Nous avons présenté Françoise Vignet en septembre 2019 aux lecteurs du Journal du Gers (1). À l'époque, sa poésie était surtout inspirée par la vie et la nature environnante. Et – c'est le mot d'un Béotien – avant de connaître ses poèmes, nous étions pleins de préjugés sur la poésie contemporaine, comme celle de René Char, trop hermétique à notre goût.
C'est donc avec surprise que nous avons découvert la poésie de Françoise Vignet, parfaitement compréhensible, sobre et ciselée.
Un bouleversement dans la vie et dans l'inspiration
Au lieu des choses de la nature, Françoise Vignet chante la douleur de l'absence de son époux, Claude Gagnoulet, décédé à la fin de 2019, avec lequel elle partageait, entre autres choses, de nombreux voyages en Asie, notamment au Tibet. Elle la chante avec la nature ou sans elle, toujours avec sobriété :
Mais l'un et l'autre le savaient, l'un s'envolerait, l'autre, non
Pour la première fois, le Voyage les séparait (2)
Et aussi :
Me voici sur le chemin de crête – le regard sur chaque versant,
celui des morts ou tu es allé, celui des vivants où je suis restée
Sensation d'étrangeté (2)
Et pourtant, ce poète nous dit : « Je ne sais pas bien dire la souffrance ».
Un « entre-deux à traverser »
C'est ainsi que Françoise envisage sa vie actuelle : d'un versant à l'autre, de la mort de son époux à la sienne propre. L'aquarelle du funambule (voir ci-dessous) procède de la même inspiration.
Cependant, « même l'unijambiste s'habitue à être unijambiste, mais il a toujours mal à sa jambe coupée », nous dit ce poéte. Par ailleurs, on sait que les artistes, qu'ils soient poètes, romanciers, peintres ou musiciens subliment leurs émotions en créant des œuvres.
Et c'est ce qui se passe avec Le Sabot de Vénus. Mais on découvre maintenant qu'une autre source d'inspiration se fait jour. Il s'agit d'un travail en commun avec Claudine Goux, aquarelliste, qui a déjà illustré le Bestiaire. Dans ce dernier ouvrage, c'est le poète qui est inspiré par l'aquarelliste, mais il y a un dialogue entre les deux artistes. Dans un travail en préparation - un livre d'artiste à exemplaire unique - dont nous ignorons encore le titre, il y a aussi ce dialogue : le poète propose un vers et l'aquarelliste l'illustre, puis, éventuellement, le poète développe le vers d'origine. On peut voir à quoi cela ressemble sur les photos ci-joint.
Malgré tout, Françoise Vignet continue de s'occuper de sa lettre gratuite sur Internet (Vous prendrez bien un poème), où elle publie d'autres auteurs (3) et qui a du succès.
(1) [https://lejournaldugers.fr/article/37335-francoise-vignet-poete-a-averon-bergelle]. (2) Extrait de l'ouvrage Le sabot de Vénus de Françoise Vignet Éditions Alcyone – Collection Surya) 15 euros. (3) Site de la lettre [https://www.recoursaupoeme.fr/la-lettre-mail-vous-prendrez-bien-un-poeme/]. Pour s'inscrire [mailto:[email protected]].
N.B. - Sur la photo du haut de page : Françoise Vignet à son stand du "Petit marché des artistes et artisans à Aignan le 20.11.2022.