La Banda des Kanar ou les mousquetaires de la joie

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Cette édition de Pentecôtavic 2023 a connu un grand succès avec la présence de 46 000 festayres. Vic est bien la ville de la joie.

On le faisait savoir autrefois par un panneau « Vic, capitale du commerce et de la joie » L'un des qualificatifs n'est peut-être plus d'actualité mais le second demeure toujours.

La preuve, des milliers de personnes se précipitent pour venir faire la fête à Vic-Fezensac.

Dans les années 50, la ville eut ses ambassadeurs de la joie, la fameuse banda emblématique de la ville, les Kanar menée par Lou Bon, Louis Cazaubon.

Une banda internationale sollicitée au-delà des frontières !

Sa naissance est une longue histoire de plaisantins, de gais lurons capables d'animer toute une population.

La banda les Kanar est née un matin d'une Pentecôte 1950.

A l'époque, il était de tradition de décorer les rues sur un thème. La rue Victor Hugo avait choisi le thème du cirque et devant le magasin de Louis Cazaubon « Le Vic Oie », on avait tracé un cercle de sciure. Paul Guin fit appel à des musiciens du quartier pour l'animer.

Tous étaient déguisés. La manifestation attira du monde au point d'attiser le mécontentement de Jean Mothe alors président du comité des fêtes contrarié de voir sa matinée officielle se déplacer peu à peu vers ce centre d'amusement qu'était le cirque de la rue Victor Hugo.

Il faut savoir qu'à ce moment-là, on organisait le matin une cérémonie humoristique pour accueillir un personnage « célèbre » sur la place de la mairie.

Tout rentra dans l'ordre quand l'après-midi les clowns musiciens regagnèrent le char de l'Harmonie qui figurait dans le corso de Pentecôte.

Les Kanar étaient nés. Leur nom n'avait rien à voir avec le célèbre palmipède mais avait été inspiré par un morceau de musique déniché par Paul Guin.

En 1951, le groupe doubla ses éléments.

Les Kanar avaient leur répertoire notamment le morceau qui avait donné son nom à leur banda mais aussi Tristane une valse.

Le groupe était animé par l'extraordinaire Lou Bon -Louis Cazaubon- , accompagné de son inséparable chien noir dont la queue en panache était garnie d'un bouquet de roses rouges.

Leur première sortie nationale eut lieu en Lot et Garonne à bord d'un antique car conduit par Basignan, un autre personnage vicois.

Ce fut un triomphe et le départ d'une carrière extraordinaire dans les plus grandes villes de France.

Lors de la Madeleine 1973 à Mont de Marsan, ils reçurent l'aubade des Armagnacs sous la baguette d'Espéron et les Kanar pour les remercier leur lancèrent leurs coiffures en trophées.

A Béziers, la banda Kanar figurait sur les affiches en aussi gros titre que les cartels des corridas.

Une année, ils furent invités à venir saluer au centre du ruedo comme un maestro ayant exécuté une faena au sommet.

17 000 spectateurs applaudissaient debout.

Durant les 12 jours de contrat sur la côte biterroise, les Kanar furent invités à se produire dans un camp de nudistes voisin.

On raconte que deux Kanar y perdirent leur plumage...

Il y eut Paris, Perpignan, Nice, Marseille, Biarritz, Limoges...

On dépassa les frontières avec Pampelune, les Baléares et le carnaval d'Athènes.

Chaque fois, c'était un énorme succès !

Des personnages hauts en couleur ont marqué la banda dont Bercou alerte octogénaire qui défilait en tête avec sa grosse caisse.

Et bien sûr Lou Bon Louis Cazaubon qui avec son collier muni de grelots était la figure de proue de la banda.

Celui-ci abandonnait alors son laboratoire de charcuterie malgré les invectives de son épouse  Jeannette.

Il était celui qui mobilisait les foules autour de son groupe de musiciens, cela dans des tenues peu discrètes !

On se souvient de la barboteuse du plus beau rose ou bleu, tenue dans laquelle il accueillit un de ses amis de captivité devenu ambassadeur d'Autriche.

Ce dernier ne fut pas tellement étonné de le retrouver en amuseur public car dans les stalags, il avait bien souvent redonné le moral à ses codétenus.

Bourg-Saint-Maurice fut sa dernière grande sortie dont il rentra avec de forts bourdonnements d'oreilles. La faculté lui conseilla de poser les grelots, ce qu'il fit sauf pour quelques Pentecôte !

La banda fêta ses 50 ans lors du festival de bandas de  Condom en 2000.

Même si elle n'existe plus aujourd'hui, elle est toujours bien présente dans la mémoire vicoise et restera inégalée comme ambassadrice de la bonne humeur, de la farce et de l'amitié.

Pierre DUPOUY

Photo : la banda Kanar sur l'esplanade Riquet à Béziers avec au centre du rond Lou Bon ( photo Sud-Ouest Pierre Dupouy )

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