Il était une fois un horloger-bijoutier qui se trouvait trop à l’étroit dans sa boutique de Tulle, où il exerçait depuis dix ans. C’est ainsi qu’il est venu s’installer en 1972, à Nogaro. Où, hélas, il ferme son magasin devenu atelier de réparation, ce dimanche 31 mai 2020.
Depuis quelques années, Henri-Claude Tastevin ne vendait plus de montres et se consacrait à la réparation. C’est pourquoi il a remplacé les montres dans ses vitrines par les pièces de son petit musée personnel, dont il nous fait les honneurs (voir ci-dessous).
La vie de commerçant, à Nogaro, peut paraître calme, mais c’est parfois un calme trompeur. Né en 1938, en Algérie, près de Sidi Bel Abbès (« la Mecque » de la Légion étrangère), Henri-Claude Tastevin ne montre pas de goût pour les études. En particulier, les langues le rebutent.
Ses parents décident donc de lui faire apprendre le métier d’horloger, dans une école à Rabat (Maroc). Le métier lui plaît et il décide de devancer l’appel pour faire son service militaire le plus tôt possible.
Or, nous sommes en 1956, la guerre d’Algérie est en cours. Henri-Claude est envoyé en métropole où il effectue ses trente mois de service et il ne pourra jamais revenir en Algérie. À noter que c’est à cause de ces circonstances qu’il refuse d’être assimilé aux « rapatriés »...
Horloger dans la prospection de pétrole à Hassi Messaoud
Henri-Claude trouve du travail sur les champs pétrolifères de Hassi Messaoud où il reste jusqu’en 1963. Total voulait un horloger capable de monter des manomètres aptes à plonger à des milliers de mètres, dans la chaleur des profondeurs, sans cesser de fonctionner. En effet, les appareils américains à disposition étaient prévus pour des gisements près de la surface du sol et ne fonctionnaient pas au Sahara.
Voilà Henri-Claude parcourant l’Europe – et en particulier la Suisse – pour trouver les matériels appropriés, avec les crédits nécessaires.
Ensuite, il fabrique le matériel nécessaire et participe avec lui à toutes les explorations. Il effectue également des missions d’exploration pétrolière en Afrique Noire.
Suite de l’histoire
Après cette période d’aventures, Henri-Claude se marie en 1963 (il aura deux filles élevées à Nogaro), s’installe à Tulle dans une petite bijouterie située en face de la permanence de Jacques Chirac.
Mais Henri-Claude a fait une autre rencontre pas banale : celle des officiers généraux détenus, à la prison de Tulle, après le putsch d’Alger du 21 avril 1961 (Salan, Challe, Zeller et Jouhaud). On lui demande de porter régulièrement des provisions auxdits détenus…
Puis, c’est l’installation à Nogaro, où il est bien accueilli.