La France est en paix depuis 1962, Dieu soit loué. Mais elle a traversé 23 ans de guerre sans interruption de 1939 à 1962. Elle s’en est sortie, parce que des hommes comme Hubert de Franclieu se sont dévoués, souvent jusqu’à la mort, pour cette patrie dont on n’entend plus parler.
Les Français nés après 1960 n’ont aucune idée des épreuves traversées à cette époque par leurs aînés. Et la pandémie de covid-19 ne peut qu’apparaître bénigne aux yeux des survivants de cette période.
Il nous semble donc intéressant de faire connaître au lecteur la vie d’un héros véritable – qui plus est, un cadet de Gascogne - qui a fait toutes les guerres de la France, sur le terrain.
Nous publions ci-dessous intégralement le récit de sa vie communiqué par son fils Guy.
Avant cela, une dernière chose : voilà les paroles du général qui terminent le texte de son fils : « Les soldats de l’lnfanterie, qui supportent en temps de guerre les fatigues les plus dures et les pertes les plus cruelles, sont en majorité désignés ou recrutés parmi les milieux les plus modestes de la population, parmi des étrangers, des réfugiés ou les peuples aux maigres ressources d'Afrique ou d'Asie. Gentilhomme, je m'honore d'avoir été avec eux ».
[Hubert de Franclieu est né le 25 novembre 1924 à Talence {33) et a connu une enfance dans le Sud-Ouest à Bordeaux puis à Tarbes pendant 6 ans. Ses grands-parents paternels étaient domiciliés en Haute-Garonne et ses grand-parents maternels, dont l’écrivain et académicien Joseph de Pesquidoux, vivaient au château de Pesquidoux dans le Gers, à trois kilomètres du Houga.
En juillet 1940, son père, militaire, a été blessé, prisonnier et hospitalisé et il s’est évadé de l’hôpital pour ne pas être pris et envoyé en Allemagne et pour poursuivre le combat. Hubert de Franclieu a été reçu au baccalauréat à Tarbes en octobre 1941. Au printemps 1942 il intègre une classe préparatoire au concours de Saint-Cyr au lycée de garçons d'Alger car ses parents habitaient à Aïn Sefra en Algérie. Il a suivi ses études jusqu’au 15 décembre 1942 et s’est engagé dans l’Armée contre la volonté de son père qui souhaitait qu’il passe les épreuves du concours de Saint-Cyr.
Engagé volontaire en Algérie en janvier 1943, il est admis en mai 1943 à l'Ecole de Cherchell en qualité d’élève aspirant et nommé aspirant le 1er octobre 1943. Il a rejoint le 3ème régiment de tirailleurs algériens pour les dures campagnes d’Italie, de France et d’Allemagne en 1944 et 1945 ..
Hubert de Franclieu a été un remarquable chef de section, blessé au combat et cité trois fois pour sa brillante conduite, par exemple la citation en date du 22 août 1945 : « Jeune aspirant plein de fougue et d’enthousiasme, payant d’exemple quel que soit le danger. S'est distingué le 22 janvier 1945 en maintenant sa section en place malgré la violence des tirs de l'ennemi. Ne s’est replié vers le PC de la compagnie que sur ordre. A, pendant tout le temps de l’encerclement du bataillon , soutenu ses hommes par son courage, son cran et son sang-froid. A été blessé en entraînant sa section en avant pour nettoyer la partie du village confiée à l’unité. »
À Reutlingen (Wurtemberg) le 8 mai 1945, Hubert de Franclieu a appris la fin de la deuxième Guerre mondiale et a écrit :« Il n’y a pas eu d’explosion de joie, plutôt une nostalgie car la Grande Aventure était terminée. Tous ces hommes jeunes, même très jeunes, voyaient poindre la routine des casernes, les exercices de défilé fastidieux ou la médiocrité d’une vie civile. »
Le 10 juillet 1945 Hubert de Franclieu a rejoint le 106ème régiment d’infanterie, corps constitué à partir d’unités FFI . Il a été à la tête d’une compagnie et cette mutation lui a permis d’être intégré dans l'Armée active avec d’autres officiers d’origine FFI. Au début de janvier 1946, un message a demandé des volontaires pour la Légion Étrangère à destination de l’lndochine. Il a été le seul candidat issu de son régiment.
