Sur sa page Facebook, il pose nu dans son cabinet avec un simple brassard où l’on peut lire « chair à canon ». Il a le regard grave et fatigué de ceux qui se battent sans relâche depuis des semaines contre un ennemi invisible, aussi imprévisible que redoutable.
Le docteur Colombié, médecin de campagne depuis trente-et-un ans, considère désormais qu’il « part au front » tous les matins, notamment depuis le décès de cinq de ses confrères,
Démunis, sans autres armes que la rage, combien sont-ils à se lever la peur au ventre, à chercher le sommeil après d’interminables journées éprouvantes, aux côtés des populations les plus fragiles ?
Médecins, infirmiers, personnels soignants en Ehpad, aide-ménagères… tous se retrouvent aujourd’hui en première ligne pour affronter la déferlante de plein fouet.
L’expression « de plein fouet », qui signifie de face et violemment, est apparue sur les champs de bataille au début du 19e siècle.
« De plein », ici, serait une déformation de « de plain », du latin planus, ayant le sens de « sans obstacle » -comme on le retrouve aujourd’hui dans « de plain-pied »- mais également « de toute force ».
Aussi, lorsqu’il était ordonné à l’artillerie de tirer de plein fouet (celui-ci renforçant l’idée de violence brutale), une canonnade horizontale et directe devait faucher une cible visible qui ne pouvait s’en protéger.
« Président Macron, vous demandez à vos petits soldats de partir au front sans armes et sans défense et bien sûr sans considération, le petit doigt sur la couture du pantalon... » s’insurge le docteur Colombié.
Où sont les masques, les gants, les gels hydro-alcooliques, les tests de dépistage réclamés à cor et à cri depuis des jours ? Combien sont produits, où, dans quel délai, avec quels moyens de livraison et quel mode de distribution ? Aucun élément précis à ce sujet, une communication brouillonne.
« Il y a dix ans, il y avait un milliard de masques disponibles, il n’y en a quasiment plus (…) Comment a-t-on pu en arriver là ? Comment ceux qui nous gouvernent, au fur et à mesure des années qui sont passées ont laissé faire ? » s’indigne le chef de service des urgences de l’hôpital européen Georges Pompidou à Paris.
Dans un appel adressé aux médias, des médecins hospitaliers s’interrogent : « Le gouvernement fait-il vraiment la guerre au coronavirus ? »...
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