5 raisons de rester positif

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Sans verser dans un optimisme hors de propos, penchons-nous sur quelques solides raisons de voir le verre à moitié plein en ces temps si difficiles pour notre économie…

Certes, la crise économique actuelle fait et fera des dégâts. Certes, ses effets pourraient se faire sentir pendant de longs mois. Mais nous n’avons aucune raison de dresser un tableau trop sombre de notre situation économique, et au contraire quelques-unes d’espérer.


1 – Une « guerre sanitaire » plutôt qu’un remake de 1929

En ce moment, les comparaisons fleurissent entre la crise que nous connaissons et celles de 1929 et de 2008. Ces comparaisons, outre le fait qu’elles soient un peu prématurées, ne sont certainement pas les plus judicieuses. Il a déjà été souligné que la situation actuelle n’a absolument pas les mêmes causes que ces deux crises historiques. Les crises de 1929 et de 2008, systémiques, ont d’abord été financières et bancaires.

La situation américaine de 1929 mêlait surproduction industrielle, spéculation boursière excessive et défaillances dans les remboursements d’emprunts. En 2008, la crise découlait de même d’une mécanique bancaire et financière. La crise actuelle est tout autre : sanitaire, elle est née d’un choc extérieur à l’économie elle-même. En d’autres termes, sa résolution passera d’abord et avant tout par l’éradication du virus. Ainsi, des causes différentes n’impliquant pas forcément les mêmes effets, rien n’interdit encore une reprise assez rapide, par exemple au second semestre ou début 2021.


Si l’on veut jouer au jeu des comparaisons, cette crise pourrait même plutôt s’apparenter à une « petite guerre ». « On n’a pas connu ça depuis 1945 », nous disent d’ailleurs certains. Comme l’épidémie, la guerre est un facteur exogène pouvant affecter une économie. Or la guerre a souvent été suivie de périodes fastes comme celle de la reconstruction et de la révolution du fordisme dans les années 20, et plus près de nous comme celle des fameuses « Trente Glorieuses » d’après 45.

Si nous relisons nos grands théoriciens des fluctuations économiques, à commencer par l’excellent Joseph Schumpeter (1883-1950), nous pourrions même nous croire dans le creux d’un cycle long, c’est-à-dire à l’aube d’une période de prospérité plutôt que d’une nouvelle « grande dépression ».

En tout cas, rien ne dit que cette dernière adviendra comme en 1929 et sera aussi durable. Alors, le covid-19, un élément déclencheur d’une longue phase de prospérité ? Bien sûr, ça se discute. Mais pourquoi pas ?


2 – Casser la routine, élargir nos perspectives et innover

C’est un fait : la crise du coronavirus a brutalement cassé la routine de nos entreprises, parfois très durement touchées. Mais elle a aussi révélé chez beaucoup d’entre elles une capacité d’adaptation insoupçonnée, à travers les réorientations rapides de la production, la création de e-boutiques improvisées, les réorganisations internes à base de recours massif au télétravail, les nouveaux dispositifs de livraison, etc. Tout cela, on ne l’aurait jamais envisagé en temps normal.

Or derrière ces nouvelles expériences, on retrouve toutes les composantes de l’innovation, qui ne touche pas qu’aux produits ou aux services, mais aussi aux procédés et à l’organisation du travail, aux modes de production, à la création de nouveaux débouchés ou aux choix de matières premières. La crise actuelle aura contribué à élargir les perspectives des entreprises sur tous ces plans : toute crise économique charrie son lot d’opportunités.


Ne prenons que l’exemple du télétravail, qui selon une étude de Malakoff Médéric diffusée l’an dernier concernait plus de 5 millions de personnes en France. On en connaît déjà un peu les bienfaits, tant en termes d’écologie que de coûts pour les entreprises (immobilier, transport, etc.).

Dans bien des cas, il peut être un vecteur de bien-être pour les salariés volontaires, et donc de productivité. On n’en estimera que mieux l’apport et les inconvénients grâce à la crise. Et cela entraînera peut-être demain la mise en place d’organisations innovantes ou plus compétitives. Autres exemples : la crise a déjà permis à certains de se trouver de nouveaux fournisseurs (plus proches d’eux), de nouveaux clients et de nouveaux marchés.

De même, les situations de pénurie ont poussé certains acteurs à se tourner vers de nouveaux matériaux et modes de conception, comme le montre de manière assez claire le travail autour des masques alternatifs et des visières. Le temps du confinement ne doit pas être perdu : il est idéal pour se sortir la tête du guidon et nourrir notre réflexion sur l’innovation.


3 – La crise pour optimiser et solidifier les filières

Entre le particulier et le général, entre la PME et l’économie française, il y a les filières et les secteurs d’activité, très souvent fragilisés par le virus. Certains acteurs de ceux-ci ne s’en relèveront peut-être pas et nous devons évidemment faire le maximum pour qu’ils soient le moins nombreux possible.

Depuis une vingtaine d’années, les principaux acteurs de ces chaînes de valeur, donneurs d’ordres ou gros fournisseurs, ont largement amélioré leurs processus de gestion des risques. Des risques qui peuvent être économiques, sociaux, climatiques ou… sanitaires. Sous nos latitudes, le risque sanitaire créait surtout une menace sur l’image de marque et donc les ventes, comme on l’a vu dans les différentes affaires de ces dernières années touchant au lait infantile ou aux viandes contaminées.


