Petite parenthèse

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En catimini

Vous écopez de trois mois de prison ferme si vous êtes un ressortissant marocain qui a faim,  et que vous volez une bûche de chèvre dans un supermarché de la région toulousaine. Sans aménagement possible de peine.

Vous pouvez éviter la case prison si vous êtes un ancien ministre du Budget accusé de « faute pénale d’une rare et exceptionnelle gravité, destructrice du lien social et de la confiance des citoyens dans les institutions de l’Etat et de ses représentants ». Même en ayant commis fraude fiscale et blanchiment d’argent dans la plus grande  discrétion, en « catimini ».

Plusieurs hypothèses tentent d’expliquer cette expression qui serait apparue au XIVe siècle.

La première fait référence au mot grec katamênia, désignant les menstrues. Mais les femmes grecques dissimulaient-elles cet écoulement naturel  au point d’en faire une expression ? Pas si sûr.

La deuxième proviendrait plutôt des chats, diabolisés depuis le Moyen Âge, et considérés comme des animaux maléfiques, perfides et sournois face à leur proie.

En langage picard, le « cate » (le chat) et « mini » (diminutif de minou, minette) auraient donné « chattemite » pour qualifier des fourberies.  Terme qui deviendra progressivement « catimini ».

On retrouvera chez  La Fontaine, Raminagrobis, « un chat vivant comme un dévot ermite, un chat faisant la chattemite, un saint homme de chat, bien fourré, gros et gras, arbitre expert sur tous les cas ».

Il se pourrait également que « cati » soit une déclinaison du verbe « catir », utilisé dans le sens de « cacher ».

Quoi qu’il en soit, toujours pour  éviter la prison, si vous souhaitez occulter cette idée d’hypocrisie, vous pouvez aussi jurer à vos accusateurs, « les  yeux dans les yeux », que vous n’avez pas, ni n’avez eu jamais au grand jamais de compte bancaire en Suisse. Ni d’argent planqué. Pas plus que vous ne sauriez être accusé  de prévarication.

Illustration Pixabay.com

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