Le printemps en hiver ! Ils sont loin les hivers d'antan...

Capture d’écran 2021-12-18 220716.jpg

En ce moment le matin lorsqu'on se lève, on voit déjà  le soleil éclairer  la colline et on peut  sortir avec un simple pull sans craindre froid.

Et tout au long de la journée, on croise des personnes légèrement vêtues avec des chemises aux manches retroussées, parfois même des bermudas et tee-shirts !

Seules les personnes âgées enfilent encore un manteau.

Tout cela a des airs de printemps.

Où sont passés les hivers d'antan ?

Les anciens peuvent vous en parler car ils ont connu les rudes hivers aux températures négatives.

Un agriculteur qui avait un grand thermomètre "Potasse d'Alsace" l'avait placé à l'Ouest de son bâtiment et nous disait : « J'ai vu une fois le thermomètre rester entre  0 et moins 10 pendant 10 jours !"

En effet, le froid était parfois tellement intense qu'il fendait les arbres comme cela avait été le cas chez moi pour un arbre qui avait été fendu comme d'un coup de hache

A la ferme, il fallait prendre des mesures.

Les bêtes restaient enfermées dans l'étable attachées avec de grosses chaînes ; on les alimentait en foin et en fourrage par le trou du fenil.

Elles ne sortaient que pour boire car il n'y avait pas d'abreuvoir automatique.

On les sortait par groupes de 3 ou 4 selon leurs affinités. On les détachait pour qu'elles puissent aller boire mais elles ne se faisaient pas prier pour regagner l'étable.

Auparavant, nous avions cassé la glace de la mare avec une grosse masse en bois.

A l'étable, elles étaient bichonnées. on leur portait de la paille.

Parfois on les tondait car leur poil devenait trop long. Il fallait aussi  leur enlever les vers sous la peau qui trouaient leur cuir.

Quand un maquignon voyait que la peau était percée, il vous faisait baisser le prix car le cordonnier ne donnerait pas cher de la peau.

Mon grand-père tirait le lait, les chats qui connaissaient l'heure étaient présents guettant une giclée de lait.

Il fallait nettoyer l'étable, enlever la paille souillée, la remplacer...

Pour attirer les poules hors du poulailler, ma grand-mère sortait avec son tablier relevé rempli de grains qu'elle éparpillait dans la cour.

Elle libérait aussi les canards qui se précipitaient vers la mare pour y plonger comme à l'accoutumée...mais se heurtaient à la glace et  se lançaient dans des séances de patinage !

Le travail à la ferme était réduit.

On avait un atelier où l'on fabriquait des mangeoires, des bacs pour les fleurs.

On allait aussi dans les prés couper les haies qui les envahissaient.

Malgré les températures glaciales, il fallait aller aussi  à l'école !

Nous étions très bien équipés : plusieurs épaisseurs de "tricot"  tricoté main par la grand-mère, une grande cape et on chaussait  les socques en bois dans lesquelles on mettait de la paille ce qui faisait une couche supplémentaire. La semelle en bois était ferrée pour éviter les glissades.

Nous enfilions des mitaines et le bonnet remplaçait le béret.

Sur le chemin, on croisait Petiton, un ancien déjà levé qui trouvait toujours  la température très supportable !

Pour se rendre à l'école, il fallait emprunter les chemins de pierre sur lesquels les sabots retentissaient.

On se montrait attentifs à la végétation transformée par le givre et la neige.

Sur les plaques gelées sur le bord du chemin, on s'amusait à glisser sur les fesses.

Pendant ce temps, l'horloge tournait, nous étions attendus mais la maîtresse savait que la route était dure...

Quand nous arrivions à l'école, la grande salle unique nous paraissait bien chauffée même si un seul poêle Godin en fonte  trônait en son centre, un poêle qu'on alimentait en bois le matin.

L'institutrice nous rassemblait autour du poêle, c'était le moment de la morale autour de la phrase du jour comme "Qui vole un oeuf, vole un boeuf" ou "Qui aime bien châtie bien "...

Puis nous nous mettions au travail.

Le soir, le retour à la maison était beaucoup plus rapide que l'aller car nous avions hâte de regagner le coin du feu !

Le dépouillage du maïs et le tue cochon étaient des manifestations qui agrémentaient cette période hivernale et donnaient lieu à de sympathiques soirées autour du feu.

Pierre DUPOUY

Dessin-titre : Pierre Delinière 

Publicité
Suggestion d'articles
Suggestion d'articles