contre la recrudescence d'atteintes aux autres et aux religions. Sans oublier la « jungle » de Calais qui peut déstabiliser notre société et l'Europe, l'état d'urgence qui limite nos libertés et mène à prendre les valeurs des terroristes.
Christian Peyret explique que son conseil municipal s'est porté volontaire pour héberger 2 familles de réfugiés et qu'il compte sur les associations pour les accueillir et les accompagner.
Pour Roméo N'Tamag, il faut lutter contre la tendance de réfléchir à la place des migrants, sans étudier le groupe-cible. C'est une grosse erreur de les « parquer » dans les grandes villes : on voit ce que cela donne dans les banlieues. Il faut que ce soit des habitants du pays, des individus, qui les reçoivent. C'est le meilleur moyen de les intégrer dans la population.
Jean-François Mignard réfute l'idée selon laquelle il vaudrait mieux s'occuper de nos SDF que des réfugiés : « Je n'ai jamais vu les gens qui disent cela s'occuper des SDF ! ». S'il n'y a pas encore de réfugiés à Nogaro, c'est à cause « de la politique de la trouille ».
Christian Peyret se dit attristé d'avoir entendu un soupir de soulagement monter de la foule quand il a annoncé - aux vœux – qu'il n'y avait pas encore de réfugiés…C'est une montée de l'égoïsme.
Roméo N'Tamag intervient : l'égoïsme est le véritable problème et aussi l'ambiance de peur créée par les médias. Quant à lui, il passe dans tous les collèges du Gers pour leur expliquer ce que sont les migrants.
Hélène Cussac réagit : l'existence des associations montre que l'égoïsme n'est pas généralisé. Par ailleurs, tolérer ne veut pas dire tout accepter, il faut savoir quelles bornes mettre à la tolérance.
Pour Jean-François Mignard, il ne faut pas « essentialiser » le migrant ou le SDF, c'est-à-dire le réduire à sa seule dimension de migrant ou de SDF.
Roméo N'Tamag explique que, pour l'Afrique noire, les frontières de l'Europe, c'est le Sud algérien. Et le Sud marocain où il a connu des « jungles » comme celle de Calais. Ce n'est pas compris par les Africains qui avaient l'habitude de changer de région et de pays quand il ya avait famines ou guerre dans le leur : ce n'est plus possible. « Moi, je me considère comme un migrant, car je veux aller où je veux ! ». Il faut laisser les migrants être acteurs de leur propre développement, donc étudier ce qu'ils proposent.
Ensuite, il ya eu des échanges avec la salle. On pourra retrouver la vidéo de l'émission et aussi la commenter en allant sur le site de Parlem TV : http://parlemtv.fr/spip.php?article143
Michel Coulardeau, président de Parlem TV a présenté celle-ci ainsi que l'émission. Il a expliqué que la web télé projette d'organiser 3 ou 4 émissions par an, qui seront ensuite visibles sur le site Internet. Équipe technique et tenue de l’émission : animation : Sabine Soudin, Michel Coulardeau ; salle: Léa Kuntz, Pierre Granier ; images : Michel Gauthier, Gilles Dréanic, Jacky Tujagues, Jean-Luc Galvan ; son : Yves Imbert ; montage : Jean-Luc Galvan.
(1) Président de l'Association des refoulés d’Afrique centrale au Mali (2) Trésorière de la Société française pour l’étude du XVIIIe siècle.