Qui pourrait croire que la langue gasconne peut desservir les hommes politiques ? C’est pourtant ce qui est arrivé cet été au maire de Bordeaux, ayant accepté , pour un quotidien local, de faire son portrait chinois , c’est-à-dire cette sorte d’interview vieille comme le monde où une personnalité se définit au travers de plusieurs questions posées. Aussi, quand à la fin, son interlocuteur lui a demandé quel était son juron préféré , il a répondu avec une certaine candeur « Hilh de pute…. comme disait souvent mon père ». Malheur à lui, il fut considéré comme un grossier personnage.. Evidemment pour ceux qui fréquentent le sud de la France, ces trois mots n’ont pas le moindre relent de grossièreté. Suivant l’intonation qu’on leur donne , ils traduisent l’étonnement, la colère, l’énervement, la surprise, la stupeur , la violence, etc., comme l’a si bien évoqué le conteur pyrénéen Jean-Claude Coudouly dans l’un de ses sketchs devenu culte . Employer ce mot dans les circonstances qui s’y prêtent , c’est avant tout un signe d’appartenance à un groupe linguistique, sans aucun relent de vulgarité et n’a donc rien d’injurieux .. Mais dans le cas d’un homme politique, donc public, cette exclamation arrivant aux oreilles bien pensantes sans doute mais fort mal informées dans le domaine des langues a été interprétée comme un juron, ce qui a été ensuite repris par certains médias parisiens, surtout par ceux qui raffolent des « petites phrases » mais pas uniquement ... Difficile pourtant de croire que ces journalistes ignorent que l’on ne peut jamais traduire mot à mot une expression populaire ou pas. S’ils voulaient seulement « amener de l’eau à leur moulin », ils doivent convenir que dans cette histoire, ’ils se sont non seulement montrés ridicules mais surtout incultes. Heureusement que l’intéressé ne s’est pas exclamé d’un retentissant « biet d’ase » !