Michel Soriano, maire de Lasseran, 400 habitants est sur le front depuis le début de la crise sanitaire : « J’ai fait le tour des personnes à risques, vulnérables ou âgées. Deux à trois habitants nécessitaient d’être suivis de près ; je viens les voir tous les deux jours pour m’assurer que tout va bien ». Michel a la chance de bien connaître tous ses habitants. Les problèmes les plus fréquents sont liés au manque d’autonomie. « J’ai aussitôt publié un appel à volontariat auprès de la population; Quinze personnes ont répondu présent » se félicite l’édile.
Nouveaux modes de comportement et de consommation
« Globalement, je suis très surpris par la solidarité au niveau communal, l’entraide est très forte, entre générations mais aussi entre voisins pour dépanner les aînés lors des courses par exemple ».
Mais parfois, Michel Soriano doit faire preuve de pédagogie: « L’autre jour, un de mes administrés s’apprêtait à couper dangereusement du bois, puis après discussion, il y a renoncé en prenant conscience du risque de saturer davantage les urgences s’il venait à se blesser ».
Le maire constate par ailleurs que les modes de consommation sont complètement bouleversés. Ainsi, à Lasseran, les villageois ont pris d’assaut la ferme bio de Stéphanie Genet située dans le village. Habituellement, celle-ci écoule ses produits sur les marchés. Du fait des restrictions, elle a proposé une vente à emporter à la ferme. Des files d'attente se sont même formées et elle écoule désormais toute sa production.
Michel Soriano est optimiste : « ici, les gens ont de l’espace, ils ont de quoi s’occuper. D’ailleurs le livreur de l’enseigne de bricolage-jardinage toute proche n’en finit plus avec ses tournées à rallonge ; les Gersois profitent de cette période pour repeindre des pièces ou aménager leur jardin ou leur intérieur ».
Des contraintes plus importantes pour les maires de villes
A L'Isle-Jourdain, 2e ville la plus importante du département avec 9.000 habitants, le maire, Francis Idrac, ne cache pas un niveau de sollicitation exceptionnel. « Les habitants expriment de nombreuses demandes ; elles sont légitimes mais il faut souvent faire preuve de patience et de pédagogie ». Le maire rappelle les mesures prises ces dernières semaines : « aide alimentaire aux plus démunis, courses pour les personnes vulnérables réalisées par les employés municipaux ou les volontaires ».
Les relations avec les employés municipaux ne sont pas toujours faciles. Ces derniers ont aussi des inquiétudes fortes. « Les agents communaux sont exposés au public par nature et il faut s’assurer que le risque sanitaire soit le moins élevé possible. La semaine dernière, l’équipe bâtiment a repris, mais sur des chantiers isolés et avec les mesures de protection nécessaires ».
Le grand casse-tête du déconfinement
Mais le plus compliqué reste à venir avec le déconfinement à organiser à partir du 11 mai. Côté écoles et cantines, c’est le grand casse-tête. Francis Idrac explique qu’il « va falloir assurer les protocoles de distanciation, en particulier, en milieu scolaire et périscolaire, sans parler de la cantine ». Le conseil scientifique préconisait récemment que les déjeuners se fassent en salle de classe. Le maire n’exclut pas d’avoir des droits de retrait exercés par son personnel communal, certains pour des motifs de santé fragile.
Néanmoins, Francis Idrac sait pouvoir compter sur l’implication des services de l’État : "Nous avons régulièrement des visio-conférences avec la préfète". La prochaine devait se tenir ce jeudi, à 15 h, avec les maires des principales villes du département. "Nous espérons avoir des réponses quant à l’organisation matérielle du déconfinement ".