La première campagne d’lndochine s’est déroulée d’avril 1946 à avril 1948 ; Hubert de Franclieu a été chef de section au très renommé 3ème régiment étranger d’infanterie. Il a mérité trois citations pour l'audace et le courage et, le 30 décembre 1948, a été promu chevalier de la Légion d’honneur à titre exceptionnel. La citation du 2 avril 1948 mentionne : « Officier d'élite qui, après s'être maintes fois signalé, vient à nouveau de s'imposer à l’admiration de tous au cours des opérations menées au Tonkin du 18 novembre au 8 décembre 1947. Le 24 novembre 1947 dans la région de PHU Lang Thuong a pris pied avec sa section sur un sommet fortement tenu et a mis l'adversaire en fuite lui infligeant des pertes sévères, récupérant des armes. Le 2 décembre 1947 a accroché sévèrement, avec une patrouille, une section V.M. (1) qu’il a décimée dans la région de NHA NAM pénétrant dans la forêt, s’est emparé d’un dép8t d’explosifs, d’un laboratoire et d'un atelier de fabrication d'armement »
De 1948 à 1950, Hubert de Franclieu a exercé en qualité de lieutenant au 1er bataillon du 4ème régiment étranger d'infanterie à FES au Maroc. II s’est marié le 9 septembre 1950 avec Françoise de Chanterac.
II a eu connaissance d’un désastre dans la haute région du Tonkin, suite à une opération d'évacuation qui s’était terminée par l'anéantissement des colonnes correspondant à huit bataillons. La Légion étrangère en Afrique du Nord a dû rapidement mettre sur pied des unités nouvelles en renfort pour l'lndochine. En décembre 1950 Hubert de Franclieu a dû se séparer de sa jeune épouse pour débuter une guerre redoutable en lndochine en janvier 1951. Il a commandé une compagnie et il est cité à deux reprises justifiant une croix de guerre avec palme.
En janvier 1953 le capitaine Hubert de Franclieu est devenu un instructeur remarqué à l’Ecole Militaire lnterarmes (5). Diplômé de l'Ecole d’état-major en mars 1956, il revient en Algérie au troisième bureau de la 2e division d’infanterie motorisée, puis prend le commandement d'une compagnie du 26e RIM. Entraîneur d'hommes remarquable, il est à nouveau remarqué dans la citation du 13 août 1957 : « commandant de compagnie hors-pair, qui a su s'imposer dès les premiers combats par son mépris du danger, son calme souriant et son sens manœuvrier. En particulìer, au Mesloula, le 6 juin 1957, dans le Haoud Es Seghir le 11 juin 1957 (département de Bône), sur un terrain particulièrement difficile et contre un adversaire tenace, bien armé et bien retranché, a fait l'admiration de tous en entraînant personnellement ses hommes jusqu'au corps à corps, infligeant aux rebelles de lourdes pertes en hommes et en armement ».
Le 2 novembre 1958 Hubert de Franclieu est affecté à I’Etat-major de la 4ème division militaire. Promu chef de bataillon le 1er octobre 1960, il est revenu en Algérie en 1961 jusqu’en février 1963 pour commander un bataillon du 6e régiment d’infanterie. II a été promu officier de la Légion d'Honneur et la citation du 11 juin 1962 précise:«Officier opérationnel du quartier de Nelsonbourg pendant six mois, puis commandant d'un bataillon d'infanterie, et du quartier de Berrouaghia depuis le 15 février 1962, a su allier, dans ses différentes fonctions, une grande énergie à un sens politique très sûr, servi par une connaissance approfondie de la psychologie de l'adversaire, de son organisation et de ses méthodes. Par son action personnelle, est ainsi parvenu à maintenir l'ordre dans la ville de BERROUAGHIA. Sur le plan opérationnel, a déployé une activité soutenue notamment dans le massif du Mongorno (secteur de Médea). À la tête d’un groupement de commandos, a participé dans cette région, à 15 actions qui se sont soldées par la mise hors de combat de 40 adversaires et la récupération de six armes. A fait preuve en toute occasion de remarquables qualités de chef ».
Hubert de Franclieu a été très marqué par la fin des hostilités en Algérie ; malgré son jeune âge, en février 1962, iI était devenu commandant du 1er bataillon ; dans ses souvenirs il a écrit pour la période de février à juillet 1962 : « Pendant près de 5 mis jusqu’à sa dissolution, je vais commander le 3ème bataillon du 6ème régiment d’’infanterie. Cinq mois qui seront les plus difficiles, les plus douloureux moralement de ma carrière militaire. Le général De Gaulle, un grand homme, a réglé le problème algérien avec cruauté et cynisme. Les cadres de l’Armée, au contact des populations, se trouveront confrontés à des situations tragiques, voire de désespoir.
