JDG. Un calendrier 2023 bien rempli pour les Ecologistes, leur prochain nom pour une écologie fédératrice et unie, un terme fédérateur pour tous les écologistes qui se trouvent dans un parti ou pas ?
FA. Nous sommes sur tous les fronts, mobilisés sur des sujets nationaux, locaux et sur la refondation de notre formation politique EELV.
JDG. Récemment vous manifestiez dans les rues d’Auch. Quelle est votre position sur le projet de réforme des retraites ?
FA. Quand on est pour la justice sociale, on doit s'opposer à ce projet de réforme des retraites, qui en l'état va amplifier les inégalités existantes.
En repoussant l'âge légal de la retraite, cette réforme va mettre plus longtemps au travail des personnes déjà usées par des métiers difficiles (ouvriers, aidants...). Les mêmes catégories professionnelles dont l'espérance de vie est de 7 ans inférieure à celle des cadres.
Elle va pénaliser durement la moitié de la population française, c’est-à-dire les femmes qui ont eu une carrière discontinue. Avec la réforme les femmes vont devoir travailler plus longtemps pour obtenir les pensions les plus faibles parce que leur carrière est plus hachée que celles des hommes.
Je pourrai citer d'autres injustices, celle faite aux jeunes générations qui devront attendre avant de succéder à l'emploi de leurs aînés contraints à travailler plus longtemps.
Ce projet de réforme des retraites passe à côté de l’essentiel : les différences de salaire de référence et la durée validée qui est à l’origine des écarts de retraite entre les hommes et les femmes ; parce qu'il est mal préparé, précipité, et motivé par une logique purement financière au motif que le système de retraite serait en danger. Ce qui n'est pas le cas dixit plusieurs économistes.
Cette obstination du gouvernement aurait été plus justifiée à défendre le climat dans un équilibre vivable pour toutes et tous qu’un mauvais projet de réforme des retraites.
Pour nous, le climat et la retraite, c'est un même combat. Nous appelons donc à la mobilisation du 7 mars organisée par l'intersyndicale pour la justice sociale et la solidarité.
JDG. Evoquons quelques-uns de vos combats locaux.
JDG. Le centre de tri à Masseube.
FA. La position des écologistes est très claire, nous pensons que le centre de tri existant à Auch Lamothe doit être mis aux normes car il est plus accessible aux camions que ne le serait celui de Masseube. Ce dernier est mal situé, sur des terres inondables et aux portes du village. Je peux aussi parler d’un projet disproportionné dont l’aménagement serait trop dispendieux pour les contribuables. Il faudrait en finir avec ses méga projets dont la rentabilité, qui est encore à prouver ici, nuirait à l'environnement, et au cadre de vie. Et les friches sont assez nombreuses pour en ajouter d'autres. Quant à l'argument de l'emploi, nous avons déjà donné avec l'autodrome de Nogaro, où sont donc les 350 emplois promis aux gersois en 2008 ? La chambre régionale des comptes vient de nous conforter dans nos positions en proposant d'arrêter la gabegie financière pour ce circuit automobile. Souhaitons que notre alerte sur le centre de tri interdépartemental de Masseube soit entendue plus vite. Nous réaffirmons notre soutien à l'association "protégeons Masseube, ville verte" qui porte une contre-proposition constructive.
JDG. La ressource en eau.
FA. Je ne suis pas opposée aux petites retenues collinaires mais la question qui se pose est de savoir comment les remplir quand il ne pleut pas assez. Nous vivons chaque année des épisodes de sécheresse de plus en plus difficiles qui devraient être anticipés par une transformation en profondeur de nos usages et de nos pratiques pour y faire face. Au lieu de ça on mobilise toujours plus la ressource pour s'adapter à sa diminution structurelle alors que ça n'est pas tenable. Il ne suffit plus de penser uniquement la pénurie d'eau, il faut réfléchir le déséquilibre entre les besoins et la ressource en eau et interroger le partage de ce bien commun pour satisfaire les besoins humains, agricoles, celui des animaux, des végétaux, des milieux naturels. Et nous devons aussi disposer d'une eau de qualité, sa préservation est une priorité.
JDG. L'hôpital d'Auch.
FA. Je lis dans la presse une délocalisation du centre hospitalier à Pavie ou à Montégut mais pourquoi ne pas le moderniser ou envisager une création sur ce même site considérant l'espace disponible. Je compte sur l'intelligence collective où l'intérêt général l'emporterait sur l'intérêt particulier de certains. Il est nécessaire de mettre autour de la table, si ce n'est déjà fait, toutes les parties dont les premiers intéressés qui sont les soignants de notre hôpital pour partager sur le devenir de ce service public qui doit rester accessible à toute la population. Et d'en tenir informé les Gersois concernés.
JDG. Pouvez-vous nous parler de la refondation de votre mouvement lancé par Marine Tondelier.
FA. Le 9 février notre Secrétaire Nationale Marine Tondelier a lancé les états généraux de l'écologie visant à refonder en 150 jours notre mouvement pour le rendre plus démocratique, plus ouvert, et plus participatif. Le processus consistera en une première phase d'écoute jusqu’à début mai avec une grande enquête en ligne sur lesecologistes.fr qui est ouverte à toutes et tous en qui vit l'écologie. Il y a aussi un espace dédié aux contributions. Des actions locales et des ateliers, dans le Gers et partout en France, sont également prévus pour écouter et construire cette refondation. Et pour la deuxième phase, « une convention citoyenne » qui réunira une assemblée de membres tirés au sort parmi les participants de la première pour préparer la refondation du parti. Et pour aboutir en juin sur une grande convention de refondation pour valider la nouvelle feuille de route.
Je remercie le Journal du Gers de m'avoir interviewée.
Propos recueillis par Bernard Magnat.