La mode du XVIIe siècle au Festival d'Artagnan à Lupiac le 13 août 2023

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Tout l'éventail des costumes de la noblesse et du Tiers État

Cet article est consacré au défilé de mode de « La garde-robe du XVIIe siècle », thème du Festival d'Artagnan le dimanche 13 août à Lupiac.

Un autre article reviendra sur les autres animations et le déroulement du Festival qui a accueilli une grande foule de visiteurs.

Lupiac, lieu de naissance de d'Artagnan, village de 307 habitants, poussé par son maire Véronique Thieux-Louit et animé par l'association D'Artagnan chez d'Artagnan, réalise depuis 2012 un superbe Festival d'Artagnan, de plus en plus couru : cette année, 3 600 entrées payantes et 900 enfants de moins de 12 ans ont été enregistrés !

Cette réussite est due au dévouement de nombreux bénévoles et à la participation de tout le village, qui revêt chaque année les habits du XVIIe siècle.

Le thème de cette année

C'est l'association D'Artagnan chez d'Artagnan qui a la lourde charge d'organiser le Festival. Et, parmi ses ateliers, l'atelier « couture » est responsable de la réussite du défilé de mode.

   Anne Couturier commente le défilé ; devant elle, Alina

Il a fallu 8 mois de travail et de passion aux couturières de l'atelier, patronnées par Anne Couturier, pour créer les 25 costumes sur mesure pour les mannequins improvisés qui allaient présenter la garde-robe des Français sous les rois Louis XIII et Louis XIV. De plus, « dans l'association, ce travail suscite de nouveaux projets autour de la couture et de la mode », nous dit Lucas Aklil, coprésident de D'Artagnan chez d'Artagnan.

Anne Couturier, professeure de couture spécialisée dans les costumes d'époque, avait lancé l'atelier en 2012, pour le premier Festival qui allait avoir lieu la même année.

   En 2013, Anne Couturier montre un pourpoint

Cette année, elle a présenté les mannequins et leurs costumes au public sur la place d'Artagnan et elle a fait une conférence sur le même sujet. Présentation et exposé, très complets, qui ont dû lui demander des recherches et un travail considérables. L'intérêt suscité est en proportion. Ce sont ses données – un peu abrégées - qui sont reprises dans cet article.

Aristocrates, écrivain public, couturière, crieur, nourrice, musiciens ou vendeur de plumeaux et même madame de Sévigné, sans oublier l'illustre mousquetaire enfant de Lupiac : ils sont tous là.

Présentation des modèles et des mannequins par Anne Couturier

Costumes Louis XIII : grâce et simplicité élégantes. Philippe et Marie-France représentent les nobles de l'époque.

   Philippe et Marie-France

Pour Philippe, chemise de soie légère, bas blancs, hauts-de-chausses (pantalon) et pourpoint à basques à épaulettes.

Pour Marie-France, chemise, premier jupon (la secrète), corps piqué (corset), une jupe de soie verte (la modeste) et un corsage à basques.

Dentelles blanches aux cols et aux poignets.

  Cheryl

Costume (anglais) inspiré par la mode française : Cheryl porte la tenue de la duchesse de Bedford au XVIIe siècle : un chemise de soie, un jupon, un corps piqué, une jupe moirée bleue (la modeste) et un corsage à grandes basques (tassettes).

Costumes de la 1ère période Louis XIV (1640-1670 : la simplicité est abandonnée.

   Perrine et Guillaume

Guillaume porte la rhingrave (sorte de jupe-culotte) avec beaucoup de rubans en cascade. Sous ses genoux, les canons (cônes de lingerie attachés par une jarretière) ; les hauts-de-de-chausses ont raccourci et sont plus amples ; la chemise est ample et bouillonne par-dessus la ceinture de la rhingrave ; le pourpoint a la forme d'une brassière à manches courtes ; le grand col Louis XIII est là : il se transforme en rabats.

