Mardi prochain, c'est Mardi Gras, période de Carnaval et des défilés costumés.
Me revient en mémoire à cette occasion, un autre type de défilé ou plutôt de manifestation très similaire au Carnaval mais qui s'en distingue en ce qu'il n'était pas lié au calendrier et pouvait avoir lieu à tout moment de l'année, le charivari.
Revenons sur nos pas :
Le charivari était une manifestation organisée devant la porte des personnes dont on considérait le comportement répréhensible ou contraire à l’usage.
Un groupe se mobilisait avec des instruments de musique les plus bruyants possible, des crécelles, des cors de chasse mais aussi avec des casseroles, des marmites et donnait l’aubade devant la maison des « coupables ».
On s’en prenait à la personne âgée qui s’était amourachée d’une jeunette, aux veufs ou veuves qui se remariaient selon une formule « à leur retour du cimetière ».
On brisait aussi sur le seuil d'une maison d’une manière symbolique un pot de terre pour signifier que la virginité de la nouvelle épouse était quelque peu fêlée.
Une autre coutume concernait l’adultère : on reliait par un tracé de plumes ou d’haricots charançonnés les demeures des deux amants ; pour la population, ce n’était pas une découverte car les relations étaient connues !
Certains charivaris pouvaient tourner au drame car les fusils sortaient des étuis mais les acteurs de cette coutume savaient où étaient les abris.
A maintes reprises, l’Église avait tenté d’en faire disparaître la coutume, les autorités menaçaient de punir les auteurs par des amendes mais rien n’y faisait.
Parfois, les gens apprenaient qu’il se préparait pour eux un charivari et ils devançaient l’opération en invitant le groupe qui était bien connu à un repas bien arrosé ; les musiciens d’un soir rayaient l’intéressé de la programmation de la soirée.
Bientôt, certains auteurs de charivari en vInrent à tarifier le désir de tranquillité et il fallait payer pour ne pas subir la honte de d'un terrible charivari devant sa porte !
Par extension, le mot désigne un tumulte réprobateur en particulier la réprobation marquée par le public devant une pièce de théâtre, un concert, considérés comme mauvais mais aussi un bruit excessif et discordant.
A noter que Le Charivari est un aussi le nom d'un journal français, premier quotidien illustré satirique qui parut de 1832 à 1937.
Fondé le 1er décembre 1832 comme un journal d'opposition républicaine à la monarchie de Juillet, le journal satirique à vocation distractive s'affirma au cours de son histoire tantôt radical, conservateur, républicain ou encore anti-clérical.
Pierre DUPOUY
Illustration : Le charivari donné au mari battu par sa femme, L'Illustration, 1884 - Domaine public