C’est la seule femme inscrite sur un monument aux Morts gersois pour la première guerre mondiale. Son patronyme apparaît sur le monument et la stèle de l’église de Montégut Arros. Il n'existe, en France, qu'une dizaine de femmes inscrites sur un monument aux Morts pour la première guerre mondiale.
Son enfance se déroule au bord de l’Arros puis elle continue ses études au collège des Ursulines à Auch et au pensionnat de la congrégation du Saint Nom de Jésus à Tarbes.
A l’âge de 24 ans, elle épouse Hippolyte Bonnel, militaire de carrière qui décède quatre mois après leur mariage d’un maladie tropicale.
Veuve, elle revient au pays puis s’expatrie à Saint Petersbourg en 1911 au terme d’un long voyage en train. Elle a un emploi de préceptrice dans la famille d’un banquier. Elle mène une vie confortable qui lui permet de participer à des réceptions et d’assister à de nombreux spectacles. Elle apprend le russe et dispense des cours de français. Elle s’initie au patinage sur les cours d’eau gelés.
Sa correspondance retrouvée permet de connaitre quelques fragments de sa vie en Russie et des événements auxquels elle assiste. Ce fut un séjour en Russie confronté à des épisodes historiques violents pour cette nation, risqués pour une étrangère : assassinat de Raspoutine (décembre 1916), abdication du Tsar Nicolas II (février 1917), révolution russe (octobre 1917).
A partir de 1915, elle quitte cette famille pour effectuer une formation d’infirmière. Elle devient rapidement directrice de l’hôpital français de Saint Petersbourg.
Elle changera d’établissement pour prendre la direction d’un hôpital français à Kiev. La qualité de ses actes et sa bravoure lui permettent de recevoir la Croix de guerre avec étoile de bronze des mains de Georges Tabouis, commissaire de la République française en Ukraine. Les prémices de la Révolution bolchévique obligent la délégation française à rentrer en France via Mourmansk, Newcastle et Southampton. Ce retour est escorté par l’ambassadeur de France en Russie, le gersois Joseph Noulens, plusieurs fois député, sénateur du Gers et ministre.
Ce fut un séjour en Russie confronté à des épisodes historiques violents pour cette nation, risqués pour une étrangère : assassinat de Raspoutine (décembre 1916), abdication du Tsar Nicolas II (février 1917), révolution russe (octobre 1917).
Dès son retour en France en avril 1918, elle est affectée dans un hôpital de campagne dans l’Oise, puis au plus près du front dans l’Oise puis dans l’Aisne dans des ambulances. Une ambulance est un hôpital sommaire d’accueil et de tri des blessés, ce n’est pas encore le nom d’un véhicule automobile. Elle est alors à nouveau décorée de la Croix de Guerre avec étoile d’argent pour la qualité de son travail, le soutien moral aux blessés et ses incursions sur le front par le général Valentin, citée à l’ordre de la 133eme division.
Elle décède dans sa 36e année à Aureilhan, dans les Hautes Pyrénées, des suites de la grippe espagnole et des effet des gaz nocifs inhalés au front, le 27 octobre 1918, dix ans jour pour jour après son mari. Elle repose dans le caveau familial dans le cimetière communal de Montégut Arros.
Son nom est aussi inscrit sur le livre d’or à la gloire des infirmières pour l’édification du monument à leur mémoire à Reims. Il existe aussi une plaque commémorative à la mémoire des infirmières dans la cathédrale Saint Louis des Invalides, à Paris, sans nom. La liste des 146 infirmières de la Croix Rouge mortes dans le conflit dont Mme Bonnel n’a pas été gravée pour des raisons de place et de cout.
L’intégralité de ce texte a été publiée par Bernard Magnat dans la revue trimestrielle de la Société Archéologique et Historique du Gers.