Concert de Blues au collège Aretha Franklin

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Une conférence concert autour du blues.

Pour égayer le moral de ses élèves, la meilleure médecine prônée au collège de Marciac, c’est la musique. Ces derniers mois ont été éprouvant pour tous. Aussi Bruno Nurisso, proviseur du collège, avait à cœur de voir se réaliser le projet de conférence concert élaboré avec Jazz in Marciac autour du thème de la route du blues, la Highway 61.

Grâce au mécénat de la fondation Total, JIM a invité trois habitués de Marciac : Nico Wayne Toussainti, avec son harmonica ; Gladys Amoros au chant et Michel Foizon à la guitare et au dobro. Ils se sont produits dans la salle Jean Pierre Peyrebelle de l'ilot musique du collège Aretha Franklin où suivent leurs cours les élèves des ateliers d'initiation à la musique de jazz (AIMJ). Ce partenariat permet l'achat d'instruments, ou encore la matérialisation de projet éducatifs comme celui-ci.

Mardi 25 mai : quelques notes de blues salle Jean Pierre Peyrebelle.

Dans une démarche interdisciplinaire, alors que l'actualité nous rappelle la fin de l'esclavage en France, évoquer la naissance du blues aux Etats-Unis était l'occasion d'associer l'utile à l'agréable. En effet, si bien le concert donné par ces musiciens est une façon ludique de découvrir les premiers bluesmen, leur professeur d'histoire pourra travailler avec eux sur le sujet de l'esclavage dont furent victimes les ancêtres afro-américains des premiers jazzmen de la New Orleans.

La joie du blues.

En voyant ces musiciens jouer devant eux, les élèves de 4e et de 3e ne pouvaient qu'être entraînés sur la route 61 et son esprit blues. Ils vivent la musique avec tant de passion qu’on ne se lasse pas de les écouter. Preuve en est en chair et en os, avec Gladys Amoros, Nico Wayne Toussaint et Michel Foizon, que le blues, c’est aussi de la joie.

Habitués de Marciac.

Les marciacais connaissent bien Nico Wayne Toussaint. Il avait animé la fête de la musique en 2018 avec sa formation. La place du chevalier d’Antras avait affiché complet au repas organisé par l’association des commerçants avec la collaboration de Jazz in Marciac.

Gladys Amoros et Michel Foizon ont aussi laissé de grands souvenirs à ceux qui étaient sur la place de Marciac pour le festival Bis en 2019.

Interrogés par les élèves quant à leur participation au festival à venir, les musiciens évoquent plutôt une participation pour le festival 2022, lorsque le festival retrouvera sa forme classique. En tout cas, il est indéniable que ceux-ci sont de grands fans du festival de Marciac. Et qu'ils sont ravis de venir au collège Aretha Franklin pour transmettre aux jeunes musiciens leur amour du blues et du jazz.

Une après-midi, deux concerts.

Bref, Gladys Amoros a bien apporté un rayon de soleil à la salle Jean Pierre Peyrebelle. Ce trio d’artistes est bien une garantie de bonheur : la joie se lit sur leurs visages lorsqu'ils sont sur scène. Ils se donnent corps et âme à leur passion et veulent le partager. Pour cela ils ont mis les bouchées doubles, puisqu’ils se sont produits deux fois.

Les élèves de 4e et de 3e ont assisté mardi après-midi à un concert de blues en deux temps. Effectivement, en raison des mesures sanitaires suivies pour appliquer les gestes barrières auprès des élèves, ce sont deux concerts que le trio de musiciens a donné à l'ilot musique. Cela a permis de composer deux groupes de spectateurs pour limiter le brassage des élèves. Mais ces artistes ont de l'énergie à revendre. Deux concerts d'affilé ne les effraient pas, bien au contraire. Tout d'abord, ceux sont les élèves de quatrième qui ont assisté à la première session, de 13h30 à 15h. Ensuite, ce sont les élèves de 3e qui ont assisté à la deuxième session de 15h30 a 17h. Pour le plus grand bonheur de Bruno Nurisso, Jérome Delesalle, et des professeurs de musique..

Le Delta Blues: la musique des champs de coton.

Devant un auditoire de jeunes musiciens, Gladys Amoros a donc retracé l’histoire de la naissance du blues aux Etats-Unis, avec un parcours musical le long de la célèbre route 61, the Blues Highway. Celle-ci court sur des centaines de kilomètres du sud au nord des Etats-Unis, reliant la New orléans en Louisiane au Wyoming dans le Minnesota. Construite à la fin des années 1920, elle débute dans le delta du Mississippi. C’est l'Amérique simple, noire, profonde, pieuse et vibrante, indissociable de noms d'artistes tels que BB King.

Aux racines du jazz.

