Petite parenthèse

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Prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages

L’annonce par Emmanuel Macron le 13 avril de rouvrir crèches, écoles, puis collèges et lycées à compter du 11 mai, date hypothétique de fin de confinement, a eu l’effet d’une déflagration dans tout le pays. Et pour cause.

La décision de fermer, dès le 16 mars, ces lieux de haute transmission (du savoir mais aussi des virus) considérés comme potentiellement dangereux dès le début de la crise sanitaire, avait été prise dans la plus grande précipitation.

Or, moins d’un mois après le confinement général et au beau milieu d’une monstrueuse pagaille au sujet des masques, des tests, du dépistage, voilà que d’ici mi-mai, tout serait prêt pour accueillir à nouveau les élèves, sans risquer une nouvelle flambée épidémique.

Dans un même temps, les étudiants, sans doute bien trop jeunes et immatures pour appliquer la distanciation et les gestes barrières, mais assez grands pour se garder tous seuls, ne reprendront pas le chemin des universités avant cet été.

Quant aux musées, cinémas, salles de spectacles, restaurants, bars, ils devront, eux, rester fermés jusqu’à nouvel ordre. Les rassemblements seront interdits par crainte de contamination.

Face à tant d’incongruités, que rétorquer sinon qu’ « il ne faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages » ?

Si l’expression était largement utilisée dans les années soixante (comprendre: arrêter de prendre les gens pour des imbéciles), son origine reste inconnue.

On la découvre dans le roman d’Antoine Blondin, Les Enfants du bon Dieu, paru en 1952. Elle deviendra populaire en 1968, lorsque Michel Audiard - qui avait écrit par ailleurs les dialogues du film Un Singe en hiver, adapté du roman éponyme de ce même auteur - en fera le titre d’une comédie.

Ici, les enfants du bon Dieu ne sont pas des anges mais simplement des hommes, qui n’ont aucune envie d’être chassés comme des volatiles, susceptibles de finir en chair à canard au fond d’une cocotte. Pas plus qu’en chair à canon dans une guerre, fût-elle virale.

Le ministre de l’Éducation présente cette mesure comme un objectif «profondément social », qui consistera à « ramener à l’école des enfants qui s’en sont éloignés ». À commencer par les bambins des crèches

Face à lui, refusant d’envoyer les enfants sur l’autel du sacrifice (avec à la clef de nouvelles vagues d’épidémie chez les adultes), la colère des parents et des enseignants enflamme les réseaux sociaux : « Décision criminelle », «Roulette russe »…

La « logique » de confinement d’un gouvernement, qui décide à sa guise qui doit rester chez lui ou pas, ne révèle-t-elle pas surtout d’une obsession à vouloir satisfaire les intérêts financiers, en renvoyant les parents au travail, coûte que coûte ?

Illustration Pixabay.com

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