Petite parenthèse

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Le doigt sur la couture du pantalon

Cent ans de paix, c’est beau. La guerre est morte, vive la Paix ! Cette journée du 11 novembre 2018 aurait pu être un immense rassemblement de liesse pacifiste, célébrant l’entente entre les peuples.

Mais c’est au son des clairons que les chefs d’État ont choisi de se réunir devant l’Arc de Triomphe à Paris, pour assister à un défilé militaire. La glorification de l’armée saluée par ceux-là même qui sèment la guerre sur notre bonne vieille planète.

Un peu plus loin, à Quimper, ce sont deux mille jeunes en tenue de poilus, martialement encadrés, qui sont appelés à célébrer la Paix (sic), le 16 novembre, en défilant le doigt sur la couture du pantalon.

L’expression, qui signifie manifester du respect et de la soumission, trouve bien entendu son origine dans le milieu militaire. En position de garde-à-vous, le soldat doit se tenir debout, droit, talons joints et tête haute, les bras - ou plutôt le bras, l’autre étant occupé à saluer le supérieur - le long du corps, le doigt effleurant la couture du pantalon de l’uniforme.

Au moment de la minute de silence, les jeunes Quimpérois qui participeront à ce « défilé citoyen » devront applaudir de bon cœur, aux millions de morts, de blessés, de veuves et d’orphelins que l’immense et terrifiante saignée aura laissés dans son sillage.

Des applaudissements qui ne parviendront pas à couvrir l’horreur du bruit sourd des champs de bataille, des pluies d’obus assourdissantes, des cris et des plaintes d’une jeunesse agonisante, embrigadée bien malgré elle dans une folie meurtrière.

Alors que fleurissent les partenariats écoles-armée et que, dans l’Indre, le directeur académique tente d’interdire aux élèves la très émouvante Chanson de Craonne, nous sera-t-il permis de citer Boris Vian :

«Refusez d'obéir, Refusez de la faire, N'allez pas à la guerre, Refusez de partir» ?

Illustration Pixabay.com

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