La Petite Pierre, la culture au milieu des champs

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Si le secteur culturel a beaucoup souffert de la crise sanitaire, l’association de Jegun, La Petite Pierre, est toujours présente sur le terrain de la culture et fourmille de projets pour les mois à venir.

Echanges avec Claire Garnier, une directrice investie et passionnée, en place depuis 2000.

Journal du Gers : Pouvez-vous pour nos lecteurs retracer la naissance de La Petite Pierre ?

Claire Garnier : La Petite Pierre est un projet qui a été créé en 1998 par Dimitri Votano, instituteur de Jegun, et Cyril Puertolas, artiste toulousain. Ces deux personnes très impliquées dans le milieu associatif avaient envie de mettre en place un projet culturel en milieu rural en créant une association qui gère un lieu dédié à la création de spectacles.

Ce fut la naissance de La Petite Pierre qui avait pour projet initial la mise en place d’ateliers de théâtre pour les amateurs, pour les enfants, des interventions dans les écoles, une programmation de spectacles dans les villages et sur le lieu et la création d’un festival des arts de la rue.

En parallèle, était mené le projet de compagnie de théâtre, la compagnie Kiroul, à laquelle est venue s’ajouter une compagnie de danse, Vendaval, constituée de 4 jeunes danseuses d’Andalousie venues s’installer dans le Gers

La Petite Pierre, c’est avant tout un lieu dont l’association est propriétaire, un lieu au milieu des champs, c’est très important de le souligner car c’est ce qui fait notre spécificité.

Au départ, c’était une métairie avec une chapelle et tout était à rénover ; il y a eu beaucoup de travaux faits sur le lieu, du bénévolat, des corvées, des chantiers participatifs, des chantiers de formation, des chantiers d’insertion, des artisans...

Le projet a pu naître et grandir grâce à la complicité des élus de Jégun et de Castéra Verduzan ainsi que des élus du conseil départemental qui ont apporté leur soutien financier

Journal du Gers : Comment la Petite Pierre a-t-elle évolué ? Qu’en est-il aujourd’hui du projet initial ?

Claire Garnier : Aujourd’hui, le projet suit toujours la même feuille de route : accueil d’artistes en résidence, lieu dédié à la création, festival à Castéra Verduzan – en 2021 on fêtera la 20ème édition du festival N’amasse pas mousse - , saison itinérante dans des espaces non dédiés (place de village, salle des fêtes, école… ) et dans notre salle de spectacle située dans la chapelle.

La Petite Pierre s’inscrit dans les réseaux professionnels culturels de spectacles de la région Occitanie et du département.

Le projet est aujourd’hui accompagné par l’ensemble des collectivités : l’Etat, la région, le département, la DRAC, les communes, l’intercommunalité Grand Auch Coeur de Gascogne et la Caf du gers

Journal du Gers : Comment est gérée l’association ?

Claire Garnier : Nous sommes 3 salariées en CDI, moi-même qui suis directrice, Anaëlle Boulanger qui est chargée d’administration et Katy Gauze qui s’occupe des actions en direction du public.

Puis nous avons un conseil d’administration classique.

Journal du Gers : Quelle est votre actualité ?

Claire Garnier : Notre actualité principale aujourd’hui, c’est le lancement de notre 4ème campagne de travaux : nous allons en effet entreprendre un grand chantier de rénovation énergétique, de terrassement pour créer des chemins permettant l’accessibilité aux personnes à mobilité réduite, de création d’un théâtre de verdure, de création d’une nouvelle salle ouverte et fermée à la fois et nous allons aussi renouveler le matériel son et lumière.

On est en train de boucler le plan de financement sur lequel vont intervenir l’ensemble des collectivités.

Le chantier va durer jusqu’à fin 2022 et on va faire appel à un grand nombre d’artisans et d’entreprises.

On a envie qu’il y ait une écriture de ce grand chantier, qu’on puisse écrire son histoire, faire un blog, des photos, parler des artisans... Une construction, c’est toujours fascinant...

On pense déjà à la fête de fin de chantier ou des 1 an de chantier et on a déjà songé à des spectacles qui seraient tout à fait adaptés, par exemple une compagnie qu’on a accueillie en résidence à La Petite Pierre et qui a démarré un spectacle autour de Johnny Halliday joué avec deux comédiens et un tractopelle, une autre compagnie qui monte un spectacle intitulé Au pied du mur : deux hommes autour d’une bétonnière sont en train de construire un mur et échangent des concepts philosophiques, des blagues...

La Petite Pierre va renouveler également un contrat d’espace de vie sociale qui est signé avec la CAF du Gers pour toutes les actions menées en direction des habitants et des associations locales.