Perrine porte une chemise, un corps piqué (corset) avec un busc (baleine qui le maintient sur le devant) et un jupon ; la taille est plus basse ; le corsage se termine en longue pointe sur le devant de la jupe ; comme pour Guillaume, les manches sont larges mais courtes, pour laisser passer les manches de la chemise ; important : la superposition de jupons a disparu pour une seule jupe montée avec de gros plis sur les côtés et à l'arrière ; comme pour Guillaume, les rubans marquent le rang dans la société.

   Émeline

Émeline, qui représente Madame de Sévigné, porte une tenue typique de femme de lettres de la fin du XVIIe siècle. Sa toilette élégante et gracieuse reflète la distinction d'une femme qui tient salon, protège les arts et les lettres.

Elle porte une ombrelle et un éventail : les dames de son rang devaient garder le teint blanc. Elle a une chemise, un jupon, un corps piqué et un corsage aux manches raccourcies pour laisser voir la chemise et ses dentelles. Un manteau (ou traîne) est cousu au bas du corsage. Sa longueur dépend de la qualité de la dame. Il était, le plus souvent, relevé sur les côtés en faisant de petits bouffants.

Les costumes de la fin du règne de Louis XIV

  Jean-Marie et  Annie

Jean-Marie porte un costume à la française de cette époque : la rhingrave disparaît et les hauts-de-chausses s'allongent et s'affinent. La brassière devient « la veste » (le gilet) et le justaucorps remplace le manteau. Le justaucorps est de plus en plus étroit. C'est un vêtement militaire (la naissance de l'uniforme a lieu sous Louis XIV), qui devient la pièce principale du costume civil. On abandonne les frivolités du début du règne du Roi-Soleil. L'ensemble hauts-de-chausses/veste/justaucorps devient la norme. Il évoluera vers le costume trois pièces moderne (pantalon/gilet/veste).

Annie porte une tenue inspirée de celle de Madame de Maintenon, qui épousa Louis XIV : c'est une superposition de couches. Il y a toujours la chemise, le corps piqué et le jupon. La jupe est en tissu très décoré. Sur la pièce d'estomac (destinée à dissimuler le devant du corps piqué) est épinglé un manteau. Il y a beaucoup d'épingles, ce qui empêche les femmes de haut rang de s'habiller seules.

   Monsieur le marquis

Guy Dubuc : Monsieur le marquis porte un ensemble pantalon-veste-justaucorps très confortable.

   Guy Dubuc avec Daphné du Barry (sculptrice de la statue équestre de d'Artagnan)

Maria a revêtu une tenue de chasse, adaptée à la monte en amazone, issue de l'ensemble pantalon-veste-justaucorps, mais un jupon remplace le pantalon.

   Maria

Elle a une chemise, un corps piqué, un jupon, avec, par-dessus une large jupe pour couvrir la selle et le dos du cheval. Et aussi une veste et un justaucorps à large parement (revers), dit « en oreille de chien », ouvert dans le bas du dos pour faciliter la montée en selle. Les tissus : laine et velours de couleur rouge, vert ou marron.

   Deux des Milady et Quentin (photo Hervé Pagès)

Les musiciens : Quentin porte une chemise, une culotte resserrée sur le genou, une veste à la française et un justaucorps de toile, plus confortable que les lourdes soieries de la noblesse.

  La troisième Milady (photo Hervé Pagès)

Les 3 Milady (chanteuses) portent des tenues richement décorées : chemise, corps piqué, chemise aux larges plis resserrés autour de la taille, une pièce d'estomac et un manteau.

   Melanie et Ramona

Les dessous des dames

Melanie et Ramona présentent les dessous portés par les dames du XVIIe siècle. Le premier vêtement sur la peau était une chemise longue et ample au décolleté variable, suivant la robe portée par-dessus. Puis venait le corps piqué en grosse toile solide. Melanie porte un « blanc corset », c'est-à-dire pas entièrement baleiné, plutôt porté par les femmes du peuple.

Ramona porte un corset de noble, à moitié baleiné, fait d'un tissu plus raffiné. Il compresse moins la poitrine que le corset de cour.

Sur les hanches, elles portent un petit boudin, le vertugadin (il conserve la vertu !).