Aerospace Valley

Désormais, il faudra aussi envisager un risque sanitaire « épidémique » créant la pire des menaces pour certains donneurs d’ordres, à savoir un arrêt pur et simple de la production, faute par exemple de pouvoir s’approvisionner à l’étranger. Pour se prémunir contre ce risque dans l’avenir, les décideurs ont plusieurs solutions à leur disposition. On pense d’abord à la relocalisation et à la recherche de fournisseurs de proximité. Certains secteurs recrutaient déjà avant la crise. D’autres pourraient recruter après pour ces raisons, car il ne sera pas question pour elles que le scénario actuel se répète. Les conditions pourraient être réunies pour relocaliser des productions essentielles. Et donc créer activité et emplois en France.

Les acteurs économiques ont tout intérêt, lorsqu’ils le peuvent, à jouer le jeu de la solidarité économique au sein de leur filière. Car si un autre maillon de la chaîne fait défaut, ils seront eux-mêmes pénalisés. Ces relations d’interdépendance seront à coup sûr mieux comprises demain. Elles étaient d’ailleurs assez bien intégrées par beaucoup d’entreprises. On pense à Airbus, principal acteur de la réorganisation de la filière aéronautique, et à ses dizaines de milliers de fournisseurs directs et indirects.

Bref, c’est bien connu : « ce qui ne tue pas rend plus fort ». La digestion de la crise prendra sans doute du temps, notamment pour reconstituer les trésoreries, mais nous pourrions ressortir de cette période avec des filières plus solides, plus solidaires et mieux localisées. Pour des bénéfices économiques et écologiques. Et au passage, on peut dire que nous réalisons déjà à quel point nous pourrions nous mobiliser davantage à l’avenir pour limiter l’impact de nos activités sur l’environnement.


4 – Des dispositifs de soutien… et des citoyens engagés

Sans entrer dans le débat sur les avantages et inconvénients des mesures de sauvetage prises par le gouvernement et au-delà par la BCE, on peut au moins constater que des centaines de milliards ont été mis sur la table, pour des prêts garantis ou des aides directes.

Suffiront-elles ? On n’en sait rien, mais on sait que ces plans d’urgence pourraient encore évoluer. La France vient d’ailleurs de doubler l’enveloppe notamment dédiée au chômage partiel, aux reports de charges et au fonds de solidarité pour les petites entreprises.

Il est dans notre intérêt de sauver un maximum d’entreprises, et nous en sauverons. Nous pouvons même en sauver à notre échelle individuelle, en méditant mieux nos propres achats, et surtout en songeant que ce que nous aurons pu économiser en n’achetant que des pâtes et du riz pendant notre confinement, il faudra peut-être le dépenser plus judicieusement aujourd’hui et demain : l’économie dépend en grande partie de nos comportements de consommateurs.


C’est un peu triste à dire, mais si nous sortons de cette crise avec moins de séquelles que nos voisins et partenaires étrangers, notre compétitivité s’en trouvera demain renforcée. Ceux qui survivront trouveront peut-être demain le paysage international un poil moins encombré, et donc un poil plus de place pour s’épanouir.

Autre point important : les mesures de soutien doivent aussi toucher les associations d’utilité publique et tous les autres types d’agents économiques en dehors de l’entreprise. Et au-delà du soutien d’urgence, sans doute faut-il déjà songer au soutien structurel d’après.

L’on ne peut s’empêcher de penser à la recherche, pratique mais aussi fondamentale : cette crise ne doit pas nous mettre sur la touche. Découvertes médicales, intelligence artificielle, procédés écologiques, révolution quantique, conquête spatiale : on ne peut pas hypothéquer l’avenir et nous devons toujours en faire partie.

Tout cela dépendra certes de la capacité de nos dirigeants à remettre leurs politiques en question. Mais aussi de nous-mêmes, par notre prise de conscience de l’importance capitale de ces questions.


5 – L’optimisme : un facteur-clé du succès

Au même titre que d’autres domaines de réflexion, l’économie n’est pas une science exacte. Les plus grands économistes ont le plus souvent fini par se tromper dans leurs prévisions. Y compris le grand John Maynard Keynes, célèbre théoricien de la relance. Mais celui-ci nous a livré un autre enseignement majeur : les ressorts de l’économie sont largement psychologiques.

Jusqu’à l’époque de Keynes, la science économique était avant tout mécanique, logique et mathématique. La psychologie des individus se limitait à la maximisation d’un intérêt ou d’une utilité, ignorant de nombreux aspects de nos « esprits animaux » et l’irrationnalité de certains de nos comportements.


Mais laissons la parole au maître : « Outre la cause due à la spéculation, l’instabilité économique trouve une autre cause, inhérente celle-ci à la nature humaine, dans le fait qu’une grande partie de nos initiatives dans l’ordre du bien, de l’agréable ou de l’utile procèdent plus d’un optimisme spontané que d’une prévision mathématique. Lorsqu’il faut un long délai pour qu’elles produisent leur plein effet, nos décisions de faire quelque chose de positif doivent être considérées pour la plupart comme une manifestation de notre enthousiasme naturel – comme l’effet d’un besoin instinctif d’agir plutôt que de ne rien faire –, et non comme le résultat d’une moyenne pondérée de bénéfices numériques multipliés par des probabilités numériques ».

On vous résume : nous avons tout intérêt à rester optimistes. Un pessimisme moutonnier conduirait en effet plus facilement à une dégradation du climat économique. Chacun à notre niveau, nous avons donc le pouvoir de détromper les prophètes de malheur. Comme disent nos chanteuses à voix : « Il suffit d’y croire ».


Pour conclure sur une dernière note positive, on soulignera que si la France, au fil de l’histoire, a souvent connu des phases de croissance moins accentuées que les autres grandes puissances en période de prospérité, elle a aussi mieux résisté en période de dépression. C’était en partie lié à notre moindre dépendance au monde extérieur et à l’importance de notre secteur agricole. Mais cela est resté vrai dans une certaine mesure, dans un pays sans pétrole, mais avec des idées…

Songeons-y, et résistons !


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