Dans sa dernière livraison, ce bulletin fait la part belle à l’Astarac avec plusieurs contributions qui raviront les amateurs d’histoire locale de cette micro-région dont quatre sont ici résumées.
C’est d’abord Nicolas Guinaudeau qui présente un nouveau point de situation basé sur les récentes découvertes archéologiques au sujet des mottes castrales qui constellent l’Astarac et ses marges et qu’il évalue aujourd’hui à plus d’une centaine. Ces vestiges de fortifications apparues à partir des Xè-XIe siècles représentent le premier réseau castral qui génèrera les regroupements initiaux de populations. On appréciera la cartographie qui présente le périmètre évolutif du comté d’Astarac au fil du temps.
Jacques Couzinet livre une étude fouillée sur le porc de la race de Miélan, vecteur du brillant développement économique de cette ancienne bastide aux XIXe et XXe siècles grâce au commerce des porcelets, qui périclita en concurrence avec Trie-sur-Baïse au sortir de la Seconde Guerre mondiale avant de disparaître. Il rend hommage aux deux promoteurs de ce succès économique : l’homme politique local Jean-Marie Sénac et le technicien, du cru lui aussi, Edouard Bernès-Lasserre. De nombreuses illustrations agrémentent ce travail sur cette véritable odyssée économique restée mythique.
Jacques Lapart s’attarde sur la récente découverte en 2017, grâce à l’intervention de la DRAC-Occitanie, de peintures murales dans l’église priorale de Sainte Dode (établissement fondé avant 1304), peintures qu’on date du XVe siècle et qui étaient recouvertes par un décor naïf du XVIIIe. La présence de ces plus anciennes fresques avait été détectée par sondages en 1995 : elles représentent le martyr d’une jeune femme par flagellation puis décapitation qui ne peut donc être que Dode refusant de renier sa foi. Un nouveau programme est annoncé visant, entre autres travaux, à restaurer ces peintures.
Bernard Magnat s’intéresse - pour les démystifier - à des légendes de la région de Miélan, liées au passage dans le Gers en 1848 de l’émir Abd El Kader, vaincu après 17 ans de résistance à la conquête de l’Algérie française lequel, accompagné d’une suite de 120 personnes, regagne Pau pour y vivre une partie de sa captivité. Une première légende fait état d’une nuit passée dans une ferme de la route impériale à Laas, entre Mirande et Miélan que la chronologie officielle du déplacement met à mal sans parler des impossibilités logistiques. L’autre légende prétend que le noble personnage aurait pris une collation à Laguian-Mazous et qu’en échange, il aurait offert un de ses manteaux richement brodés, aujourd’hui entreposé dans la sacristie de l’église paroissiale. L’auteur démontre le caractère hautement improbable de cet arrêt que rien ne justifiait et révèle que le vêtement en question n’est autre qu’une chape ecclésiastique catholique brodée de l’Agneau de Dieu !
On peut se procurer le Bulletin n° 443 du 1er trimestre 2022 auprès de la Société archéologique et historique du Gers 13, place Salluste du Bartas à Auch (Tel 05.62.05.39 lundi et mercredi après-midi) au prix de 10 euros.