Ils sont les premiers de cordée envoyés sur le front de la « guerre » contre le coronavirus. Le Docteur Tran, responsable du service des urgences au centre hospitalier d’Auch, a accepté de répondre aux questions du Journal du Gers.
JDG : Comment s’est organisé le service des urgences avec l’apparition des premiers cas de coronavirus en France ?
Dr Tran : Nous avons dû tout d’abord restructurer les secteurs d’accueil Covid et non Covid, pour cloisonner les pathologies. Nous avons également travaillé en cohérence avec les autres services - réanimation, chirurgie, médecine -, de façon à avoir suffisamment de capacités d’accueil et d’hospitalisation. Comme partout en France, l’activité non liée au coronavirus a été recentrée sur les véritables urgences. Ce qui fait qu’actuellement, nous avons beaucoup de patients gravement atteints, nécessitant plus de plateau technique.
JDG : Vous étiez suffisamment équipés pour affronter l’épidémie ?
Dr Tran : Comme dans la plupart des hôpitaux, nous manquions au début de matériel de protection. Aujourd’hui, le problème est résolu. Au niveau des équipes, le déficit de médecins urgentistes dont souffre l’hôpital depuis plusieurs années s’est amélioré par des arrivées prévues. Nous avons également toujours recours à des intérimaires pour assurer les lignes de gardes aux urgences et au Smur. Actuellement, l’effectif est au complet. Mais si la région avait été durement touchée, cela aurait été un autre problème.
JDG : En quoi le Covid-19 a-t-il modifié votre façon de travailler ?
Dr Tran : La difficulté pour nous vient surtout de la complexité de la prise en charge pour l’examen clinique. Elle nécessite en effet un temps extrêmement long consacré à l’habillage-déshabillage, au nettoyage et à la désinfection des chambres et boxes dans lesquels sont accueillies les personnes supposées infectées. Il peut se passer deux à trois heures entre l’admission, l’examen et la sortie ; ce qui est beaucoup plus long qu’une entrée classique aux urgences.
JDG : Dans quel état d’esprit était l’équipe lorsque les premiers patients sont arrivés à l’hôpital ?
Dr Tran : Il n’y avait pas d’appréhension particulière au début, nous avions eu le temps de nous préparer. Nous avons reçu certains patients dont l’état était sérieux, mais en faible proportion. C’est surtout le passage en réanimation et les décès de personnes relativement jeunes qui ont suscité de plus vives inquiétudes quant à la possible contamination du personnel soignant. Nous assurons le dépistage de tous ceux qui présenteraient des symptômes, afin de prendre rapidement les dispositions nécessaires en cas de test positif.
JDG : On évoque déjà la possibilité d’une deuxième vague, après la sortie du confinement…
Dr Tran : On la redoute, mais on ignore si elle aura lieu, quand, comment… Elle sera surtout beaucoup plus difficile à gérer si elle intervient avec la reprise des admissions hospitalières « classiques ». L’organisation actuelle est maintenue, et on prolongera le secteur Covid tant que ce sera nécessaire. Mais le grand public doit absolument respecter les gestes barrières, les distances sociales, et se conformer aux règles édictées si l’on veut éviter qu’une nouvelle vague ne vienne submerger les hôpitaux.
De sages conseils déjà appliqués, qu’il faudra maintenir à tout prix après le 11 mai.
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