Mardi dernier, Cine Qua Non avait organisé une soirée ciné-débat à l'occasion de la 21e édition de la journée de lutte contre la peine de mort autour du documentaire Sept hivers à Téhéran en présence des groupes locaux d'Amnesty International, de l'ACAT (Action des Chrétiens pour l'Abolition de la Torture) et de la Ligue des Droits de l'Homme.
Une exposition d'Amnesty International avait été installée dans le hall du cinéma la semaine précédente.
Bernard Debord, journaliste et ancien rédacteur en chef du magazine mensuel d'Amnesty International a lu en préambule ce texte :
« La peine de mort est nécessaire dites-vous.
Je veux prouver premièrement que la peine de mort est essentiellement injuste, deuxièmement qu'elle multiplie les crimes beaucoup plus qu'elle ne ne les prévient.
Ecoutez la voix de la justice et de la raison, elle vous crie que les jugements humains ne sont jamais assez certains pour que la société puisse donner la mort à un homme condamné par d'autres hommes sujets à l'erreur.
Je conclus à ce que la peine de mort soit abrojée. »
Ce texte est le discours prononcé le 30 mai 1791 devant l'assemblée constituante par un certain Robespierre.
Comme l'a commenté Bernard Debord, cette citation a pour but de montrer que rien n'est irréversible dans ce domaine et que le combat pour l'abolition est un combat qui reste d'actualité.
Cathy Fourcade, membre du groupe gersois d'Amnesty International, a précisé que la soirée était dédiée à Narjes Mohammadi, journaliste iranienne militante iranienne, actuellement incarcérée, qui a reçu le prix Nobel de la paix pour son combat pour les femmes.
Le documentaire d’une grande force se regarde comme un fiction faite à partir d’extraits d’archives et de vidéos familiale : en 2007 à Téhéran, Reyhaneh Jabbari, 19 ans, poignarde l’homme sur le point de la violer. Elle est accusée de meurtre et condamnée à mort. A partir d’images filmées clandestinement, Sept hivers à Téhéran montre le combat de la famille pour tenter de sauver Reyhaneh, devenue symbole de la lutte pour les droits des femmes en Iran.
Avant de lancer les débats, Bernard Debord a lu la liste longue des crimes passibles de la peine de mort en Iran.
Il a ensuite donné quelques chiffres qui permettent d'espérer en matière de lutte contre la peine de mort.
Aujourd'hui dans le monde 144 pays ont aboli la peine capitale en droit ou en pratique.
55 pays la maintiennent et la pratiquent, 22 ont eu lieu en 2022.
Ces chiffres attestent un immense progrès par rapport à 20 ou 30 ans.
Mais le constat est mitigé : parmi les pays dans lesquels la peine de mort est encore pratiquée, on trouve les pays les plus peuplés du monde, c'est-à-dire la majeure partie de l'humanité, des pays parmi lesquels des démocraties comme les Etats-Unis, le Japon, l'Inde.
L'Iran quant à lui est le premier pays du monde en matière d' exécutions capitales.
Les échanges dans la salle ont ensuite permis d'aborder la question des leviers pour lutter contre la peine de mort, des difficultés pour les ONG d'engager le dialogue dans certains pays qui bien qu'ayant aboli la peine de mort pratiquent des exécutions extra-judiciaires, du problème de la situation des femmes dans des pays comme l'Iran, de la grande qualité du film aussi...
Des échanges riches et intenses.
Pour terminer, Bernard Debord a cité Mohandas Gandhi « Œil pour œil rendra le monde aveugle », une citation particulièrement adaptée au documentaire qui dénonce l'horreur de la loi du talion.