Petite parenthèse

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Être timbré

Avec plus de cinquante mille morts et huit cent soixante-dix mille contaminations au coronavirus, les États-Unis sont devenus le premier foyer de l’épidémie mondiale, affichant le pire bilan de toute la planète.

Bien décidé à sortir son pays du marasme économique qui s’annonce, Donald Trump n’hésite pas à se transformer en apprenti sorcier.

Impatient de voir les Américains reprendre le travail, sous couvert d’accélérer la recherche, l’ancien homme d’affaires a provoqué la stupéfaction au coeur de la communauté scientifique.

Notamment, en proposant d’utiliser « un énorme ultraviolet pour amener beaucoup de lumière à l’intérieur du corps », en écho à une étude en cours relevant que le virus pourrait être moins résistant au soleil et à la chaleur.

Sur sa lancée, et avec tout autant d’aplomb, c’est à propos de désinfectant capable de tuer ce même virus en une minute qu’il n’hésite pas à rebondir, en suggérant une injection dans le corps, « comme une sorte de nettoyage des poumons par exemple ». Obligeant le fabricant dudit désinfectant à une mise au point pour exhorter certains à ne surtout pas le faire.

« Je ne suis pas médecin mais je suis le genre de personne qui fonctionne bien à ce niveau », a lancé le président américain, en pointant du doigt son cerveau.

Bizarre. On aurait plutôt tendance à le croire complètement timbré !

« Être timbré », c’est être cinglé, frappé, toqué, fêlé ; ou encore barjot, toc-toc, zinzin, fada…

Il faut remonter au Moyen Âge pour découvrir que les « timbres » étaient des cloches que l’on frappait avec un marteau, annonçant à la population l’arrivée d’une personne importante, ou la clôture des débats publics. Mais à force d’être martelées, elles finissaient par se fissurer, et donnaient un drôle de son.

Entre ces cloches qui avaient perdu leur tonalité, et les hommes leur tête, la comparaison donna naissance à l’expression « être timbré », ou « être fêlé ».

Plus de vingt millions d’Américains ont été licenciés depuis le début de la crise sanitaire, sans aucune assurance chômage, et au mieux mille dollars environ pour solde de tout compte. Acculés à la pauvreté, ils s’insurgent et manifestent contre le confinement imposé, pour pouvoir repartir rapidement en quête de travail : « Je veux retrouver mon job », « Vivre libre ou mourir »…

Jamais à court d’idées, assurant le show, le président de la première puissance économique mondiale voit, dans ce mécontentement populaire, l’occasion de gagner la prochaine élection présidentielle, en apportant un soutien sans équivoque à ces manifestations.

Tout en privilégiant la défense de l’économie à la santé de la population.

Illustration Pixabay.com

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