Voilà un mois de mars qui démarre en trombe.
Entre le passage à la hussarde du projet de loi sur le système des retraites, les attaques tous azimuts d’un virus émergent qui plonge l’humanité dans la stupeur et les tremblements, les hôpitaux exsangues, malades du capital, sommés de faire face à la crise sanitaire qui s’annonce, on peut dire que la période actuelle s’apparente plus à un sale cauchemar qu’aux prémices d’un doux printemps.
Si l’on ajoute, à cette sombre liste, un temps exécrable qui joue avec nos nerfs, la période actuelle n’est pas franchement propice à voir la vie en rose. On aurait même plutôt tendance à broyer du noir...
Cette expression que l’on utilise pour signifier que l’on est triste, démoralisé, trouve ses origines dans le domaine artistique. Ce sont en effet les peintres qui, les premiers, ont broyé du noir au sens propre du terme. Au 16e siècle, ils utilisaient du bois carbonisé, soigneusement pilé, pour créer leur propre couleur.
Ce fut ensuite au tour des médecins de reprendre cette expression imagée, en référence à la bile noire sécrétée durant la digestion. Selon la théorie des humeurs d’Hippocrate, cette atrabile était toujours tenue, quelques siècles plus tard, comme cause de la mélancolie maladive.
Les progrès de la science ont démontré depuis que cette « humeur » noire n’a aucune influence sur les tempéraments, mais l’expression est restée dans les mœurs, au même titre que « se faire de la bile ».
Si, dans nos cultures occidentales, le noir est associé au deuil, à la tristesse, il est symbole d’équilibre et de santé en Inde, de créativité en Chine, de festivité en Australie.
Il absorbe la lumière pour mieux la refléter. Le peintre Auguste Renoir disait à son sujet : " C'est la reine des couleurs car elle les contient toutes ".
Et ce n’est pas Pierre Soulages, maître incontesté, inventeur de «l’Outrenoir» qui dira le contraire. Car " Du noir jaillit la lumière ".
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