Au troisième Bataillon, mon adjoint est le capitaine M., un rude savoyard au franc-parler et aux sentiments très, très à gauche. ll fut néanmoins pour moi un subordonné d'un grand dévouement et d'un total loyalisme. Il venait d'être affecté récemment au bataillon , personne n'en voulait... quelque temps après ma prise de commandement il me dit, avec sa rudesse, que mes subordonnés, et en particulier les sous-officiers, voulaient connaître mes pensées. Il faut dire qu’à cette époque, après Ie putsch des généraux, les cadres de l'Armée étaient très divisés entre attentistes gaullistes souvent sectaires ou tenants d'une Algérie française désespérée prêts ä des actions pouvant alter jusqu’a la désertion voire l'assassinat (I'OAS va tuer le général Ginestet , le colonel Rancon, le capitaine Bourgogne etc. ). J'ai réfléchi, moi-même anxieux de l'avenir et profondément troublé ; mais j’étais responsable de 800 jeunes français et pourquoi ne pas le dire : ma femme et quatre enfants dépendaient de ma solde. J'ai pris la décision de prendre position haut et ferme. J'ai visité les cinq compagnies, réunissant les cadres jusqu’au grade de caporal (pour ne pas, éventuellement, être court-circuité par les officiers). En somme, je Ieur ai dit :
« Le Bataillon exécutera les ordres du général De Gaulle. Nous obéirons. L’Algérie Française est une utopie. Quand nous avons commencé la conquête de l'Algérie en 1830, nous avons promis aux indigènes qu'ils garderaient leur religion, leurs coutumes, leur mode de vie - première erreur ; ils ne seront donc jamais assimilés - faute des Militaires. Quand la France était au zénith de son prestige, après la guerre 1914-1918, la citoyenneté française pleine était le désir profond de beaucoup parmi l'élite algérienne ; les Pieds-Noirs s'y sont opposés farouchement — deuxième erreur. Et pour que le problème devienne insoluble, par les soins médicaux et la lutte contre les épidémies (tout à notre honneur) nous avons provoqué une démographie galopante. 10 millions de musulmans (bientôt 20 à 30) pour 1 million d'Européens. Il n'y a plus d’espoir pour une Algérie Française. Nous obéirons au général De Gaulle ». et j'ai ajouté lors de ma tournée à la compagnie—commando de chasse (unité susceptible d'être attirée par l'OAS) : « Si vous partez pour une aventure sans espoir, vous me trouverez en travers de votre route . Moi, je ne suis pas un général qu’on bouscule dans le fossé. Pour passer, vous serez obligés de me tuer » le tout sur un ton de la passion. Et j'ai commencé à être considéré comme un traître par certains.. Avant le cessez-le-feu du 19 mars 1962 (suite aux accords d*Évian), les notables musulmans de Berrouaghia étaient venus me voir, pour me sonder, inquiets devant les risques d'attentats de l’OAS. Après les salamalecs d’usage, je fus très net en Ieur assurant que, cessez-le-feu ou pas, je tirerai sur les terroristes de l’OAS puis ajoutais également : « Vous me mépriseriez, et je me mépriserais si j'assistais sans réagir au massacre d'hommes et de femmes de ma race. Cessez-le-feu ou pas je tirerai ». Peu de temps après, un agriculteur européen du coin vint à son tour me sonder, intermédiaire discret de l'OAS . Je fus de nouveau très ferme. Je craignais surtout un raid de l'OAS en auto, traversant à toute! allure le quartier musulman en mitraillant.
Embrasement alors des haines. J'avais donc pris la précaution de mettre en place des engins blindés prêts à barrer les sorties. Je prévins donc mon interlocuteur que j’avais pris des mesures pour stopper tout raid de l'OAS et j‘ai ajouté : « et je tirerai sur tous les occupants de l'auto». II me répondit : « C'est la première fois que j’entends un officier français dire qu'il tirera sur des Français ». La réponse fut : «Je tirerai sur des assassins ». On en resta là. Moi, présent à Berrouaghia , après le cessez-le- feu, le sang ne coula pas. Mais certaines fois, il me fallut apparaître vite, très vite. Moi, absent...
