Ce que nous pouvons lire sur la première plaque souvenir : « Le 1er septembre 1942, 92 Juifs Hommes Femmes et Enfants résidant dans le département du Gers rassemblés au camp de Vernet furent livrés aux nazis par le gouvernement de Vichy et déportés vers le camp d’extermination d’Auchwitz. Le 21 février 1943, 22 habitants Juifs du Gers furent rassemblés au camp de Gers et déportés. 150 victimes de la déportation au total entre 1942 et 1944. Passant souviens-toi ! 14 mai 2000 ».
La cérémonie en mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l'État Français et d'hommage aux Justes de France a eu lieu ce dimanche matin 18 juillet en présence du préfet, Xavier Brunetière, des autorités civiles et militaires, et des associations mémorielles. C’est place de la Libération, au pied des escaliers d’Étigny où est apposée la plaque souvenir que furent prononcés les divers discours et le dépôt des gerbes.
Le docteur Jean-Claude Nabet, du conseil représentatif des institutions juives de France conclura son discours émouvant par une citation de Bertolt Brecht : « Vous, apprenez à voir, plutôt que de rester Les yeux ronds. Agissez au lieu de bavarder. Voilà ce qui aurait pour un peu dominé le monde ! Les peuples en ont eu raison, mais il ne faut Pas nous chanter victoire, il est encore trop tôt : Le ventre est encore fécond, d'où a surgi la bête immonde ». Jean-Claude Pasquilini, adjoint au maire d’Auch, retraça lui aussi ce que fut cet épisode douloureux de l’antisémitisme alors que le Préfet, conclura la cérémonie par le message ministériel :
« Comme la petite Marie, 4 115 enfants sont arrêtés durant la rafle du Vel d’Hiv. Aucun de ceux qui ont été déportés vers les « camps de la mort » ne revint. Les 16 et 17 juillet 1942 demeurent une marque d’infamie dans notre histoire, une blessure à notre mémoire nationale. 13 152 Juifs, qui avaient fait confiance à la patrie des Droits de l’Homme, furent arrêtés et livrés à leurs bourreaux. Durant ces abjectes journées, la France trahissait ses valeurs et son histoire, recouvrant notre honneur du voile de la compromission. Le zèle coupable de l’Etat français, des collaborateurs et du régime de Pétain avait secondé la folie criminelle de l’occupant.
Entendons les cris et les pleurs, les indignations et l’incompréhension de ces enfants, ces femmes, ces hommes, ces familles lorsque qu’ils furent brutalement arrachés à leur sommeil, qu’ils virent leurs portes enfoncées, qu’ils furent poussés dans l’escalier puis dans la rue. S’ensuivit, pour beaucoup, l’interminable détresse dans les travées du Vélodrome d’Hiver.
La flamme du souvenir ne s’éteindra pas. En cette journée nationale, la Nation rend hommage aux victimes des crimes racistes et antisémites de l’Etat français. Elle se souvient de la Rafle du Vel d’Hiv et de toutes les autres, des 76 000 déportés, des victimes tziganes, homosexuelles, handicapées et tant d’autres.
Dans un même mouvement, la France se souvient des martyrs et des sauveurs. En ces heures, il y eut les ténèbres mais tant de lumières aussi. Des héros, connus ou anonymes, ont sauvé, aidé, caché, accueilli, protégé, accompagné, souvent au péril de leur vie, des enfants, des femmes, des hommes et des familles. Tant et tant furent sauvés de la rafle des innocents par ces étincelles d’humanité. Les Justes ont, dans les profondeurs de notre pays, fait vivre les valeurs qui nous sont chères ».