Retour sur le concert d'automne à Luzanet des Amis de la chapelle de Luzanet :
Faustine avait déjà été claire : le stage d’art lyrique amateur se terminait ici et comme une épreuve de grand oral devant notre public déjà aguerri aux expressions des meilleurs ensembles de musique ancienne, il traduirait la passion pour la voix mais aussi l’exigence qu’elle demandait.
Le programme éclectique donnait déjà le ton de l’engagement : Purcell, Bach, Haendel, Schubert, Mozart, Wagner et Fauré entre autres airs, choisis pour la précision mélodique autant que pour peut-être la beauté des timbres qu’ils auraient à offrir. Ni chœurs, ni costumes ni musiques : seuls avec le piano. Amateurs manquant de ressources, s’abstenir ! Nos six valeureux protagonistes finalistes attendraient le verdict : Eros ou Thanatos ?
Le premier air de Purcell donna tout de suite le ton. De l’étonnante agilité vocale de Raphaël ressortait une intensité des aigus propre aux sopranes avec en plus un raffinement pour en marquer toute la personnalité. Puis Joséphine, soprane appliquée et tendue nous offrit un air de JS Bach, plus tard elle retrouva dans l’air de la comtesse tout son naturel et sa délicatesse.
Se sont succédé ainsi pour des airs souvent difficiles et dans cet exercice semblable à un récital de virtuosité requise, Carole, mezzo épanouie et inspirée, au timbre envoutant, Jean Paul dont la prestance de la voix sur lied de Schubert nous faisait oublier ses tempes blanchies avant d’interpréter avec son comparse Jacques un air de Mendelssohn puis de nous offrir toute l’ émotion d’ une mélodie de Duparc.
Puis revint Raphaël avec sa voix qu’il sait charmeuse pour le clair de lune de Fauré. Il y eut aussi Faustine, soprane en duo avec Carole dont la profondeur troublante de la voix lui permit de se lancer dans un des rares lied de Wagner qu’il reprit plus tard pour Tristan.
Quelle heureuse fin de stage que David Lauer autant musicien que pédagogue, aura proposé aux mélomanes de Luzanet tous conquis par ces moments faits de témérité et de passion pour ces prestations courageuses, seuls près du piano que Véronique tentait de rendre le plus proche et bienveillant .
Sans conteste : Eros vainqueur à l’applaudimètre dans notre bel écrin qui fut en ce dimanche tout au service de l’Art lyrique et redevable à l’Ensemble Accord et Ames et à son infatigable chef de chœurs. A la sortie, l’air était doux, le vin frais et les visages souriants, rendez vous fut pris pour un prochain concert.
Alain Lalanne