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Lundi 20 juin 2022, lors de la 1re des Journées ampélographiques de Plaimont, au chai expérimental tout neuf, c'est Laurent Audeguin (directeur Recherche et Innovation de l'Institut français du vin), qui prend la parole pour présenter le panorama des dernières connaissances sur le matériel végétal (la vigne). Il apporte une somme considérable d'informations, dont nous ne pouvons donner que les principales, dans les principaux domaines (2).
Laurent Audeguin
La réglementation
En France, une procédure dite de Variété d'intérêt à fin d'adaptation est en place pour tester pendant 10 ans, dans des parcelles spécifiques, certaines variétés susceptibles de permettre « l’adaptation au dérèglement climatique, la réduction des intrants, l’adaptation aux politiques de santé publique et l’adaptation au dépérissement de la vigne ». Ces variétés, nouvelles ou anciennes, permettraient de conserver l'AOP. Avec un maximum d'encépagement de 5 % dans l'exploitation et 10 % dans les assemblages de vins AOP.
Des demandes sont en cours pour intégrer dans l'Organisation commune du marché vitivinicole (OCM) de nouvelles variétés résistantes, comme le Voltis (en Champagne), l'Artaban et le Vidoc (rouges), le Floréal, le Voltis, le Sauvignac et le Sauvignier gris (blancs) dans le Bordelais. On ne connaît pas les qualités autres que la résistance de ces variétés.
Depuis 2006, 41 variétés secondaires ont été inscrites, dont le tardif N. Ainsi que 29 variétés étrangères.
Observations
Le conférencier note qu'un dynamisme incontestable existe depuis 15 ans. Avec les chercheurs partenaires d'autres pays. Le maintien du patrimoine viticole français dépend de ce dynamisme. De nouveaux partenaires apparaissent, comme la Géorgie et l'Arménie.
Les porte-greffes ne sont pas oubliés
12 porte-greffes ont été testés sur leur adaptation au changement climatique. 5 institutions françaises sont citées : le Comité interprofessionnel des vins de Champagne, l'Institut français du vin au Grau-du-Roi, la Chambre d'agriculture de l'Aude, l'Institut de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (INRAE) avec Bodeaux Sciences Ag (BSA) et le Conservatoire du vignoble charentais.
L'INRAE et BSA ont mis en place le dispositif expérimental Greff'Adapt pour 55 porte-greffes dont 25 étrangers qui sont étudiés de manière approfondie.
Résistance aux maladies : stratégie française
Pour obtenir des variétés durablement résistantes à l'oïdium et au mildiou, la stratégie française consiste à combiner des gènes de résistance, c'est-à-dire de les « pyramider », pour éviter qu'un gène soit « contourné » en 2 ou 3 ans.
Ce sont les programmes ResDur et UMT Géno Vigne. « L’Unité Mixte Technologique UMT Geno-Vigne3 s’inscrit dans le contexte de réduction des intrants phytosanitaires, de changement climatique et de son impact sur la viticulture désormais avéré, du développement en Europe de maladies émergentes (maladie de Pierce, Red Blotch Virus, Grapevine Pinot gris Virus), de l’évolution de la demande du consommateur vers des produits à teneur réduite en sucre, riches en polyphénols et aromatiques (jus de raisin), ou encore à teneur réduite en alcool (vin). Tiré de (https://www.vignevin.com/umt-rmt/geno-vigne/) ».
Outre l'Artaban, le Floréal, le Voltis, le Vidoc du projet Resdur 1, il y a maintenant les variétés de Resdur 2 : rouges :le Coliris, le Lilaro, le Sirano et blanc : l'Opalor et le Sélénor.
Création de variétés résistantes à typicité régionale
Il y a des travaux dans toute la France, notamment pour les grands cépages du piémont pyrénéen que sont le tannat, le gros manseng et le colombard (1).
Laurent Audeguin est très prudent : « on ne va pas créer un tannat résistant, on va s'en rapprocher », dit-il. Et encore : « il n'y a pas de solution unique, pas de garantie de succès, on fait un pari sur l'avenir ».
Les scientifiques portent « une attention particulière » aux maladies annexes (comme le Black rot), aux événements annuels répétitifs (phénologie) et aux stress abiotiques (événements brutaux et imprévus).
Éclairage sur les travaux internationaux
Avec l'exemple des États-Unis et de l'Australie, le conférencier donne des informations sur les recherches à l'étranger : 9 Universités aux États-Unis travaillent à la résistance au froid et aux maladies, au botrytis et à la pourriture acide. Elles ont obtenu 5 résultats intéressants : des variétés résistantes à la maladie de Pierce (Camminante noir, Passeante noir, errante noir, Ambulo blanc, Caminante blanc).
En Australie, 3 structures travaillent sur la résistance aux maladies.
L'adoption de ces variétés nouvelles par la profession
Elle dépend du rapport entre les risques encourus et les profits attendus.
Les scientifiques espèrent gagner du temps dans la création de ces nouvelles variétés grâce à la sélection génomique : programmes Martell (cognac) et EDGARR (rosés). L'édition de génomes permet de créer de nouvelles variétés chez les plantes.
Ces nouvelles techniques de sélection des plantes (New Breeding Techniques – NBT) font l'objet de demandes de modification de la réglementation au niveau de l'Union européenne.
(1) Voir à ce sujet (https://lejournaldugers.fr/article/57888-gasconideos-creer-des-plants-de-vigne-alliant-resistance-et-typicite-gasconne). (2) Voir le compte rendu de la conférence de Thierry Lacombe sur la domestication de la lambrusque (https://lejournaldugers.fr/article/58479-i-des-experts-de-la-vigne-aux-journees-ampelographiques-de-plaimont)
