Patricia Galabert, maire du Houga, nous fait parvenir un texte d'Alix de Selva, petite-fille du compositeur folgarien Paul Lacombe d'Estalenx, né le 4 mars 1838 au Houga, où il est mort le 12 décembre 1920. En voici l'intégralité.
Noter que, pour le centième anniversaire de la disparition de Paul Lacome d'Estalenx, l’association qui porte son nom organise un concert de ses œuvres à l’église du Houga le 29 octobre 2022 à 17 heures.
« Paul Lacome d’Estalenx est le fils d’Auguste Lacome (1795-1859). Ce dernier, de vieille souche folgarienne, s’est engagé à 17 ans dans les Gardes d’honneur de l’Impératrice Marie-Louise et a fait la campagne d’Allemagne ; il est lui-même le fils de Pierre Lacome (1733-1806), médecin du roi pour le Bas-Armagnac. La mère de Paul est Clémentine d’Estalenx (1801-1860), petite fille d’Angélique Bouillon, née à Versailles en 1733 et morte au Houga en 1814. Angélique Bouillon, très bonne musicienne, dirigeait la musique de la reine Marie Leczinska.
C’est donc à la Cour de Louis XV qu’elle rencontre Jean-François d’Estalenx (1723-1792) alors « garde de la manche du Roi » [1] . Ils se marient à Versailles en janvier 1766.
Tous les deux et leur fils unique Jean Jacques rentrent au Houga vers 1779. Son brevet de pension est daté du premier octobre 1779.
Jean-Jacques leur fils (1766-1845) a longtemps été maire du Houga.
Jeunesse et débuts dans la vie musicale
Paul rentre à 12 ans comme interne au collège d’Aire, il y est malheureux loin des siens. Alors, sa tante Elvire d’Estalenx (1810-1886), va le voir à cheval tous les mois et le fait sortir, bien que le chemin du Houga à Aire soit à l’époque un infâme bourbier !
Dans la maison du Houga, Paul est le seul enfant dans cette famille passionnée d’art, de poésie, de théâtre et de musique. Il suscite l’amusement de tous en composant des morceaux pour la fanfare du collège, dont il a pris la direction.
A 16 ans, il accompagne inopinément deux célèbres violonistes italiennes qui donnent un concert à Mont-de-Marsan puis à Bagnères-de-Bigorre. Il a l’occasion de se produire avec Gabriel Fauré (16 ans) et Camille Saint-Saëns et prend des cours de musique avec l’organiste d’Aire, Monsieur Puig y Alsubide (1823-1914), Ce sera son seul professeur.
Ce Catalan espagnol originaire de Ripoll, est devenu l’organiste de la cathédrale d’Aire-sur-l’Adour, après son installation à Saint-Agnet en 1847.
Les parents de Paul décèdent l’un et l’autre (1859 et 1860) et la tante Elvire qui est célibataire et sans enfant l’adopte.
Un événement survient alors, qui va déterminer le cours de sa vie : il remporte le concours proposé par la revue « le Musée des familles », pour la composition d’un opéra-bouffe.
Sa carrière
Paul quitte le Houga pour Paris en 1866, sans l’accord de sa famille, inquiète d’un avenir incertain. Il ne cessera plus de travailler.
Le succès est rapide et ses œuvres sont jouées à l’Opéra-Comique et aux Bouffes-Parisiens. Ses mélodies sont sur tous les pianos ! En quelques années sa production est intense et multiple : vingt opéras comiques ou opérettes, des suites d’orchestre, des mélodies. Chacun sait le succès mondial de son Estudiantina.
A partir de 1861, Il prend une part active à la vie musicale parisienne : critique musical pour différentes revues, il donne des conférences ; il fréquente Massenet, Messager, Verdi, César Franck, Chabrier, Liszt.
Il voyage souvent en Espagne, de la Navarre à l’Andalousie, parfois avec son grand ami Emmanuel Chabrier, et recueille la musique des Gitans, des mendiants, des chanteurs de rue. Il publie son travail en rentrant à Paris.
Il revient régulièrement au Houga, où sa femme continue l’exploitation de la propriété familiale. Il tient l’orgue le dimanche, quand il est au Houga, et la messe de Noël est un événement qui attire tout le pays. Sa musique est jouée dans toute l’Europe, à Bruxelles, Londres, Milan, Naples, Barcelone, Madrid. Le roi Alphonse XII le fait Chevalier de l’ordre de Charles III, pour le remercier d’avoir tant fait pour la musique espagnole ! Il est décoré de la Légion d’Honneur en 1891.
Il décide en 1900 de rentrer définitivement au Houga.
En 1902, il fonde l’École de musique de Mont-de-Marsan, qu’il dirige pendant dix ans. Il s’occupe aussi de développer sa région, d’obtenir des subventions de Paris, de faire installer le télégraphe pour désenclaver le Houga, d’obtenir un bureau de poste etc…Il meurt le 12 décembre 1920 sur la route de Mont-de-Marsan à la suite d’un accident de voiture à cheval, il a 82 ans. »
[1] Gardes du corps. Dans la compagnie écossaise sont choisis vingt-quatre gardes parmi les plus anciens, qui portent le titre de « gardes de la manche ». Ils sont chargés d'escorter la personne du roi en permanence (NDLR).
N.B. - La photo du haut de page est un cliché d'époque, de Nadar, extrait de Wikipedia.