Les moyens de transport entre les deux guerres (1870-1914)

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Dans mon précédent article, je soulignais une des conséquences du confinement, les rues désertées par les véhicules. Il faut reconnaître qu’il y en a de plus en plus et il n’est pas rare qu’un ménage en possède plusieurs.

Mais après la guerre de 1870, et pendant de nombreuses années encore, le moyen de déplacement était la marche à pied. Dralet dans son étude sur le département du Gers parue sous la Révolution dit : "Il est très rare de voir un métayer monter un cheval en voyage".

Cela n’était plus vrai après la guerre franco-allemande. Petit à petit, les agriculteurs firent l’acquisition ou élevèrent des chevaux et chacun allait au marché avec un char à banc, et logeait sa monture dans les écuries mises à leur disposition, quelquefois gratuitement, quelquefois en payant les citadins qui les possédaient à l’entrée de la ville. Beaucoup aussi allaient au marché à pied et un ami centenaire m’avait confié que le père d’un de ses amis, que presque chaque fois qu’il se rendait à la foire, à Valence-sur-Baïse, s’enlevait les chaussures en partant, les suspendait avec les lacets autour de son cou, et ne les mettait qu’à l’entrée de la bastide. Il avait ainsi économisé ses chaussures.

Les bourgeois de l’époque avaient des omnibus de famille, si leur maisonnée était grande, ou simplement un landau, ou des calèches, ou même un cabriolet pour aller à la messe du dimanche. Ce jour-là, les Valenciens assistaient à l’arrivée de ces véhicules venant de Rouquettes où vécut la famille De Galard, de Fondelin, d’Aulagnères qui se rangeaint sur la place du village.

Chaque année, les Valenciens avaient la visite d’un homme qui, parti à Paris avec peu d’argent, avait fait une grosse fortune. Il l’a laissée au département ; il se nommait Ludovic Lapeyrère. Quand il venait en vacances dans son village natal, il prenait le train jusqu’à Agen, et là il louait chez un entrepreneur de transport Mr Bourgade qui, plus tard, fut l’ami de mon cousin Osmin Rozès à cause de l’intérêt que tous deux portaient à la race chevaline - il n’est pas inutile de préciser que Osmin fut à l’origine de la naissance du PMU avec Mr Carusse - une Victoria, voiture à quatre roues caoutchoutées avec un siège pour un laquet derrière le capotage qui normalement était plié. Son arrivée faisait sensation !

Les propriétaires avaient des véhicules plus modestes : le char à banc ou charreton qui posséda très tôt des roues caoutchoutées et un capotage pour s’abriter de la pluie. Je terminerai en disant que l’attelage de mon regretté ami Roger Bessagnet, décédé il y a de cela quelques mois, devait avoir moins belle allure. Mais il n’empêche qu’il était très utile en particulier quand le curé Clémens, logé au presbytère local, actuellement MAPA, demanda à son père de le ravitailler en bois. Notre jeune Roger qui avait 15 ans à l’époque s’acquitta avec célérité de la tâche qui lui avait été confiée. Il attela une paire de bœufs à un charreton, y chargea une provision de bois et alla livrer son chargement à Valence-sur-Baïse. Il y gagna un bon repas, c’était un Vendredi Saint et il s’en souvenait très bien. Mais où avait-il garé son véhicule ?

Pour ceux qui s’intéressent au vieux Valence il avait le choix. Il alla au plus près, place Voltaire, dans l’ancien atelier de la famille Braure était installé un maréchal-ferrant, Monsieurr Dumas.

Pour cet article j’ai puisé largement dans les écrits de mon cousin Osmin Rozès et j’ai aussi profité de mes discussions avec Roger Bessagnet, Isidore Mirel.

Claude Laffargue

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