Mon capitaine M. voulait me pousser ä intervenir, par le feu éventuellement, contre un maquis OAS improvisé. Je temporisais, « Je vous comprends pas, mon commandant, me dit-il un jour ». Je lui répondis : « Que voulez-vous, M., je me sens une âme d'Henri IV ».
Dés le début de 1962, par régiments entiers, l’Armée commença à rentrer en métropole. Mon secteur de responsabilité s'étala sur près de 200 km ; les partants me laissaient sur les bras Ieurs harkis. D'après les accords d'Évian, après le cessez-le-feu, les harkis devaient être licenciés, après paiement d’une indemnité . Les harkis seront successivement désarmés et licenciés. Pour certains, la mesure était injuste. Le gouvernement français et le commandant militaire n'avaient rien prévu pour la sauvegarde des harkis fidèles. Je n’en dirai pas plus sur cette sombre période ; mais la tension nerveuse fut telle pour moi que je serai sujet à des névralgies pendant quelques années. »
En avril 1963 Hubert de Franclieu a été commandant du 107e bataillon d'infanterie à Brive, chef de la section opérations au 3e Bureau, puis chef du 2ème Bureau de la 4e e Région militaire. Il a partout été apprécié et a été promu lieutenant-colonel le 1er octobre 1965. Il a été affecté à l’Ecole d’application de l'infanterie à Saint-Maixent en juillet 1965, puis à Montpellier en juillet 1967 ; il a eu la charge de réorganiser le bureau instruction puis a eu la responsabilité du groupement d’application des officiers.
II a été promu commandeur de la Légion d'honneur le 29 janvier 1970 et colonel le 1erjuillet 1970.
Hubert de Franclieu a pris en août 1971 le commandement du 51e régiment d'infanterie à Amiens et il s’est imposé comme un chef de corps particulièrement humain avec des résultats importants dans tous les domaines.
Selon le Général Fuhr dans une évaluation pour les deux années :
« Ouvert , calme, d’un commerce très agréable et toujours disponible avec le sourire, le colonel de Franclieu achève son temps de commandement en laissant au 51e RI le souvenir d'un chef solide, bien que courtois et mesuré, d’un réalisateur de talent et un homme de cœur qui inspire l'affection par son exemple et des qualités humaines où se mêlent la droiture, le respect des hommes, la gaieté, la finesse d'esprit et le sérieux en toutes choses.
Chef énergique, il l’a souvent montré en sachant choisir des objectifs parfois difficiles à atteindre et en demandant beaucoup à ses subordonnés, au nom du bien du corps et de celui du service. Son régiment manœuvre avec précision et possède une endurance qu’il est juste de souligner. II a pu, en particulier dans le Massif Central, opérer en ambiance de combat, pendant trois jours et deux nuits, sur plus de 120 km de profondeur, en conservant son ardeur et sa cohésion, malgré un temps et un terrain contraires.
Réalisateur, le Colonel de Franclieu l'a prouvé en améliorant continuellement ses casernements avec une constance et une ténacité dignes d’éloges. Le 51e RI et un régiment bien tenu et bien géré, dont les matériels sont toujours en parfait état.
C'est cependant, sur le plan humain, que se situent les qualités dominantes de ce remarquable officier supérieur : sa conviction, son rayonnement et l'intérêt qu'il porte à tous en fait un chef de troupe absolument exceptionnel auquel on obéit avec plaisir et qu’on redoute de peiner. Si cet officier a surtout les titres de guerre, c’est parce qu’iI a préféré la troupe et les opérations au Brevet d’état-major (6) au moment où il aurait dû s'en inquiéter.
Ayant une plume honnête, l’esprit clair et une excellente logique, il est parfaitement apte cependant à exercer des fonctions de responsabilité (troisième et quatrième bureau) dans un état-major de rang élevé.
Le colonel de Franclieu est un chef de corps remarquable et une personnalité particulièrement attachante qui mérite de terminer sa carrière comme officier général. »
En septembre 1973 et pendant trois ans, Hubert de Franclieu a été chef d’état-major de la 41e division militaire â Bordeaux avec la même efficacité.
En septembre 1976 suite à une expérience de plus de 30 années aussi bien dans les combats, dans les écoles et dans les grands états-majors, il a été choisi pour exercer les difficiles fonctions de chef de poste de la Sécurité militaire à Rennes, puis à Bordeaux en septembre 1979.
II a été nommé général de brigade le 26 novembre 1981.