Comme l’a expliqué Gladys Amoros aux élèves en face d’elle, le blues est l'essence même du jazz. Son origine, dans les champs de coton du sud des Etats-Unis explique le lien éternel de New Orleans avec le Jazz. De là part la mythique route du blues, à Ruleville dans la Dockery Farm. Fondée en 1895 au bord de la Sunflower River par Will Dockery, cette plantation de coton allait devenir le creuset du blues du Delta. Ses esclaves noirs allaient inventer un nouveau style de chant et de jeu de guitare qui allaient influencer le jazz et bien plus tard le rock’n’roll. Illustrant ses propos en musique, le trio de musiciens a célébré le père du blues, Charley Patton.

Chanter pour exorciser le racisme

Né en avril 1891 dans le comté de Hinds, dans le Mississippi, Charley Patton apprend à jouer de la guitare à l'âge de14 ans. Influencé par la musique d’Henry Sloan, ses chansons évoquent souvent les conditions difficiles dans lesquelles vivaient les Noirs dans le Sud des Etats-Unis. On retiendra parmi ses compositions Down the Dirt Road Blues, Banty Rooster Blues et sa chanson fétiche Poney Blues. Il est à noter également qu'il rencontra Chester Arthur Burnett dans la plantation de Will Dockery, le futur Howlin’Wolf, à qui il appris à jouer de la guitare.

Après cette entrée en matière, Gladys Amoros parla aux élèves de bien d’autres figures du Blues, comme BB King, Muddy Waters, Robert Johnson, etc. Elle raconta notamment l'origine du nom de la célèbre guitare Lucille de BB King. Michel Foizon, lui, donna des explications plus en rapport avec ses instruments : la guitare, et le Dobro. Son propos toujours accompagné de démonstrations en musique.

Le Dobro.

Nous savons tous ce qu’est une guitare acoustique ou bien une guitare électrique, mais qui sait ce qu’est un Dobro ? Michel Foizon expliqua donc l’origine de cette guitare à résonateur, invention des frères Dopyera. Un instrument né en 1926, de la volonté d’amplifier le pouvoir sonore des guitares acoustiques. A la fin de cette conférence concert, Michel Foizon pris un plaisir indéniable à faire une petite démonstration acoustique devant les élèves de 3e.Nico Wayne Toussaint et l’harmonica.

les trois intervenants en cette salle de musique sont de grands fans de Muddy Waters. C’est à James Cotton, qui jouait de l’harmonica auprès de celui-ci, que l’on doit la vocation d’harmoniciste de Nico Wayne Toussaint. Cet habitué de Marciac joue notamment dans un quartet avec Florian Royo - guitare, Antoine Perrut – basse, saxo alto, et Guillaume Destarac – batterie. Il vit littéralement pour la musique. La scène est son activité principale depuis 1997, à raison de 150 concerts par an environ. Nico Wayne Toussaint s’inspire de l’œuvre de James Cotton depuis son adolescence. Il a même joué avec lui en 2003 à Buffalo.

Considéré comme le maitre de l’harmonica, James Cotton est décédé en 2015. Mais comme l’explique Nico Wayne Toussaint, son héritage musical n’est pas près de s'éteindre. En effet, il travaille sur un nouveau projet musical pour rendre hommage à son mentor. Ce sera au sein d’un septet, avec une section de cuivresiii. Les élèves iront probablement le voir jouer sur scène s’il revient à Marciac avec ses musiciens pour présenter cet opus.

Professionnel depuis 1998, il a enregistré 12 albums (11 sur le label Dixiefrog). Il s’est produit sur de nombreuses scènes en France comme en Belgique, aux Etats unis, en Espagne, en Equateur, au Nigéria, en Tunisie, etc Il a joué aux côtés de musiciens tels que Cash Mc Call, David Maxwell, Monster Mike Welch, Killer Ray Allison, Tonky de la Peña, Amar Sundy, Neal Black, Mr Boogie Woogie ou Michael Dotson. Il a enregistré ou travaillé avec Rod Piazza, Guy Davis, Albert Castiglia, JP Soars, Kid Bangham, Per Hanson, Mudcat Ward, John Dummer, LA Jones et André Strong. Il a aussi joué avec James Cotton, Billy Branch, RJ Mischo, Luther Allison, Eddie C. Campbell, Vance Kelly, Jimmy Burns, Jimmy Johnson et de nombreux autres noms de la scène de Chicago. Voir son site internet nicowaynetoussaint.com/-propos2 ii Lire l'article de https://www.futura-sciences.com/sciences/questions-reponses/histoire-1848-abolition-definitive-esclavage-france-13619/ iii Nico Wayne Toussaint plays James Cotton. Avec Nico Wayne Toussaint au chant et à l’harmonica; Michel Foizon au chant et à la guitare; JP Legout aux claviers et chant; Romain Gratalon à la batterie et au chant; Antoine Perrut à la basse et au chant; Pascal Drapeau à la trompette

 

Texte et photos Nicolas Hamon

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