Timoko, le crack d’Escalans, s’était hissé sur la deuxième marche du podium du Prix d’Amérique à Vincennes.
Le souvenir d’un autre cheval qui faisait, comme lui, la course en tête dans cette épreuve prestigieuse de trot attelé, remonte à la surface dans le village de Préchac-sur-Adour, proche de Plaisance.
Mieux, Pro-Patria, c’est son nom, est le cheval qui a remporté le tout premier Prix d’Amérique. Pour comprendre son histoire, il faut remonter à une époque où la vigne couvrait une grande partie du village, où le cheval, moyen de locomotion le plus employé pour l’usage civil et surtout militaire, était élevé en grand nombre à Préchac, par des cultivateurs qui en tiraient d’importants revenus.
L’un d’eux, Jean Pesques dit Mounéou, s’installe en 1828 dans des bâtiments proches du canal de l’Alaric, au lieu-dit actuel Le Chalet.
Lui succèdent Jean-Baptiste en 1868, Marcel en 1899, jusqu’à l’acquisition des bâtiments par Fernand Delas, retraité en 1913. Ils changent encore plusieurs fois de propriétaires, jusqu’en 1980, où ils sont acquis par M. et Mme Courty.
Fernand Delas avait pour passion le cheval, qu’il élèvait pour l’armée, le travail et la course.
C’est dans ce domaine qu’œuvre Pro-Patria, né en 1915 au haras de bois de Troan, dans le Calvados. Un nom qu’il doit, en pleine Première Guerre mondiale, à l’esprit patriotique de son acheteur Jean Cabrol. Le driver l’engage pour une course qui vient de voir le jour. C’est le Prix d’Amérique, créé par Émile Riotteau en hommage au soutien des États-Unis
Deux titres en 1920 et 1921
Le premier Prix d’Amérique se tient le 1er février 1920 sur 2 500 mètres (départ à l’élastique). Le cheval Pro-Patria, drivé par Jean Cabrol, remporte la course à la vitesse de 1 minute, 31 secondes et 4 dixièmes en réduction kilométrique (temps moyen que met un trotteur pour parcourir la distance de 1 kilomètre), et récidive en 1921 en 1 minute et 28 secondes.
En comparaison, Bold Eagle, vainqueur en 2016 et 2017, a couru un kilomètre en 1 minute, 11 secondes et 4 dixièmes.
Comme Pro-Patria, 15 autres chevaux comptent deux victoires à leur palmarès : seuls Ourasi (quatre victoires), Bellino II, Roquépine et Uranie (trois) ont fait mieux.
Après ses deux victoires, l’animal ne renouvelle pas ses exploits à Vincennes. Il est vendu à la comtesse de Bellaigue puis arrive à Préchac. Il court sur les hippodromes du Sud-Ouest où il récolte de nombreux gains. Ses performances au haras, en revanche, sont médiocres. Il n’a que des juments. Fernand Delas, sans famille, confie la responsabilité de l’élevage à sa gouvernante Émilie Lalanne, désignée comme héritière.
Pro-Patria meurt, en 1935, à l’âge de 20 ans, à Préchac où il est enterré dans le parc du Chalet. Les Courty ont peu à peu connu l’histoire grâce à des connaissances et un document qu’ils gardent précieusement. Pour faire partager aux Préchacais le bel exploit de ce cheval ils ont au fond de leur parc ou est enterré Pro-Patia fait construire une stèle sur laquelle est apposée une plaque qui rappelle les exploits vieux aujourd'hui de 98 ans du premier vainqueur du prix d'Amérique .
Jean Cabrol le driver était décédé avant son champion, il avait eu par contre un descendant célèbre Laurent Cabrol qui présentait la météo à la télévision sur une chaine de grande écoute.
Les premiers prix d'Amérique se courraient sur 2500 aujourd'hui la distance est passée à 2700 métres