Dans le cadre du festival Street'Art'Magnac, vendredi dernier a eu lieu à Lannepax l'inauguration de huit fresques sur toiles tendues, des toiles géantes de 6,50 m sur 3 m réalisées par quatre artistes de renom, Panda Man, Naga, Kalouf et Licea.
L'inauguration a eu lieu en présence du député David Taupiac, de la maire de Lannepax, Patricia de Hondt, de la présidente du festival Nicole Dauguin, de Jérôme Delord ainsi que des habitants et visiteurs.
De gauche à droite, David Taupiac, Jérôme Delord, Naga, Patricia de Hondt, Kalouf, Nicole Dauguen, Panda Man et Licea
Les quatre artistes, Panda Man, Kalouf, Naga et Licea ont pu présenter leurs œuvres réalisées recto verso.
Panda Man et Kalouf ont travaillé à la bombe tandis que Naga et Licea ont travaillé au pinceau avec deux techniques différentes.
Ces fresques ont été réalisées du lundi 24 au vendredi 29 octobre en présence des habitants et visiteurs qui ont assisté en direct au travail des artistes.
Elles devaient rester en place jusqu'à la fin du mois mais les intempéries de vendredi ont contraint les organisateurs à les retirer.
Peut-être seront-elles remises en place ou exposées ailleurs.
En attendant, Panda Man est revenu pour Le Journal du Gers sur son travail et sur celui de ses collègues.
Sur le recto de sa toile, Panda Man a représenté un portrait en noir et blanc sur un fond spontané dans un camaïeu de bleu.
Le portrait est réalisé à partir d'une photo et demande une exigence de reproduction qui contraste avec la spontanéité du fond.
Le fond a en effet été réalisé à partir des gestes basiques voire primaires du graffiti qu'il a accumulés dans une intensité gestuelle pour obtenir ce fond abstrait mais énergique qui contraste avec le visage posé et calme de la petite fille représentée dans une pose innocente.
Quant au choix du bleu, c'est la couleur dans laquelle l'artiste se sent bien actuellement !
Le verso représente un œil dans un triangle entouré d'un flot graphique.
Si la première œuvre a été réalisée à partir d'une maquette, la deuxième est purement spontanée.
Les œuvres de Kalouf
Comme Panda Man, Kalouf a travaillé à la bombe.
L'artiste lyonnais a représenté sur le recto de sa toile une écrevisse robotique.
Il aime mettre en avant des animaux parfois des espèces méconnues et alerter ainsi sur leur sort.
Cet animal hybride est un questionnement sur l'avenir du genre dans la mesure où l'on pourrait être amené à le rencontrer un jour si le monde continue à évoluer comme il le fait.
Sur le verso, il a représenté un orang outang coiffé d'un chapeau.
Tiré de son bestiaire habituel, cet animal est souvent représenté humanisé par un chapeau ou un habit.
Les œuvres de Naga
L'artiste de Rennes travaille au pinceau et avec de la peinture en pâte.
Le recto de sa toile est une création figurative qui fait penser aux toiles des maîtres du clair-obscur.
La nature morte du verso est en fait le tableau qui figure en haut à gauche de son œuvre principale.
Les rats présents sur les deux toiles sont symboliques : ils annoncent une catastrophe imminente comme on a pu le voir maintes fois dans l'histoire.
Si l'on observe de plus près les deux œuvres, on note des sortes de petits pictogrammes traités de manière graphique introduits comme une sorte de réalité superposée.
Les œuvres de Licea
La figure féminine du quatuor, c'était Licea la Parisienne.
En septembre, elle avait participé à l'EstanGraff dans le cadre des journées du patrimoine.
Licea travaille au pinceau avec une peinture très diluée.
Elle procède par superposition de couches et les couleurs se mélangent de manière optique.
Les coulures sont maîtrisées et dirigées.
Sur le verso de sa toile, elle a représenté deux cerfs avec des bois en lévitation entourés d'un halo qui confère à l'oeuvre une atmosphère magique voire fantastique.
Au verso, ce sont des poissons qui sont autant de prétextes pour s'amuser avec les courbes et jouer avec la peinture liquide.
Interrogé sur les réactions du public au cours de cette semaine, Panda Man s'enthousiasme de l'accueil chaleureux que les artistes ont reçu.
Les habitants étaient heureux que la place du village retrouve la vie qu'elle connaissait il y a de cela des années quand les commerces étaient nombreux.
Il en était persuadé mais cette semaine lui a permis de confirmer que la peinture est un formidable vecteur de lien social.
En effet force est de constater qu'au-delà de leur valeur artistique, les fresques servaient aussi de de prétexte à ce que les gens se rencontrent, discutent sur les œuvres puis sur tout autre sujet...
Une initiative à saluer et à encourager pour mettre de la couleur et de la vie dans nos villages de campagne !