Alors que les français souhaitaient majoritairement une reprise en septembre, cette journée a été marquée par la réouverture des écoles dans le Gers comme sur l’ensemble du territoire.
Annoncée sur la base du volontariat, celle-ci s’est, dans les faits, imposée à certains parents ne pouvant justifier d’une attestation de fermeture d’école.
Dans le Gers, la réouverture des écoles ce 12 mai est massive ; 88,5 % selon l’inspection académique, proche des 85 % du pays. Seules 7 communes gersoises sur 142 avaient fait le choix de ne pas rouvrir leurs écoles.
Pour les enseignants la pression est très forte
Jean-Marie Laumenerch*, professeur en classe de CP à Auch résume sa journée : « Les enfants ont plutôt bien vécu cette reprise; d'ailleurs les échanges collectifs avec l'infirmière scolaire ont fait ressortir le fait qu'ils ont globalement bien surmonté le confinement, même malgré cette longue période à la maison. Mais pour le personnel enseignant la pression est très forte ; il faut surveiller tout, tout le temps. Le plus dur sera certainement à venir avec la reprise de tous les niveaux le 25 mai ».
En effet jusqu’alors, seuls les niveaux de CP et CM2 ont repris dans cette école, et la moyenne de 5 à 7 enfants par classe rend la situation plus facile à gérer. Plus les jours vont passer, plus le nombre d’élèves par classe va augmenter et il sera alors très difficile de garantir le même niveau de distanciation.
« Déjà à sept par classe, il est difficile de contenir des enfants qui sont très spontanés. Et puis n’oublions pas que nos méthodes de travail privilégient justement le travail en binôme ou en groupe. Nous sommes donc à l’opposé de nos habitudes et de celles des enfants ».
A l’école Pont National, la récréation est scindée en trois. Chaque groupe est donc hermétique pendant la pause. « Nous essayons au moins de faire en sorte qu’il n’y ait pas d’échange entre groupes, car au sein de chaque groupe, il est impossible de garantir qu’un enfant ne touche pas un objet de la classe susceptible d’être touché ensuite par un autre de ses camarades » confie Jean-Marie Laumenerch.
Le déjeuner s’est fait à la cantine avec uniquement 2 élèves par table compte tenu du faible nombre d’élèves présents.
A l’opposé des méthodes de travail habituelles
Myriam Vasseur* est enseignante de CM2 à Estang. Dans cette commune de 638 habitants, la reprise s’est faite également avec des effectifs beaucoup moins élevés que d’habitude. Elle dénombrait aujourd’hui 5 enfants dans sa classe.
« La commune avait fait le nécessaire côté gels et masques; il y avait même des masques pédiatriques à disposition. Nous avions aujourd’hui une employée communale pour nous aider dans les lavages de mains pluri-journaliers et les trajets classe-toilettes » ; Toutefois l’enseignante précise que cela était exceptionnel et que les professeurs s’attendent à être beaucoup plus impliqués dans les taches d’hygiène ces prochains jours.
L’enseignante, masquée comme tous ses collègues, ne cache pas que la nuit dernière a été courte et le sommeil agité : « Cette rentrée a été très stressante pour nous car nous travaillons de manière complètement différente. Les outils pédagogiques sont mis à mal » Ici, bien sur, aucun élève ne peut aller au tableau. Et, plus original, les objets de l’école ont été privatisés pour la semaine avec une étiquette collée au nom de l’enfant utilisateur, même pour les récréations (corde à sauter, crosse de hockey…)
Mais malgré tout, le plus difficile reste la distanciation pendant la récréation: "Comprenez; ils sont tellement contents de se retrouver !". Les enseignants s'efforcent cependant de faire respecter la distance minimale de 1mètre.
De son côté, Francette Popineau, la porte-parole et co-secrétaire du premier syndicat d’enseignants SNUIpp-FSU dénonçait sur France info aujourd’hui « une école contre nature » avec une immense majorité de professeurs des écoles inquiets quant à cette reprise.
*Jean-Marie Laumenerch est secrétaire SE-UNSA 32 et Myriam Vasseur est trésorière SNUDI-FO 32