Trois artistes réunies par l'Astrada en résidence au collège Gabriel Séailles

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Dernière semaine avant les vacances de Noël et première semaine de résidence pour le collectif d'artistes réunis par l'Astrada.

Rappelons que depuis 3 ans, l'établissement accueille chaque année un artiste en résidence avec le soutien de la DRAC et de partenaires culturels gersois : Chemins d'Art en Armagnac avec l'artiste Ana Vorgan en 2021, Memento avec l'artiste Liis Lillo en 2022, Circa avec l'artiste circassien Philippe Ribeiro en 2023.

Pour la dernière année de ce cycle, c'est l'Astrada de Marciac qui intervient avec non plus un artiste mais trois et quatre semaines de résidence au lieu de deux puis trois les années précédentes.

Nous avons rencontré les différents protagonistes du projet, les trois artistes, Fanny Pagès, la directrice de l'Astrada, Manuel Henon le principal du collège, Sophie Maatougui, professeur d'arts plastiques et porteuse du projet de résidence d'artiste.

Trois artistes, trois disciplines 

Margaux Chamberlin, Marie Delmares, Sophie Bernado

Les trois artistes représentant trois disciplines différentes n'avaient jamais travaillé ensemble jusque-là.

Margaux Chamberlin est plasticienne pour le spectacle vivant et scénographe, elle réalise des décors, fabrique des marionnettes de théâtre d'ombre...

Marie Delmares est comédienne, metteuse en scène et autrice.

Elle est la directrice artistique de la compagnie Les Attracteurs Etranges.

Sophie Bernado est musicienne, elle joue du basson, chante et compose. Sa compagnie s'appelle « L'avis des rêves ».

C'est Fanny Pagès la directrice de l'Astrada qui les a réunies.

Comme elle nous l'a expliqué, elle connaissait bien le travail de chacune : elle avait pu voir le travail de Margaux sur deux compagnies de théâtre d'ombre, Marie Delmares a été accueillie à 2 reprises à l'Astrada et Sophie est une musicienne que l'Astrada accompagne et avec laquelle la structure a déjà mené des projets d'action culturelle.

« Je savais qu'elles pouvaient mettre en dialogue leurs compétences et qu'elles avaient surtout toutes les trois cette compétence de médiation indispensable pour mener cette résidence.

Cette modalité de travail est une première pour nous qui sommes toujours dans l'envie d'expérimenter, d'innover !

Mais c'est un projet que nous n'aurions pas proposé à n'importe quel établissement ; c'était pour nous important qu'il se déroule dans un collège qui avait déjà l'expérience du travail avec des artistes et avec une équipe pédagogique qui montre de l'appétence pour ce type de travail."

Une thématique « déroutante »

Les trois artistes posent d'emblée les modalités de leur résidence : « Le collège est pour nous une sorte de laboratoire dans lequel nous allons construire notre projet avec les élèves ».

En amont, elles se sont rencontrées, ont échangé pour trouver un thème sur lequel elles pourraient croiser leurs trois disciplines.

Le thème d'un banquet participatif a surgi et de là, la question des rituels des cérémonies funéraires a émergé !

« La mort est un sujet tabou dans notre société souvent associé à quelque chose de sombre alors que dans d'autres cultures que la nôtre, la mort peut être traitée de façon beaucoup plus légère, festive, lumineuse, dorée » nous disent-elles.

« Notre idée est d'aborder cette thématique sous l'angle d'une ode à la vie ! »

Les trois artistes se sont inspirées du concept du café mortel né en Suisse à l'initiative de Bernard Crettaz, sociologue et anthropologue suisse qui souhaitait ainsi renouer avec la tradition païenne des repas de funérailles  où les vivants resserraient leurs liens tout en livrant ce qu’ils avaient sur le cœur.

L'idée est que les gens se désinhibent et parlent de la mort, de leur expérience pour l'intégrer dans leur quotidien, cela dans un lieu de partage et d'échange, un lieu qui n'a rien d'intime contrairement à l'expérience de la mort.