    Marie-France (photo Hervé Pagès)

La couturière

Marie-France porte la tenue d'une couturière du début du XVIIe siècle. Une tenue qui paraît simple, mais ne l'est pas. Certes, elle porte chemise, corps piqué et jupon, jupe de couleur assortie au corsage garni de grandes basques et noué sur le devant.

Mais ses manches sont complexes : elles sont entièrement tailladées, formées de lamelles de tissu rassemblées autour du poignet Et une autre manche se superpose de la même couleur que le corsage.

   Gravure d'époque où l'on voit les manches tailladées de la couturière  (image tirée de la Gazette de Lupiac)

Et Anne Couturier conclut : « Elle ne fait peut-être pas partie de la noblesse ou de la bourgeoisie, mais elle sait être élégante ».

   De gauche à droite : la laitière, le crieur, l'écrivain public et la couturière

L'écrivain public

Antoine a un costume typique de la fin du XVIIe siècle : culotte-veste-justaucorps ; ses matériaux et ses formes sont plus simples que ceux des nobles mais plus raffinés que ceux du peuple ; les larges godets tombant sur les reins en sont un exemple : « plus il y a de tissu, plus vous êtes riche ».

La culotte est en velours et le justaucorps en toile grossière ; le tissu damassé du devant du gilet donne un aspect riche au costume.

Le crieur

Jean-Pierre est habillé comme les crieurs sous Louis XIII : chemise, pourpoint simple à grandes basques et hauts-de-chausses. Le tout de couleur neutre : « la majorité des gens du peuple était habillée dans les couleurs marron, beige ou grise ».

   La fleuriste, la fermière et la laitière (photo Hervé Pagès)

La fleuriste

Mireille représente une vendeuse de fleurs vêtue d'habits de couleurs gaies, aux formes pratiques lui permettant de travailler sans être gênée : une une chemise, une jupe et un corsage à basques boutonné sur le devant.

La femme du peuple classique

Évelyne porte une tenue de l'époque de Louis XIII : chemise, jupe et corsage à grandes basques et larges manches ; le corsage est boutonné devant pour plus d'aisance.

La laitière

Isabelle, elle aussi, a une tenue pratique : chemise, jupe et corsage à manches longues retroussées.

Les paysans, artisans et ouvriers

Alina et Veronica portent une cotte. C'est une robe d'allure médiévale portée par des femmes du peuple pour les travaux physiques, en tissu robuste avec un long laçage devant. Une couture à la taille relie le haut et le bas. Les manches sont amovibles.

  La fermière et le vacher

Pierre représente un vacher habillé en paysan du début du XVIIe siècle : un pourpoint à basques et de larges hauts-de-chausses.Les hommes portent le pantalon large ou bouffant et la veste (ou le pourpoint) lâche boutonné ou serré par des cordons. Les manches sont plus serrées et se terminent par un petit poignet. Pour les souliers, on préfère aux bottes des petits souliers à brides.

   La nourrice et le vendeur de plumes (photo Hervé Pagès)

La nourrice

Pita représente la nourrice. Elle porte un corset lacé sur le devant pour faciliter l'allaitement, un tablier brodé et une coiffe. Les manches sont amovibles. Anne Couturier nous dit : « la nourrice de qualité n'a la taille ni trop grasse, ni trop maigre, la chair ferme et les rousses sont préférées aux brunes et aux blondes. Il faut des femmes à la poitrine carrée, bien croisées d'épaules [les épaules droites?], avec de bonnes et vives couleurs ».

Le vendeur de plumes

Xavier porte une tenue de vendeur de « houssouers » (balais de plumes) avec une tige de houx. Les ramoneurs « houssaient » les cheminées.

   D'Artagnan et sa suite arrivent à Lupiac (photo prise en 2022)

D'Artagnan

Le héros gascon porte « la casaque bleue aux couleurs du roi, galonnée d'argent et doublée de rouge, brodée de la magnifique croix des mousquetaires de la maison du roi sur le torse, dans le dos et sur les manches.(…) En civil, (les mousquetaires) portaient une chemise, une culotte ample et un pourpoint galonné d'argent pour rappeler leur appartenance à la maison du roi ».

   Ce défilé vaut bien une révérence, par Veronica !

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