Où mieux qu'à Sainte-Christie-d'Armagnac pourrait-on fêter le matériau qui a été à la base de la construction et de la création de vaisselle pendant des millénaires ? Où mieux qu'en ce village qui possède le plus important rempart en terre crue de toute l'Europe ?
L'idée de fêter la terre à Sainte-Christie-d'Armagnac est donc parfaitement naturelle et elle a attiré le public.
Atelier de torchis
Des ateliers de torchis, de poterie, de carrelage médiéval accueillent les visiteurs. Des ateliers pour les enfants sont prévus (poterie, archéologie). Ainsi qu'une table ronde sur les bienfaits de l'argile. Le professeur d'archéologie Alain Champagne fait une rétrospective des fouilles entreprises dans le village. Un concours d'artistes met en présence 20 œuvres inspirées par la terre, exposées à l'église. Pendant qu'une campagne de fouilles archéologiques bat son plein dans l'église et à l'extérieur de celle-ci.
Christian Baur
L'utilisation de la terre dans la constructions
C'est Christian Baur, spécialiste de la maçonnerie en terre crue et en pierre qui donne une conférence sur cette activité qu'il pratique depuis des décennies. Il insiste sur le fait que la construction en terre pouvait être pratiquée par tout le monde autrefois (il n'est pas nécessaire de disposer d'une main-d’œuvre spécialisée) et qu'elle ne coûte pas cher :
Mur en pisé (document projeté par Christian Baur)
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pour bâtir en pisé (1), on choisit de la terre un peu humide mais pas trop, pour pouvoir la compacter et éviter le gel.
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pour bâtir en adobes (briques de terre crue), on utilise un mortier d'argile et eau, éventuellement additionné de chaux,
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pour l'isolation et pour les murs non-porteurs, on utilise le mélange terre-paille (un peu de terre, beaucoup de paille) dans une ossature de bois.
Christian Baur vient travailler àla reconstruction du four à pain
Christian Baur souligne que l'idée de certains bâtisseurs actuels de recouvrir les murs de terre d'un crépi aboutit à empêcher la remontée capillaire de l'humidité qui remonte du sol et à l'empêcher de s'évaporer.
Un mur en terre crue doit avoir une épaisseur d'un dixième de sa hauteur. S'il a 5 m de haut, il doit donc avoir 50 cm d'épaisseur (70 cm s'il fait 7 m etc.).
Les bénévoles reconstruisent le four à pain
Remontage d'un four à pain
Il reste le haut du four à terminer
Des bénévoles du village, avec les conseils de Christian Baur, reconstruisent un four à pain récemment donné et démonté.
Il est construit en briques plates et mortier d'argile avec beaucoup de soin. Un plancher réfractaire blanc est ajouté. La reconstruction n'est pas terminée à la fin du week-end, mais le plus gros est fait.
On aperçoit les gbarits en contreplaqué qui brûleront avec la 1e chauffe
Rétrospective des fouilles
Le professeur Alain Champagne
Le professeur Alain Champagne explique dans le détail les fouilles effectuées près de la motte castrale et dans les espaces près du Castet et dans le Castet. Dans celui-ci des silos ont été trouvés (ils ont été comblés au XVIIe siècle). De la vaisselle a été trouvée. Un four a été détecté dans le sol entre le Castet et la Manse, là où se trouvait un bâtiment aujourd'hui disparu. Les recherches ont montré que le fossé de la motte castrale avait été comblé avec de la terre apportée.
Coupe du fossé de la motte castrale ; en bleu, la terre rapportée (document projeté par Alain Champagne)
Dans le Castet lui-même, des fresques intéressantes ont été découvertes sous un enduit au-dessus d'une cheminée. Elles représentent principalement des armoiries et elles sont encore à l'étude.
En haut à droite, structure du rempart de terre crue (document projeté par Alain Champagne)
Les fouilles actuelles cherchent s'il n'y a pas dans l'église et/ou à l'extérieur de celle-ci des sépultures mérovingiennes ou carolingiennes.
Le conférencier montre la structure du rempart de terre du Castet.
Concours d'artistes
Tête du cheval El Kebir en grès (prix du public)
Thierry Saint-Martin, maire de sainte-Christie-d'Armagnac, est heureux de voir que le public participe largement à la fête. Qui a été organisée par Les Amis du Castet (Lionel Aragnouet) et Océane Gougeon, jeune du Service civique. Le maire souhaite à cette dernière un très bel avenir.
Berger aux fleurs (2e prix du jury) de Christine Alias
Puis Marc Debets, enfant du pays et entrepreneur à Paris, de qui vient l'idée du concours d'artistes et qui l'a doté, proclame les résultats de celui-ci : Brigitte Chantriaux obtient le Prix du public pour sa tête du cheval El Kebir en grès. Le 1er Prix va à Bernard Brochard, le 2e à Christine Alias et le 3e à Claire Teissier.
Orang-Outang (3e Prix du jury) de Claire Teissier
"Le Minotaure" (1er prix du jury) de Bernard Brochard
(1) Maçonnerie faite avec de la terre argileuse et des cailloux, que l'on comprime sur place dans un moule fait de deux banches (planches). (2) Briques de terre crue avec un peu de la paille, moulées dans un cadre de bois et séchées au soleil.
N.B. - Sur la photo du haut de page : à l'église les 5 gagnants du concours ; à droite Océane Gougeon ; en arrière-plan le maire, puis Marc Debets, Aimé Mathieu et Christophe Jankowiak de la Fondation du Patrimoine.