Sophie ajoute que c'est aussi une façon de faire un pied de nez à notre société qui met une pression sur les femmes avec cette notion d'éternelle jeunesse qui occulte le processus naturel de vieillissement.

Quand on interroge les trois artistes sur la façon dont les enfants ont pris le sujet, elles répondent en cœur «  à bras le corps ! »

Même si certains ont déjà vécu l'expérience du deuil, ils ont beaucoup moins d'apriori que les adultes et ont intégré l'idée que même si quelqu'un disparaît de nos vies, il continue à vivre en nous.

« Cela a déjà donné lieu à des textes bouleversants, nous disent-elles, notre travail va être de décaler tout cela vers plus de légèreté »

Un travail en cours de construction

Au cours de cette première semaine, les artistes accumulent de la « matière ».

Elles ont déjà construit le fil narratif de la représentation finale qui se présentera sous la forme d'un spectacle vivant - un banquet certainement – qui sera joué en avril.

Les élèves des trois classes de 4e se sont positionnés dans un des trois groupes menés par chaque artiste : le groupe des scénographes plasticiens avec Margaux, le groupe théâtre avec Marie et le groupe des musiciens avec Sophie.

Le premier groupe va réaliser des masques en mélangeant des matériaux colorés et en s'inspirant de cultures différentes.

Le deuxième a commencé à écrire des textes qui seront ensuite mis en voix et en scène.

Le troisième groupe s'occupera de l'habillage sonore des textes mais aussi des interludes musicaux.

Elles ont pour réaliser ce travail quatre semaines, une en décembre, une en février, une en mars et une en avril.

Les élèves de 4e qui sont les classes référentes de ce projet pérenne de résidence bénéficient de 5 heures par semaine avec les artistes.

Toutes les classes sont concernées

Les autres classes ne sont pas en reste comme nous l'explique Sophie Maatougui, professeur d'arts plastiques et référente du projet de résidence.

« La restitution qui aura lieu le jeudi 4 avril à 17 h 15 sera ouverte à tous et elle rendra compte de tout le travail réalisé avec les élèves de 4e mais aussi des réalisations des élèves de 6e, 5e et 3e autour de la résidence dans différentes disciplines.

Par exemple, les élèves travailleront en histoire sur les différents rituels funéraires, sur le cadavre exquis, sur la nature morte...

Chaque pôle disciplinaire s'est saisi de la thématique soit à travers des projets interdisciplinaires soit seul dans sa discipline.

En éducation physique, les élèves proposeront une déambulation pour accueillir le public au portail et le conduire sur un parcours extérieur et intérieur jusqu'au gymnase, lieu du spectacle.

Ce parcours se transformera en espace d'exposition de toutes les réalisations des élèves en lien avec cette résidence »

Un principal prudent mais ravi

Comme nous le dit d'emblée Manuel Henon, principal du collège, son rôle étant d'assurer la sécurité des élèves, sa première réaction devant la thématique choisie a été « attention ! ».

Mais une fois dévoilé l'angle choisi – la légèreté - pour traiter le thème, il a été rassuré par une approche propice à habituer les enfants à vivre avec cette réalité, une approche qui peut leur faire du bien.

Il souligne surtout la richesse du projet pour les élèves : « Jusque-là, les élèves bénéficiaient de l'intervention d'un seul artiste. Cette année, la présence de trois artistes de disciplines différentes va permettre aux élèves de se retrouver et de s'impliquer plus rapidement et plus facilement dans le projet, un projet qui permet aux élèves de dévoiler d'autres facettes de leur personnalité."

Un projet appelé à se poursuivre

Ce projet de résidence piloté par la DRAC arrive à son terme avec la 4e année.

Mais l'envie de l'équipe pédagogique est de poursuivre ce projet pluridisciplinaire qui prend chaque année de l'ampleur.

Le principal a déjà plusieurs pistes qui permettraient de le poursuivre dans un autre cadre.

A suivre...

Fanny Pagès, Margaux Chamberlin, Marie Delmares, Sophie Bernado, Sophie Maatougui, Manuel Henon

Crédit photos : François MACE 

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