M.Bernard Debord-Lerevenu témoigne de l'élan de solidarité qui a permis au village de Castillon-Debats de se doter de masques en quantité suffisante :
"Au premier jour du déconfinement, le village de Castillon Debats disposait déjà de masques. Des couturières bénévoles avaient pris les choses en mains.
Dès le début du confinement, Aline Céladin s'était mise à sa machine à coudre. Les masques étant introuvables, elle allait en confectionner pour elle-même, sa famille et des proches.
Quelques tissus à recycler et des tutoriels trouvés sur internet ont fait l'affaire. Bien pratique pour se risquer à faire quelques courses.
L'occasion d'ailleurs de constater au détour des rayons de magasins que bien rares étaient les gens en disposant. Inquiétant, alors que le déconfinement s'annonçait...
«C'est alors -se souvient-elle - que vers fin avril, j'ai reçu le courriel de la présidente de l'association Arts et cultures de Castillon-Debats qui lançait un appel aux possesseurs de machines à coudre afin de confectionner des masques pour le village. Je me suis tout de suite dit « Faut foncer ! Ce n'est pas anodin ce qui nous tombe dessus ! ». Elles allaient être dix villageoises à répondre à l'appel de Joëlle Lerevenu. « Il se trouve -dit celle-ci- que je suis présidente d'une association qui fonctionne par ateliers. Alors, pourquoi pas créer un embryon d'atelier de couturières. J'ai sollicité le maire qui m'a assurée de son soutien. Nous avons alors mis dans toutes les boîtes à lettres un appel aux bonnes volontés pour coudre bien sûr, mais aussi pour fournir du matériel».
Le maire, Hubert Raffin, est ravi du succès de l'opération : « On s'est immédiatement mis au travail : information de la population, logistique, recherche de matériel, notamment des centaines de mètres d'élastiques très difficiles à trouver. Les couturières ont été formidables. En une semaine, on disposait d'environ 200 masques ». Auxquels s'ajoutent ceux faits par les couturières pour leur entourage direct.
Quand on fait remarquer à Aline Celadin que c'est elle qui en a cousu le plus, elle s'insurge : «Ce n'est pas un concours ! On a été dix, solidaires. J'ai passé des journées entières à coudre parce que je voulais que les gens aient des masques, le plus tôt possible, pour se protéger puisqu'à ce moment-là, la commune n'avait rien reçu. On m'a apporté des draps, des chemisiers, des pantalons de chasse, une nappe aussi. Alors, j'ai cousu, j'ai cousu, j'ai cousu ! Mon mari m'a aidé. Il me faisait le tracé avec des carrés de 21 sur 21cm.
Le lundi 11 mai, premier jour du déconfinement, on se pressait à la mairie dès l'ouverture pour choisir son masque parmi ceux, aux couleurs et motifs variés, présentés sur une table.
On était prié par Joëlle Lerevenu de « faire son choix avec les yeux» parmi les trois tailles proposées, hommes, femmes, enfants. Et de préciser que, conformes aux normes Afnor ou du CHU de Grenoble, ces masques sont lavables et réutilisables une trentaine de fois. Une notice d'emploi était jointe.
« Ce qui est extraordinaire -souligne-t-elle- c'est qu'on n'a pas eu un euro à débourser. Tout le matériel a été fourni par les habitants.»
Et le maire de surenchérir : «Certains voulaient les payer alors qu'ils sont offerts. On leur a dit qu'ils pouvaient librement participer au financement de l'association».
Une association ayant réussi une aventure peu ordinaire : réaliser un travail en commun, mais sans se rencontrer, chacune -confinement oblige- seule devant sa machine à coudre à son domicile.
D'où la satisfaction de se retrouver, à l'invitation du maire, au premier jour de la deuxième phase du déconfinement pour une photo de ce groupe ne s'étant jamais réuni.
A l'exception de l'une d'elles, Karine Maza, retenue par ailleurs, toutes étaient là, Isabelle Andreo, Aline Celadin, Martine Come, Anne Condy, Claire Dussaud, Sylvette Falcatti, Paulette Filliol, Geo Forissier, Joëlle Lerevenu, à poser avec et sans masque devant la mairie. Avec la satisfaction du devoir accompli et la promesse de ne pas arrêter là l'aventure.
Un projet est né : celui, au sein de l'association, de la mise sur pied d'un « vrai » atelier couture. Un atelier forcément placé sous le signe de la convivialité."
Merci à Bernard Debord-Lerevenu de nous avoir fait partager cette belle initiative et longue vie à l'atelier couture !