Tous les lycéens de la section d'enseignement général sont venus ce vendredi matin 11 décembre au cinéma-théâtre. Ils sont venus rencontrer la romancière Carole Zalberg, présidente du jury des élèves qui élira en mai 2016 le lauréat du Prix littéraire « Jeune mousquetaire du premier roman ». Et prendre connaissance de la sélection des premiers romans en lice pour ce Prix. Éric Busson, le professeur de lettres à l'initiative de cette opération (1), les invite tous à rejoindre le jury.
« Off course », seuls ceux qui le souhaitent font partie du jury, avec des camarades des lycées de Mirande, de Condom, de Lectoure et de Valence (Espagne). On se souvient qu'en fait, cette élection a pris de l'importance au cours de ses dix années d'existence et qu'elle a débouché sur « les Rencontres littéraires de Nogaro ». Une dizaine d'auteurs sont invités et les lycéens discutent avec eux pendant toute une journée : ce sera le vendredi 20 mai 2016 à la salle d'animation.
La nouvelle sélection - Le 11 décembre, Ophélie, la présidente de la junior-association « Un livre dans la poche », qui organise le Prix, présente donc la sélection en général, puis des lycéens viennent parler des cinq romans en lice : ce sont « Les haines en moins » d'Éric Le Guilloux (Daphnis et Chloé), « Les échoués » de Pascal Manoukian (Don Quichotte), « Today, we live » d'Emmanuelle Pirotte (Cherche-Midi), « Quelque part avant l'enfer » de Niko Tackian (Scrineo) et « Appartenir » de Séverine Werba (Fayard). Éric Busson précise : les romans choisis ne sont pas trop épais, leur auteur et leur éditeur habitent en France. Enfin chaque roman est lu au moins trois fois et il estime que les sélections sont de plus en plus belles. Les livres seront tous prêtables en différents lieux de Nogaro.
Carole Zalberg répond sans détour - Ensuite, Carole Zalberg a volontiers et longuement répondu aux nombreuses questions de l'assistance. Elle a insisté sur l'importance qu'elle attache à une langue parfaite, corrigeant sans cesse ses textes jusqu'à ce qu'ils soient parfaits, à son idée. Elle éprouve un plaisir physique à manier la langue. Elle travaille avec un éditeur, à condition qu'il aime ce qu'elle fait, sinon, elle va voir ailleurs.
Dans ses romans, elle s'inspire de certains faits et elle réinvente toujours une histoire. Même pour l'odyssée dramatique que sa mère a vécu petite fille et a fini par lui raconter. Cette histoire a obsédé Carole Zalberg, surtout à partir du moment où elle a eu elle-même des enfants. À qui elle voulait transmettre l'histoire de leur grand-mère, elle qui n'en avait pas eu. Pour l'écrire, il lui a fallu un an-et-demi de réflexion et six mois d'écriture.
Elle aime beaucoup le milieu scolaire, où elle fait régulièrement des interventions en « résidence d'artiste » (2). En contrepartie elle y trouve du temps pour écrire.
Une histoire de romancière - Elle a commencé à écrire à 9 ans, mais cela lui était indispensable bien avant : elle racontait son histoire à la 3e personne. Elle vient de terminer un livre et elle a un grand projet : l'histoire – à base réelle mais réinventée – de trois cousins partis vivre en Israël dans les années cinquante.
Comment fait-elle pour avoir le ton juste en faisant parler et/ou penser des enfants ? C'est le propre de l'écrivain de pouvoir représenter tout être humain à tout âge : « Il suffit d'aller chercher en soi ». Non, les hommes ne sont pas en retrait dans ses romans ! Ils ont souvent un poids important et un rôle décisif. Non, encore, elle ne transmet pas de message…Ce qu'elle veut, c'est parler des gens et décrire leur trajectoire.
Par ailleurs, au sein de la Société des gens-de-lettres, elle lit beaucoup de premiers romans et discute avec les jeunes auteurs. Elle note que 1 % seulement des écrivains vivent de leur plume. Pour elle, qui vit avec un époux qui gagne sa vie, elle ne fait plus qu'écrire et intervenir en résidence d'artiste.
(1) Devenue la plus importante manifestation littéraire du Gers. (2) la résidence d'artiste est l'octroi temporaire, par une institution publique ou privée, d'un espace à un artiste afin de favoriser sa création et son exposition.