Que ce soit en mer, sur un lac, une rivière, il est plutôt rafraîchissant de s’abandonner au fil de l’eau, de respirer à pleins poumons l’air iodé ou de profiter de l’ombrage des arbres qui bordent le rivage. Entendez-vous le doux clapotis contre le flanc de la barque ?
Mais une virée en bateau peut avoir sa dérive.
Lorsque le gouvernement annonce mordicus que notre pays n’est pas concerné par l’affaire des œufs contaminés (dont le scandale s’étend maintenant à dix-sept pays de l’Europe et la Suisse), pour finalement apprendre quelques jours plus tard que cinquante établissements français sont impactés, le consommateur en lâche sa gaufre. Avec la nette impression d’avoir été mené en bateau.
Tous à quai pour remonter à l’origine de cette expression. Car ici, point d’embarcation en cause. Il s’agit en fait d’une confusion entre deux mots de l’ancien français, « batel » et « baastel ». Si, au fil du temps, ils ont fini par désigner un bateau, « baastel » avait le sens de « bateleur », bouffon se livrant à des acrobaties, de la prestidigitation ou des pitreries. Au milieu du 19e siècle, l’expression « monter un bateau » est utilisée par les saltimbanques pour exprimer une duperie. Et le public est donc « mené en bateau »…
Aujourd’hui, après les lasagnes pur bœuf- chevalin, la vache folle, le poulet à la dioxine, les tartelettes aux matières fécales (!), les œufs au fipronil , pour n’en citer que quelques-uns, les citoyens et consommateurs trompés finissent par avoir le mal de mer face à un système de production industrielle à bas coût -totalement déchaînée et incontrôlée- qui détruit de surcroît l’agriculture, la vraie.
Alors, une promenade sur l’eau, d’accord, mais pas pour se faire balader !