Une centenaire, entourée d'une belle famille et de nombreux amis

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Mercédès Nastuzzi, bon pied non oeil,

Mercedes est née le 31 mars 1922 en Catalogne, en Espagne. Adolescente, elle a connu la guerre civile espagnole et a dû quitter son pays, avec sa famille, après la chute de la République.

Lors de l'exode en France en février 1939, elle n'a pas tout à fait 17 ans. Les hommes seront dirigés vers des camps; les femmes et les enfants étaient conduits en train ou en bus vers diverses destinations où des possibilités d'hébergement existaient. Pour Mercedes, ce fut Auch, puis le village de Nougaroulet.

Après le temps de la quarantaine obligatoire, Mercedes a pu partir travailler. Malgré son jeune âge son premier emploi fut dans une ferme (Les Crabettes) dans le village voisin de Montaut les Creneaux. C'est donc le Maire de Montaut qui lui remit sa première carte de travail.

Après divers emplois dans d'autres communes (Crastes, Nougaroulet), Mercedes, jeune épouse de Valerio se retrouve sur la commune de Montaut les Creneaux où avec peu de moyens, ils prirent une propriété en fermage (La Bourdette). Elle y a découvert le travail de la terre, elle y a rencontré l'amour, elle y a fondé une famille.

Elle s'y est fait tout un réseau d'amis fidèles,   et, plus tard elle s'est investie dans la vie culturelle et sociale de son village, notamment au sein du club du troisième âge (organisation des lotos, voyages…) et pendant quelques années à la chorale.

Malgré tous ces travaux (élevage de bovins avec concours et médailles, élevage de volailles, pèle porc pour toute la famille dont Valerio était un charcutier hors pair) ils trouvaient des moments de distraction. Le dimanche rares étaient les sorties mais elle allait nager sous le pont de Pavie alors qu'à l'époque peu de personnes savaient nager et Valerio sa passion était le basket. Ils leur arrivait d'aller à des concerts à Toulouse.

Ils ont pu, avec leur dynamisme et leur travail payer des études à leurs filles Geneviève et Myriam à Toulouse. Fiers ils étaient de leurs belles situations, car peu de jeunes faisaient  alors leurs études à Toulouse. 

Mercedes ne prenait jamais de temps libre. C'est un exemple d'adaptation réussie : en Espagne, elle a avait mené une vie plutôt facile et agréable, dans un bourg au bord de la mer, pratiquant la natation en toute saison, allant au concert ou au cinéma. Fréquentant l'école tenue par des religieuses où les jeunes filles apprenaient les arts « féminins » (broderie, couture, crochet…) puis des cours privés lorsque les écoles religieuses furent fermées par la République. Cette éducation ne l'empêcha pas de militer contre le franquisme, à partir du coup d'Etat de juillet 1936.

Au cours de sa vie, elle a eu trois nationalités différentes : espagnole par sa naissance, italienne par son mariage avec Valerio puis française par naturalisation.

Arrivée en France,  elle s'adapta à sa nouvelle condition, supporta courageusement son déclassement, apprit le français, les travaux de la terre, cultiver les légumes, gaver les canards, faire les foins, faire vêler les vaches ou conduire le tracteur, broder les trousseaux pour les futurs époux, faire les robes aux filles...

A la retraite ils s'installent dans leur maison du village. Mercedes n'a pas de temps libre (broderie, couture, cuisine, lecture, jardin. Leur maison était toujours ouverte Mercedes et Valerio étaient toujours prêts à nous recevoir mais surtout à nous raconter leur jeunesse qui fut difficile mais avec beaucoup de courage et de persévérance afin d'embellir l'avenir.  Toutes leurs anecdotes racontées et différentes nous les vivions au fur et à mesure de leur récit.

A 90 ans on trouvait Mercedes sur son canapé, jambe sous les fesses, sans lunettes en train de broder. Extraordinaire. Et n'oublions pas les grands paniers de merveilles apportés à Buguet lors des feux de la Saint Jean, 

En mars 2016, Valerio et Mercedes ont quitté le Gers, pour emmenagé dans la banlieue de Pau près d'une de leur fille non sans un pincement au coeur.

A cent ans, dans son petit logement  elle brode, tricote et crochète encore, lit toujours toutes sortes de livres et réussit tout autant la paella que les raviolis ou le cassoulet pour régaler sa famille et ses amis. Sa fierté est ses filles et leurs époux, ses petits enfants et arrières petits enfants qui ont chacun en souvenir un ouvrage brodé ou  tricoté par les mains de fée de Mercedes.

Lorsqu'elle cuisinait ou brodait elle n'oubliait jamais ses amis qu'elle considérait comme sa famille.

C'étaient des personnages extraordinaires que l'on ne se lassait pas de visiter et d'écouter. Heureuses sont les personnes qui ont eu la chance de les côtoyer et qui ne les ont pas oublié.

Ses nombreux amis lui souhaitent un bon anniversaire et lui disent à l'année prochaine.

 

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