L’idée est que le lieu soit vraiment dédié aux gens du territoire dans une logique d’événements culturels, de lien social...On n’organisera pas de mariage mais si des associations souhaitent utiliser le lieu pour une kermesse, un vide-grenier, ce sera possible.

Nous ne travaillons pas dans le cadre de locations mais en termes de partenariat. En fait, nous fonctionnons comme un théâtre, comme un service culturel.

Journal du Gers : Comment s’organise votre programmation sur l’année ?

Claire Garnier : Nous avons en effet une programmation sur l’année en plus de notre festival N'Amasse pas mousse annuel.

Notre programmation a lieu essentiellement pendant les mois de mai, juin, septembre, octobre et novembre comme il s’agit d’arts de le rue qui se déroulent souvent en extérieur.

Mais rien n’est figé. Nous avons des partenariats avec des mairies qui font appel à nous pour accueillir tel ou tel spectacle de notre programmation.

Journal du Gers : Comment le compagnie de théâtre Kiroul s’inscrit-elle dans votre projet ?

Claire Garnier : La Compagnie Kiroul est une association indépendante mais elle est en résidence permanente à La Petite Pierre et elle est associée au projet, à la programmation, au choix des spectacles pour le festival.

Elle a un apport en terme de ligne artistique.

Journal du Gers : Parlez-nous de ce projet récent que vous avez appelé Les Petits Moussent.

Claire Garnier : C’est une projet nouveau né l’an dernier.

L’idée est née d’un espace jeunesse qu’on a mis en place sur le festival N’amasse pas Mousse ; beaucoup d’enfants étaient bénévoles, ils tenaient le bar à mômes, proposaient du pop corn, encadraient des jeux… Ils étaient de plus en plus nombreux d’année en année.

On s’est dit qu’on voulait aller plus loin et on a décidé de mettre en place une journée festive qui serait pour les enfants et organisée par les enfants au travers de plusieurs rendez-vous dans l’année.

Avec le confinement, on n’a pas pu mener à bien ce projet mais à la fin du confinement, on a senti qu’il y avait une envie forte de tout le monde de pouvoir avoir à nouveau des échanges et le lieu de la Petite Pierre avec ses extérieurs facilitant le respect des gestes barrières a fait que nous avons vécu une dizaine de très belles rencontres familiales.

Quand nous avons pu rouvrir nos espaces de résidence, les Petits Moussent ont pu rencontrer des artistes: un acteur leur a présenté le décor qu’il avait travaillé pour le festival, une chanteuse leur a fait partager ses compositions et a fait chanter les familles ; on a fait une veillée étoiles où les familles ont pu camper sur le lieu ; on a organisé aussi des rencontres familiales avec des familles de demandeurs d’asile et de réfugiés par le biais du CADA France Terre d’Asile et de l’association Regar; nous avons accueilli des familles irakiennes, russes, pakistanaises, algériennes …

Nous avons vécu de très beaux moments d’échanges ; c’était une grande respiration par rapport au confinement.

Journal du Gers : Justement, comment ce confinement a-t-il affecté votre saison culturelle ?

Claire Garnier : Finalement, le confinement ou plutôt l’après-confinement a donné un nouvel élan à notre projet des Petits Moussent.

Quant à notre festival N’amasse pas Mousse, il est tombé au bon moment et a pu se dérouler grâce à la complicité de tous les élus qui nous ont fait confiance, qui nous ont soutenus.

Pour certains artistes, c’était la seule date de l’année !

Nous avons vécu vraiment une très belle édition.

Journal du Gers : Travaillez-vous en partenariat avec d’autres associations ?

Claire Garnier : Oui, nous sommes en partenariat avec l'ADDA 32, avec la Ligue de l’Enseignement, avec Circa, avec la MJC de l'Isle Jourdain, l'Itep Philippe Monello à Jegun, les Centres de loisirs, les écoles, les lycées, avec les associations locales, par exemple nous avons eu un partenariat avec le club de cyclotourisme de Jegun autour d’un spectacle sur le tour de France ; nous avions organisé une randonnée vélo avant le spectacle...

Mais on ne peut pas être force de proposition pour tout et on aimerait parfois qu’il y ait plus d’initiatives et de partenariat au niveau du territoire de proximité.

Journal du Gers : Vous êtes en poste depuis 2000, vous ne semblez pourtant pas lassée ?

Claire Garnier : Non, je ne suis pas du tout lassée car La Petite Pierre, c’est un permanent renouvellement, rien n’est figé, une grande place est laissée à la liberté, à l’improvisation ; on ne peut donc pas se lasser !

Pour plus de renseignements, pour adhérer à l’association, participer comme bénévole, comme spectateur…

La Petite Pierre

158 chemin de la Petite Pierre

32360 Jégun 

05.62.68.19.00

[email protected] | petitepierre.net

Crédit photos : La Petite Pierre

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