Bonne année, bonne santé, bonheur... ces souhaits perdurent même si parfois , ils n’ont plus que des bases traditionnelles. Le mode de communication a évolué : téléphone, SMS, mails. Finie la belle carte postale, je me souviens du temps d’avant .
On allait au village acheter les « cartes de bonne année dans "le multiservices". Gaston était à la fois épicier, mécanicien vélo, rétameur et réparateur de faïence, il redonnait vie à une soupière de famille, un saladier, ou une grésale (grande bassine en terre ), deux trous et une solide bague de fer et l’objet reprenait sa place. On ne jetait pas à cette époque. Depuis la pièce réservée à l’épicerie on criait : « c’est pour les cartes de bonne année». Gaston arrivait dans un bruit de ferraille ( il était appareillé avec tiges d’acier articulées et boulons) et tirait d’une étagère un grand classeur qui reposait sur les plaques de chocolat « Menier » - Chaque page contenait trois cartes du nouvel an, recouvertes de papier soie. «Ne touchez pas, disait-il, et choisissez maintenant, il n’y aura pas de deuxième présentation » On se crevait les yeux sur les paysages de neige, les bouquets fleuris, on était attiré par les cartes qui étaient embellies d’éclats de verre. Quand le choix était fait, il enveloppait les cartes dans du papier et en y ajoutant les enveloppes, il nous précisait : « Dites à vos parents que les enveloppes, je les offre »
La deuxième séquence des cartes de nouvel an était l’écriture. Ma grand-mère dépliait le journal sur la toile cirée, ouvrait la bouteille d’encre violette, changeait la plume au porte-plume, une plume la Gauloise qui permettait de mieux tracer les pleins et les déliés. Elle ouvrait un cahier aux pages plus ou moins sépias, il contenait les adresses des personnes à qui nous allions envoyer les vœux, certains noms étaient rayés avec la mention DCD. Sur une feuille, elle écrivait le modèle.
A l’occasion de la nouvelle année nous vous envoyions nos vœux de santé et de bonheur. C’était collectif, pour certains il fallait ajouter des vœux supplémentaires. On s’appliquait pour les parents qui avaient envoyé l’an dernier un billet, on grommelait quand il fallait présenter ses vœux à des tantes revêches dont les seuls cadeaux étaient des conseils sur le travail scolaire, le respect des adultes et la politesse. Après relecture par la grand-mère, c’était la mise sous enveloppe où l’adresse avait été calligraphiée par la même grand-mère, on se disputait pour coller les timbres et on attendait le facteur. Il jetait rageusement le paquet de lettres dans son grand sac de cuir, ce jour-là il n’était pas aimable, J’ai appris qu’à son retour de tournée, il devait aider la « receveuse » du bureau postal de Riguepeu à faire le tri et ça retardait son départ pour la chasse !