Le général Hubert de Franclieu a été placé en position de retraite et s'est retiré au Houga (Gers) dans une maison de famille rachetée en 1972. II a ainsi revécu avec constance et passion dans le village de son enfance.
Sa première épouse Françoise de Chanterac est décédée d'une leucémie en 1985; Le général Hubert de Franclieu s’est remarié avec Régine de Sèze en 1986 et il est décédé le 12 mars 2020 âgé de 95 ans . En raison de la pandémie, il a eu des obsèques religieuses exceptionnelles avec moins de 50 personnes en présence de ses 5 enfants, de son beau-fìls, de 4 petits enfants et d'une partie des anciens combattants et en l’absence de la plupart de ses amis, des autres petits-enfants et des arrières-petits enfants confinés. Au cimetière, sa vie a été résumée par cette formule : « un homme exceptionnel, avec une vie exceptionnelle et des obsèques exceptionnelles »
Le 23 juillet 2020, le Général d’armée Thierry Burkhard, Chef d’état-major de l’Armée de Terre, a écrit à l’épouse :
« L’Armée de Terre a appris avec beaucoup de tristesse et une profonde émotion la disparition d’un de ses très grands soldats et magnifique chef militaire , en la personne du général Pasquier de Franclieu . Je pense bien évidemment à vous, à toute sa famille, à ses amis et à l’ensemble de ses frères d’armes.
« Grand officier de la Légion d’Honneur et cité à dix reprises, ses décorations sont le reflet d’une carrière exceptionnelle au service de la France. Votre mari était un très bel exemple d’officier qui a été source d’inspiration pour les homme qui l’ont connu . Ses campagnes, de !a Libération, en Indochine et en Algérie témoignent de ses vertus militaires magnifiquement incarnées.
« Votre mari était un officier de grande classe que l’on suivait avec enthousiasme. Son comportement au feu portait la marque d’un sang-froid qui lui donnait un fort ascendant sur ses hommes et notamment sur ses légionnaires, qu’il a commandés de la plus belle manière. Pure figure de soldat et de chef héroïque, il s’est toujours engagé. Avec son intelligence tout autant qu’avec son cœur. Exerçant son autorité avec une belle humanité, il avait le souci constant d’obtenir le meilleur de chacun de ses hommes. Jusqu’à la fin de sa carrière , comme chef de poste de Sécurité militaire, votre mari la France avec passion. ».
Hubert de Franclieu a résumé ainsi sa carrière militaire : « Au cours des campagnes de guerre, j’ai eu de la chance, la baraka, comme disent les Arabes. J'ai supporté les épreuves, les tensions, les fatigues et la peur grâce, au fond, à une hérédité de plus de six siècles d'hommes de guerre et puis, les paroles d'un vieux soldat de la guerre de cent ans (La Hire) peuvent peut-être s'appliquer à un garçon timide et malingre : « que Monseigneur Dieu me pardonne, j'ai été amoureux de cette noire diablesse qu'on appelle la GUERRE ». J'appartiens, au fond, à ces races de cadets dont les noms ne figurent pas dans les livres d’Histoire et qui ont fourni au cours des siècles l’encadrement des armées du Roi, de l’Empereur ou de la République. Les généraux les plus illustres auraient été impuissants sans le dévouement, la fidélité, le courage et le sacrifice de ces modestes . Des esprits brillants pourront m’objecter que les guerres auxquelles j‘ai participé, parfois volontairement, étaient inutiles. Leur opinion me laisse indifférent. Les soldats de l’lnfanterie, qui supportent en temps de guerre les fatigues les plus dures et les pertes les plus cruelles, sont en majorité désignés ou recrutés parmi les milieux les plus modestes de la population, parmi des étrangers, des réfugiés ou les peuples aux maigres ressources d'Afrique ou d'Asie. Gentilhomme, je m'honore d'avoir été avec eux ».]
(1) Viet-Minh. (2) Camion militaire de fabrication américaine datant de la 2e Guerre mondiale. (3) Fusil-mitrailleur. (4) Le fils du général de Lattre de Tassigny, le commandant en chef en Indochine. (5) Dénomination de l’Ecole de Saint-Cyr basée à Coëtquidan (Morbihan) à l’époque.
N.B. - La photo du haut de page montre le lieutenant Hubert de Franclieu porte-drapeau de son régiment de la Légion étrangère – Photo communiquée par Bertrand de Pesquidoux.