Les jeunes du collège Hubert Reeves confrontés aux théories du complot et aux fake news

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Des intervenants du Mémorial de la Shoah de Paris sont venus auprès des jeunes de 3e pour les faire réfléchir aux théories du complot, aux informations et désinformations et à la fabrique de l'image via les affiches de propagande.

Vous êtes-vous déjà demandé s'il existait des sociétés secrètes dirigeant en sous-main le gouvernement, si les Américains étaient allés sur la Lune en 1969, ou si la terre était ronde ? Si c'est le cas, vous faites partie des nombreux Français à adhérer à une théorie du complot. Ils seraient même près de huit sur dix selon une récente étude de l'IFOP pour la fondation Jean-Jaurès et Conspiracy Watch. Les adolescents sont particulièrement réceptifs à ces différentes théories. Pour cette raison, le collège Hubert Reeves avait convié trois intervenants du Mémorial de la Shoah de Paris à venir discuter de ce thème avec les élèves de 3e.

Définies depuis 1945, les théories du complot ne cessent de prospérer, propagées à l’échelle planétaire à l’image des maladies nées de la mondialisation des changes. Chaque nouvel évènement qui survient, qu’il concerne la politique, l’économie ou la santé (telle que la Covid-19) peut faire l’objet d’une nouvelle théorie du complot, qu’il est cependant possible de décrypter et donc combattre.

«Les élèves sont constamment connectés aux réseaux sociaux. Il faut qu'ils apprennent à prendre du recul. Ils peuvent être producteurs ou critiques de ces théories du complot», indique Laurent Mauras, professeur d'Histoire Géographie mais aussi d'Enseignement Moral et Civique, et correspondant pédagogique du Mémorial pour le département du Gers. Après avoir abordé l'origine des théories du complot les plus répandues et les avoir décortiquées, les intervenants ont montré plusieurs vidéos aux adolescents. Un moyen d'appréhender les techniques mises en place pour manipuler les esprits. Une majorité de jeunes a confirmé avoir été en contact avec des thèses complotistes via des vidéos publiées sur Internet. «J'ai vu un film disant que les Illuminatis étaient toujours vivants», mentionne ainsi un collégien. Lorsqu'on lui demande ce que sont les Illuminatis, le garçon croit se rappeler qu'il s'agit d'une secte, mais impossible pour lui, comme pour ses camarades, d'expliquer ce que cela signifie. «En réalité ce qui est condamné ce sont les dérives sectaires, synthétise Pierre. L'emprise morale qui est trop forte, le fait de voler l'argent. Quelles conclusions en tirez-vous ?» «Ce sont des méchants», ose un jeune, provoquant quelques rires. Une élève évoque les théories qui tournent autour de la Covid-19, des industries pharmaceutiques, des vaccins, etc.

La venue des intervenants semble donc nécessaire. Il a rappelé aux élèves l'intérêt du doute. «Les théories du complot nous privent d'esprit critique, un élément essentiel de la démocratie, car elles doutent de tout sauf d'elles-mêmes.» Il a été conseillé aux adolescents «d'accorder un crédit à la parole de l'enseignant, et d'aller chercher la source pour vérifier l'information.»

Deux autres ateliers ont été proposés aux élèves : un sur les informations et désinformations, et un autre sur la fabrique de l'image. Ce dernier est un « laboratoire de création d'images » : il fait un lien avec l'Histoire, les images de propagande du passé et celles du présent (médias, réseaux sociaux). Les élèves expérimentent divers jeux graphiques autour des notions de portrait-robot, de caricature et de déshumanisation.

C'est la 3e année que le Mémorial se déplace jusque dans notre département. Agréé par le Ministère de l’Education Nationale, le Mémorial de la Shoah organise depuis de nombreuses années pour le public scolaire des actions de sensibilisation autour de l’histoire des génocides du XXe siècle. Pour aller au-devant des besoins des établissements qui ne peuvent aller à Paris facilement, il a adapté un certain nombre d’ateliers thématiques pour les réaliser chez eux. Réalisés et animés par les équipes du Mémorial, qui se déplacent spécifiquement, ces ateliers touchent des disciplines variées : histoire, éducation morale et civique, arts, littérature et même philosophie. Ils apportent des clés pour mieux appréhender les mécanismes et les conséquences des préjugés, du racisme et de l’antisémitisme. Il propose donc ces ateliers aux enseignants qui le souhaitent, et font manipuler les élèves avec des documents d'archive et des informations récentes durant 2 heures 30. Car ce ne sont pas des conférences, mais bien des moments où les élèves sont mis à contribution pour agir, discuter, débattre, … en un mot : être acteurs de leur savoir. Les intervenants iront ensuite à Lectoure, à Mirande et à Marciac.

 

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