Combien étaient-ils à manifester jeudi dernier dans l’Hexagone ? 300 000 ? 400 000 ?... Des lycéens aux retraités, en passant par les fonctionnaires, les étudiants, le personnel des hôpitaux, des EHPAD, les cheminots, les employés du privé… Tous ont rejoint les longs cortèges des défilés, chacun scandant ses revendications, couvertes par les grands coups de sifflets et les battements de tambours, pour exprimer un seul et même mot d’ordre face aux annonces-rafales du gouvernement qui souhaite enterrer au plus vite les acquis sociaux : ras-le-bol !
Cette expression très imagée, que l’on retrouve également dans « avoir du bol/du pot », nous vient de l’argot. Le bol -tout comme le pot- désigne en fait le postérieur depuis la fin du XIXe siècle. C’est cette même transcription qui a donné le nom de « popotin » aux fesses. Mais pourquoi en avoir « ras-le-bol » ? Sans doute qu’à force d’avaler des cochonneries, vient le moment où l’expulsion est plus que nécessaire.
Dans ce cas, ras-le-bol aussi de constater que les informations s’empressent de focaliser sur la « galère » rencontrée par les usagers (qui va garder les enfants, comment s’organiser ces jours là, combien faudra-t-il de temps pour aller travailler ?), alimentant par là la colère contre les manifestants. Question de positionnement…
Les véritables questions ne seraient-elles pas : qui gardera les enfants lorsque les écoles auront des classes saturées faute d’enseignants ? Qui s’occupera de mamie lorsque les EHPAD ne seront plus en mesure de l’accueillir ? Qui soignera papy lorsque l’hôpital n’aura plus de lits, ni même de brancards dans les couloirs saturés ? Comment les salariés iront-ils travailler lorsqu’on aura supprimé les liaisons de transports jugées peu rentables ? Que deviendront les lycéens qui auront été refusés à l’entrée de l’université, les étudiants qui n’auront plus la possibilité de profiter du système de compensation pour valider leur année universitaire ?
Alors, oui, ras-le-bol d’être assaillis de toutes parts et de voir la discorde suscitée au sein de la population, quand tout le monde est, ou sera un jour, concerné.
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