« Lo Jan d’Entrouettos qu’i arribat au cap de l’arrego ». Jean Garros est arrivé au bout du sillon . L’Académie de gascon sera bien triste, début octobre, lors de sa rentrée, la chaise face au milieu de la grande table restera vide. Ce gascon authentique , béret vissé sur le crâne était arrivé , presque sur la pointe des pieds, lorsque l’atelier a été mis sur pied. Outre sa maîtrise parfaite de la langue, on a vite découvert l’érudit qui se cachait derrière la silhouette de cet enfant de la terre, fier de ses origines tout en cherchant à projeter le monde paysan vers un avenir plus gratifiant. Ayant eu la chance de connaître son arrière-grand-mère, élevé dans une famille où la communication entre les générations était primordiale, il rappelait donc avec beaucoup d’aisance et de verve, comme s’il les avait connues, les coutumes de la deuxième moitié du 19ème siècle. Féru d’histoire, histoire locale comme l’histoire universelle et doté d’une mémoire exceptionnelle, il révélait souvent des traditions aujourd’hui complètement oubliées. « Que cau demanda au Garros ! » Combien de fois a-t-on prononcé cette phrase ! Jean Garros était aussi l’un des derniers grands conteurs à la verve intarissable. Impossible de prévoir comment son histoire allait se terminer. Jamais de vulgarité même si beaucoup des choses de la vie étaient souvent suggérées. Difficile également de faire la part de vérité dans ses dires, affirmés avec beaucoup de sérieux derrière ses yeux pétillants de malice. Les gasconades, ça ne s’invente pas, ça se vit ! Il est sans doute le seul à avoir découvert pourquoi le clocher de Barran était tordu ! Ainsi bien des mystères ne lui avaient pas résisté et il aurait eu bien d’autres révélations importantes à nous révéler . Fatigué depuis quelques mois, il avait gardé suffisamment de vitalité pour monter sur scène lors du dernier spectacle de l’association. Généreux , il était toujours prêt à nous faire goûter ses spécialités issues des traditions. Son pâté de sanglier entouré de couennes fait maison ou le brûlot, personne ne les oubliera. La mémoire de Miramont d’Astarac mais aussi de la Gascogne et bien au-delà, est partie trop vite. .Adishats Mossu Garros