Hommage à Henri par Jean-Michel Justumus président du RCA.
Après les différentes prises de paroles de la famille, enfants, petits-enfants , anciens du FCA, ecclésiastiques, c’est l’hommage rendu par Jean-Michel Justumus président du RCA que nous avons retenu. Après avoir salué les « autorités » et toute la famille et les nombreux amis qui ont empli la cathédrale Ste Marie, il est le dernier à s’exprimer avec beaucoup d’émotion :
« La famille du rugby d’Auch est en deuil, l’un de ses plus grands et plus fidèles membres actifs nous a quittés samedi après des semaines de souffrance pour lui et pour toutes et tous. Henri est une figure de la ville, de sa ville, rouge et blanc, une figure que son club rouge et blanc, le FCA ces deux couleurs dont il a souhaité que son cercueil soit recouvert. Nous sommes des centaines dans cette cathédrale, au cœur de la ville, venus vous soutenir dans cette épreuve.
Votre Henri chéri est un peu le nôtre aussi. Henri, tu as passé plus de 70 ans de ta vie avec le rugby, dans le rugby, dès le début des années 50 sans interruption.
C'est à 200 m d'ici qu'en 1963 tu as pris ton envol professionnel : « Henry sport » devient rapidement le lieu de rencontre de tous les sportifs et de tous les sports. Pendant 30 ans, tu vas littéralement trôner sur cette place au milieu des Fouga, des Feau, des Rancon, des Fouroux, nous y étions aussi. La place de la cathédrale et la rue Dessoles, ton père René le maire de Montaut charcutier à Auch, Jojo Lamothe l'épicier, Jean-Jo les journaux, Claude Lafitte le restaurant … Pendant 30 ans pour aller à la préfecture, au commissariat, au lycée Salinis , il faut passer plusieurs fois tous les jours devant chez toi, incontournable passage ! Ceux qui passent s'arrêtent, blaguent, achètent un article, parlent rugby, refont les équipes et les matchs.
Quand tous ces bavards emplissent ton magasin, tous les poussent sur le trottoir, ils ne s'en vont pas loin, chez Jean Jacques France et reviennent toujours. Le samedi quand le grand marché se termine vers 16h, on empêche les voitures de se garer sur la place, on sort les ballons pour jouer à toucher jusqu'à 20h ou 21h00, on tape des drops par-dessus les grilles de la cathédrale, parfois on casse quelques vitres.
Dans ces années tu as le rugby au cœur, au FCA.
Tu commences à Mathalin au début des années 50 et en 1956 tu es l'un des premiers à jouer au nouveau stade du Moulias avec Jean Brouqueyre, Christian Elorza, Pierre Verdier, Jean Le Droff, Jojo Massart et Dall ’Ava et d'autres historiques du FCA.
Pendant 15 ans tu es titulaire inamovible en équipe première, pendant 10 ans tu fais partie du classement des meilleurs arrières de France sélectionnés par Midi Olympique, international France B, international militaire au bataillon de Joinville avec Antranick et Walter, pas besoin de donner les noms vous les connaissez. Dès la fin de ta carrière tu joues avec les anciens du FCA, les Lions d'Armagnac, tous les dimanches matin au Bourrec ou rive droite. Puis tu te mets en tennis où ta technique fait merveille comme en rugby, tes jambes, ton mental de grand sportif, de gagneur, de râleur aussi car tu n’aimes pas perdre.
En dehors du terrain tu es un homme charmant, charmeur, grand cœur, accueillant, au service des autres, tu entraînes les jeunes du FCA, les cadets, les juniors, tu manages l'équipe junior de 1988 championne de France, ils sont là avec leurs maillots amenés par Thierry Labric. Tu entraînes les enfants de tes copains puis les tiens et un peu plus tard tes petits enfants : quelle incomparable réussite ! Après Arnaud est arrivé, Arthur et maintenant Max. Tu les suis partout, tu les regardes à la télé, tu les conseilles, tu ne manques pas un de leurs matchs. Ils sont là et tous ont connu le grand frisson de l'élite, des titres, des sélections, des maillots frappés du coq, la Marseillaise. Dimanche dernier tu as manqué le match des Bleuets où jouait Max , les moins de 20 ans, tu t'étais endormi la veille pour toujours.
Henri je vais terminer par ton dernier rôle, un très beau rôle, comme les précédents celui de dirigeant : après avoir joué, entraîné, managé, tu es devenu à l'été 2017 l'un des historiques septuagénaires et ancien du FCA, qui en ont accompagné, poussé la création du RCA, avec des amis Bernard Salam, Pierre Ramoneda, Jean-Claude Fouga, Antranick Torossian, Jean Jacques Lalanne. Au comité directeur ta présence, ton expertise, ton charisme, ton sourire, ta présence rassurante, tes conseils avertis, ton souci du détail, de la passe ajustée, du jeu du pied gauche et du pied droit, ont fait notre bonheur.
Sans fioriture, sévère mais juste. Sans excès, avec mesure, avec politesse et respect, avec désintérêt et l’esprit collectif toujours, j'ajouterai loyal et fidèle. Notre déplacement à Saint Junien en juin 2019 pour le titre de champion de France reste un magique souvenir, ta participation très active l'an dernier à la vente de la pelouse du stade du stade Jacques Fouroux pour l'achat du mammographe demeureront parmi mes souvenirs les plus marquants de ces dernières années passées à tes côtés. Je suis un privilégié, tous ceux qui t'ont connu sont des privilégiés. Nous essayerons au RCA de toutes nos forces de faire perdurer ton exemple. »
Henri quittera la cathédrale accompagné par « l’encantada » de Nadau.
*photos fournies par Jean-Michel Justumus et le RCA.