Lancé début janvier, le programme « Cynocov » réunit les compétences de l’École Nationale Vétérinaire d’Alfort (Enva), du CHU de Bordeaux et de l’entreprise Ceva Santé Animale, dont le siège est localisé à Libourne.
On savait que le flair des chiens était fort développé et qu’il servait déjà à détecter les drogues, les engins explosifs, les personnes et même les cancers. On sait désormais que nos amis les canidés peuvent aussi identifier, à partir d’échantillons de sueur humaine prélevés avec des compresses, des matières organiques issues de l’infection au covid-19.
Autrement dit, on tiendrait une méthode de dépistage non-invasive et… efficace à 95%, selon le professeur Dominique Grandjean, de l’École Nationale Vétérinaire d’Alfort (ENVA), initiateur du projet Nosaïs, lequel vise « à développer les méthodologies de formation de chiens dans la détection précoce de pathologies humaines chroniques ou infectieuses ».
Avec le service des maladies infectieuses du CHU de Bordeaux, l’entreprise Ceva Santé Animale et plusieurs autres partenaires, un programme de formation régional a été lancé en ce sens début janvier. Baptisé Cynocov, il a pour but « de former des chiens capables de reconnaître, dès le début de l’infection, l’odeur d’un individu positif à la Covid-19 en reniflant sa transpiration », explique l’entreprise établie à Libourne, qui figure parmi les leaders mondiaux dans son domaine.
L’espoir de distinguer les formes de la maladie…
Ce projet, qui commence par une phase d’étude de 6 à 8 semaines, était présenté ce vendredi 29 janvier au siège de Ceva Santé Animale, en présence d’Alain Rousset, du maire de Libourne Philippe Buisson et des représentants du CHU et de l’entreprise. Avec en prime une petite démonstration. Où l’on s’aperçoit qu’un labrador, un berger allemand ou un berger malinois bien dressé peut, en à peine une minute, distinguer parmi d’autres les échantillons présentant des traces d’infection.
Alors que le besoin de méthodes de dépistage de ce genre se fait de plus en plus sentir, voilà une nouvelle plutôt réjouissante. Car même si on ne pourra sans doute pas placer des chiens renifleurs expérimentés à tous les coins de rue, on pourrait imaginer faire appel à eux dans des lieux stratégiques tels que les aéroports (comme c’est déjà le cas dans certains pays étrangers, à l’exemple de la Finlande), les écoles ou les ehpad. Une quarantaine de pays plancheraient déjà sur la question.
Le service des maladies infectieuses du CHU de Bordeaux (du professeur Denis Malvy et du docteur Thierry Pistone) et Ceva Santé Animale (sous le contrôle du docteur Pierre-Marie Borne) ont quant à eux mis au point « un protocole d’expérimentation ciblé sur des patients faiblement ou peu symptomatiques, définissant les modalités et la validation pratiques de l’étude et de ses attendus potentiels ». Concrètement, le CHU prélève de la sueur sur des patients récemment infectés, puis les échantillons sont expédiés au centre de formation déployé par Ceva Santé Animale sur son site.
La gendarmerie de Nouvelle-Aquitaine et le SDIS 33 ont mis à disposition 4 maîtres-chiens pour l’expérimentation, actuellement menée (à raison de 4 matinées par semaine) avec 5 animaux plutôt accoutumés à renifler des drogues ou à rechercher malfaiteurs et personnes disparues. À terme, les chiens pourraient distinguer plus finement des formes légères ou graves de la maladie, des degrés de contagiosité, une « symptomaticité » ou les différents variants du covid dans les échantillons.
Vers une détection à plus grande échelle ?
A l’issue de la phase d’étude, « l’aptitude des chiens détecteurs sera validée et testée au centre de formation par l’équipe du CHU de Bordeaux sur un échantillon représentatif de prélèvements ». En cas de succès, une « structure mobile » pourrait voir le jour et opérer dans plusieurs villes de Nouvelle-Aquitaine pour faire de la « présélection » de cas suspects, avant la réalisation d’un test PCR. L’objectif est d’étendre l’échelle de cette expérience à partir de la fin du mois d’avril, si toutes les barrières réglementaires sont levées d’ici là.
« Quand on sait qu’il va bientôt falloir faire du dépistage de personnes a priori asymptomatiques dans toutes sortes d’espaces, ce type d’outil, qui offre au moins un critère de suspicion fort, va permettre de faciliter ce processus en termes d’acceptabilité et de réactivité », a résumé Denis Malvy dans Le Point. De leur côté, les élus et institutionnels présents ont salué un exemple de collaboration fructueuse entre les secteurs public et privé. En cette période de crise sanitaire, le chien semble en tout cas plus que jamais le meilleur ami de l’homme…
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